C'est vrai, quoi, enfin... Quel est ce snobisme qui pousse à mépriser toute marque connue du "grand public" pour se focaliser avec délectation sur le premier artisan venu qui vend des clous tordus pour 450 euros?
Et après, on lit de partout "Laguiole cé kk", ou encore "je supporte pas les Laguignols"
D'accord, on les a trop vus, et notre âme de collectionneur passionné pleure à l'idée que le "vulgaire" puisse avoir les mêmes goûts que nous. Alors forcément, on prend ses distances.
D'abord en investissant dans le rare ("comment, tu connais pas Ryörk P. Hughssen, ce merrrrrrveilllllleuuuuuuuux forgeron Islandais qui fabrique son acier avec des crottes de yak séchées???"), puis, forcément, ça distingue encore plus facilement, dans le cher ("Pffff... Ma bonne dame, à moins de 600 euros, y'a pas un vrai couteau, vous pensez bien...")
Pourtant, et les plus anciens d'entre nous s'en souviendront peut-être, il y a quelques années, quand Opinel était synonyme de "front populaire", de "pue la sueur", voire (pire encore), de vieux paysan arrièré tendance "Maréchal, nous voilà", les Laguioles nous faisaient rêver.
Sortir un "Lag" au repas, c'était la grande classe. Manche en corne, lame fine et racée, en inox qui noircissait pas comme les Opinels de bouseux...
A l'époque, la réussite de ces couteaux, transformés de vulgaires outils de paysans en objet de grand luxe (vendu à grand refort de pub dans les "Duty-Free" des plus grands aéroports) faisait l'admiration des conseillers en techniques de marketing. Le "cas" Laguiole était même étudié et enseigné dans les écoles de commerce.
Seulement voilà, comme lorsqu'un groupe de rock ou un style de musique a trop de succès, les fans de la première heure le désertent, reprochant sa "dérive commerciale", son "manque d'innovation" (mais où sont les neiges d'antan?) etc...
Certaines marques célèbres me paraissent victimes de cette terrible injustice. Peut-on être et avoir été? Eternelle question, que notre jeune Padawan Yoddha devrait plutôt potasser en prévision de son bac à venir.
Tout ce long préambule n'avait pour but que de vous introdure un coutal dont personne, jamais, ne parle ici. Il s'agit du "Buck Alpha".
Superbe couteau (bon, ça, c'est subjectif) d'une solidité à toute épreuve, conçu pour la chasse (c'est le fil sur "Franck Chasseur de Fauves" qui m'a donné envie de le sortir de la vitrine ), acier ATS 34 affûté comme un rasoir, liner lock.
Le mécanisme est d'une précision Suisse. Comme la photo le montre, ce couteau a servi et il n'y a pas le moindre jeu, l'ouverture se fait avec une telle fluidité que je me demande si les deux rondelles, entre lame et manche, ne sont pas en cuivre comme sur vos Sebenzas.
La prise en mains est exceptionnelle, en partie grâce à la grande encoche où l'index vient se loger et aussi grâce au "guillochage" sur la partie postérieure de la lame, là où se positionne naturellement le pouce.
Deux inconvénients:
Le poids (plus de 160g)
L'absence de clip (ça, c'est pas un couteau GELDV. Faut le porter à la ceinture, avec l'étui en cuir fourni par Mr Buck lui-même, dans la boite).
Le prix de cette merveille? A l'époque, 99 euros (en 2003).
Alors, Buck, c'est toujours que de la merde (voix de J.P. Coffe)