Au saut du Tarn, à Saint-Juéry, un quatuor de repreneurs va relancer la fabrication. Un projet photovoltaïque est aussi à l’étude.Les Aciers du Tarn sont sauvés. Pour l’instant. Ainsi en a décidé mardi 9 février, le tribunal de commerce d’Albi. Les magistrats ont confié les clefs de l’entreprise saint-juérienne du saut du Tarn, placée en liquidation judiciaire le 22 décembre 2009, à un quatuor d’actionnaires qui ont mis sur la table 200 000 € de capital social (1). Sur les 26 salariés que comptait l’entreprise 22, dont 17 à la production sont conservés, alors qu’une personne supplémentaire devrait prochainement être embauchée.Qui sont les patrons de la désormais nouvelle société baptisée : Aciers et énergies du Tarn ? Karel Verheesen, Hollandais supervisera l’organisation industrielle ; Véronique Glénadel de Villeneuve-sur-Lot, sera la directrice administrative, poste qu’elle occupait déjà aux fonderies de Fumel (Lot-et-Garonne) ; Sébastien Cornuaud, Toulousain qui vient du prêt-à-porter et est actuellement en formation complémentaire à HEC. Enfin, Michel Lavite, le directeur général, ingénieur des mines qui a convaincu les trois co-actionnaires à investir dans le Tarn.
« Personne n’a voulu venir dans ce dossier, explique-t-il, c’est l’administrateur judiciaire, Me Savennier qui m’a contacté ». « Au début, les affaires se présentaient mal, ajoute Karel Verheesen, plus on grattait, plus on voyait qu’il y avait beaucoup de choses à améliorer ».Des inconvénients qui n’ont pas pour autant découragé les nouveaux actionnaires, lesquels ne veulent pas tomber dans « la fatalité de voir disparaître la production d’acier dans le Tarn ». Ils ajoutent : « Le site du saut du Tarn appartient à la mémoire collective tarnaise et nous sommes attachés à la tradition, l’outil de travail est en état de fonctionner et le savoir-faire est toujours là, c’est sur ces atouts que nous voulons nous appuyer ». Des mots, mais aussi des projets car évidemment la philanthropie n’a pas sa place dans cette reprise d’entreprise. L’engagement des repreneurs est bien sûr destiné à gagner de l’argent. « Pendant 20 ans, explique Michel Lavite, le saut du Tarn a produit 4 000 tonnes, un seuil qui permet d’investir. Les deux dernières années il ne sortait plus que 500 tonnes, l’objectif est de revenir à 4 000 tonnes dans un premier temps. Pour 2010 nous avons près de 1 200 tonnes de commandes et près de 2000 tonnes en 2011 ».
Pas question pour autant de rivaliser avec l’Inde ou la Chine, les nouveaux patrons veulent s’immiscer dans des niches industrielles en produisant en petites séries, des aciers spéciaux tant d’un point de vue thermique que mécanique. Concrètement les profilés tarnais pourraient demain servir à la fabrication des limes et râpes, de forets de mines, pour des pièces de cerclage de cuve nucléaire ou encore des couronnes d’éoliennes. « On va mettre les mains dans le cambouis, assurent les repreneurs, on sera opérationnel, nous ne voulons pas simplement être des financeurs ».
Source : La Dépêche