par leopold anasthase » 18 Mai 2024 19:11
Bonjour,
J'y vais de mon retex sur le WorkSharp Professionnal Precision adjust.
1. Le prix. Oui, ça vaut 340 €… Ça représente combien par rapport au prix des couteaux ?
2. Est-ce que c'est mieux que l'aiguisage à la pierre ? Non, tout ce qu'on fait avec la machine peut être fait à la pierre (diamant, céramique, cuir…). Et c'est probablement mieux quand on fait à la main, à cause de l'imprécision, qui permet d'obtenir un fil convexe. J'y reviendrai.
3. La machine est stable, ça inspire confiance, ça ne bouge pas. Et c'est d'un format intermédiaire, plus petit qu'une Tormex, plus grand que le modèle à 75 €, qui ne m'inspire pas du tout confiance.
4. Alors, question stabilité de l'angle, même avec un clamp métallique fiable, même avec le stabilisateur pour grandes lames, même avec l'inclinomètre (ou rapporteur numérique, mais c'est vilain de rapporter), il reste toujours une chouille d'imprécision. Même en faisant attention de ne pas appuyer, il y a toujours une flexibilité (de la machine pas beaucoup, mais de la lame). On peut compenser en plaçant un doigt sous la lame qu'on affûte, gaffe quand même.
Et en fait, c'est très bien. Cf. supra et infra, l'imprécision de l'aiguisage convexifie (un peu) le fil. Li'nclinomètre est gradué par quart de degré d'angle, ce qui est très peu, et donc très sensible. Vous avez tout bien réglé, vous toussez un peu, et l'angle a varié.
5. On peut tout faire, petites lames et grandes lames, mais c'est plus ou moins long à faire. Contrairement à ce qui a été écrit, je ne considère pas que 3° d'angle ça soit négligeable. Donc pour les grandes lames, je déplace la lame au fur et à mesure pour avoir un angle constant. C'est donc possible de faire des grandes lames, mais ça prend du temps.
6. Il y a cinq plaques diamant, une céramique, et un cuir. La plaque au plus gros grain ne sert presque pas (pour réplarer une lame, ou pour changer l'angle). PLour l'entretien courant, on peut prendre la plaque diamant la plus fine et la céramique, voire uniquement la céramique. Il faut un peu de temps pour comprendre à quelle plaque débuter, mais ça vient vite.
Les plaques se fixent sur le balancier avec un aimant et des trous, c'est fiable et pratique. Franchement, d'un point de vue pratique, la machine est bien conçue. Le cuir est pratique mais je préfère terminer sur un vrai cuir (et sur le jean).
7. La table à petits couteaux, aucun intérêt selon moi. Pas assez stable, trop compliqué à régler. Donc la lame fournie avec le mini couteau multi-lames, laissez tomber.
J'ai essayé l'aiguisage d'un couteau à pain. C'est un peu pénible parce qu'il faut passer dans chaque dentelure. Mais ça fonctionne.
8. Je lui trouve quelques défauts, mais on peut s'adapter. En premier lieu, avec une lame fine, il est impossible d'obtenir un petit angle (la référence pour moi, c'est 15°, le couteau de cuisine). Si on prend un angle trop petit, on gratte le clamp, et pas la lame. Cela dit, j'ai réussi à aiguiser un Deejo (celui d'un ami, je n'ai pas de couteau de ce type). J'ai utilisé un angle de 17,75°, probablement moins que l'angle recommandé, donc c'est quand même jouable.
Autre problème, l'aiguisage de la garde et de la pointe (et l'arrondi). C'est plus délicat, mais c'est déjà le cas avec l'aiguisage manuel.
En fait, il faut prendre son temps pour fixer la lame, de manière à ce que l'angle soit (presque) le même et pouvoir faire la lame d'un seul coup. C'est possible avec des lames jusqu'à environ 10 cm. Plus longue, il faudra faire en plusieurs fois (déplacer la lame dans le clamp). Grosso modo, quand l'inclinomètre est au milieu de la lame, l'angle augmente un peu en allant vers la garde, et diminue en allant vers la pointe.
9. Pour choisir l'angle, plusieurs techniques possibles. Celle habituellement recommandée, le feutre sur le tranchant. On augmente petit à petit jusqu'à ce que le feutre disparaisse au passage du diamant. On peut tout simplement zyeuter si la plaque passe sur le fil (en s'aidant d'une lumière et d'un loupe éventuellement). Et ma technique préférée, la plus longue mais la plus intéressante à mon goût, commencer au minimum (15° quand c'est possible) et augmenter progressivement par pas d'un degré ou d'un demi-degré. En passant toutes les plaques à chaque fois. C'est long, mais c'est comme ça qu'on obtient le plus beau fil, long, arrondi, brillant.
Alors imaginez le boulot avec une longue lame, où il faudra modifier la position de la lame dans le clamp plusieurs fois, vérifier l'angle à chaque modification, et passer toutes les plaques, sur une lame dans un acier dur…
Au total, c'est plutôt bien fait. L'avantage principal que je lui trouve, c'est qu'on évite les rayures liées à des coups de pierre malheureux (et même si j'ai progressé, si j'aiguise pendant une heure, je vais en faire).
L'autre avantage, c'est qu'on y arrive toujours. À condition de prendre son temps, on obtient toujours un joli fil bien brillant (poli miroir) qui rase les poils ou satisfait au test du papier de bottin (ou de journal gratuit, celui du métro, parce que le bottin, ça devient difficile à trouver). C'est ce qui m'a permis d'aiguiser des couteaux chics (et chers) que je craignais de rayer (et pour lesquels je n'utilisais quasiment que le cuir).
Comme c'est facile, on peut aiguiser tous ses couteaux d'office, tous ses couteaux de cuisine, et ce de façon régulière. Et à vous le plaisir de prendre n'importe quel couteau dans un tiroir et d'avoir une lame qui coupe vraiment.
Et enfin, reprendre une lame zigouillée par un mauvais usage n'est plus un problème. Je reprends aussi des lames pour lesquelles je veux diminuer l'angle, ça peut être long avec un acier dur, mais je suis sûr d'y parvenir dans un délai raisonnable.
Petit truc concernant l'inclinomètre. S'installer sur une surface stable et bouger le moins possible la machine. J'utilise un set de table antidérapant. Pour étalonner l'inclinomètre, basculer la machine en arrière (c'est prévu pour) et placer l'inclinomètre sur le socle. Le réglage, si vous ne déplacez pas la machine, est fait une fois par séance d'aiguisage.
Autre point important, c'est marqué dans le manuel, il faut tenir un journal d'aiguisage. Quel couteau, quel angle (ou même quels angles, quand je fais des pré-tranchants). Ça permet de reprendre le même angle pour un entretien, et de savoir d'où on part quand on veut modifier l'angle.
Je suis preneur de vos trucs et astuces, en particulier quel mouvement, combien de passes, un seul angle, biseau secondaire… J'ai l'impression que je pourrais simplifier ma méthode.