Un petit point sur le Higo ?
Voilà quelques mois que je porte quotidiennement ce couteau et j'ai pensé que peut-être quelques-uns d'entre vous seraient intéressés d'avoir un petit retour d'expérience.
Au premier coup d'oeil rien d'exceptionnel ne distingue ce couteau d'un autre couteau lambda. A part son prix …. et le marketing bambou qui auréole le stand Rockstead à chaque salon coutelier.
Bien sûr je suis assez emballé par la forme générale, par les ondulations vipérines des reliefs des platines.
Le vernis noir - pardon; l'anodisation dure - me laisse assez indifférent, de même que le coating DLC partiel de la lame. Mais ça ne dénature pas l'ensemble, c'est même assez élégant d'une certaine manière. Le poli miroir de la lame est une chose qui semble déranger les blasés-du-couti à qui je l'ai montré au Sicac et à Gembloux … bon disons que j'ai des Mongin, moi ça ne me chagrine pas outre mesure.
Passons aux détails.
L'acier de la lame est … cryptique … secret … YXR7 mais on sait qu'il est produit par Hitachi pour fabriquer notamment de l'outillage de matriçage pour des presses hydrauliques … un acier à outils, quoi. Très robuste, très résilient, très résistant à l'abrasion … tout ça quoi. Mieux que le D2 et le M2, quoi.
Cette lame est mesurée à 64.7 HRC; le certificat du couteau l'atteste, garanti par le numéro de série. On voit l'emplacement de la mesure sur le talon du côté de la marque.
Un côté de la lame porte en relief la marque, l'autre le nom du modèle, un truc en idéogrammes et le numéro de série.
Les deux thumbstuds sont assez proéminents, mais tout en rondeurs de sorte que cela ne gêne pas au port et facilite l'extraction de la lame. Il le faut car un peu comme c'est le cas pour un Sebenza, sortir la lame demande un effort inhabituel. On remarque un "coin" du talon de la lame qui dépasse du manche, obligeamment pour servir de brise-vitre.
La rotation de la lame est extrêmement douce, sans hésitation due au jeu : les rondelles en bronze sont d'un diamètre très important des deux côtés.
Le blocage se fait sans hésitation en fin de course : le bruit est à la fois sec et plus onctueux que sur un Sebenza ou un autre frame titane.
Cette onctuosité est due à la petite plaquette de friction en SKD11 (=D2) disposée en tête de framelock qui sert également de butée pour que l'on ne pousse pas le framelock trop loin en débloquant le couteau. Cette pièce sert également de support à la bille de friction et de rétention. Ladite bille qui me semble un peu plus grosse que celles que j'ai l'habitude de voir sur les autres framelock, à confirmer.
En dehors d'un test "pour voir", je ne suis jamais arrivé en butée en utilisation normale car le framelock est vraiment raide. Comparable à celui d'un Sebenza ; aucun risque de déverrouillage accidentel selon moi.
On remarque que le talon de la lame épouse parfaitement les courbes du manche. A moins que ce ne soit l'inverse
Le framelock est découpé en courbe, avec cette finesse qui caractérise une découpe laser ultra précise. Le fraisage d'amincissement du framelock est à l'intérieur ; c'est mieux pour le look et ça casse moins les motifs du manche.
Longtemps je m'étais interrogé sur le choix pour le manche de ce que beaucoup de sites marchands présentaient comme de l'aluminium.
L'aluminium n'étant pas suffisamment élastique pour faire un framelock, ça m'interpellait ; en fait, il s'agit de super-duralumin, un alliage à base d'aluminium, de magnésium et de cuivre qui est presque aussi élastique que le titane.
Me voilà rassuré ; excellent choix
Quand on replie le couteau, il fait un petit "ding" vibrant et métallique que bien sûr je trouve plaisant. A ce stade, la lame ne bouge plus : la bille de rétention n'a pas de jeu dans son logement.
Le clip n'est ni réversible ni retournable : le message est clair - un humain normal est droitier et tip-up .
Je n'ai pas de philosophie particulière par rapport au positionnement du clip et pour tout dire je n'avais pas l'intention de le porter clipé de toutes manières mais dans un sac-up au fond de la poche.
Après une semaine d'essai, j'ai quand même essayé de le porter tout nu avec le clip. C'est un grand couteau, et c'est plus confortable avec le clip, contrairement à toutes mes idées préconçues …
En plus, la forme anguleuse ("pointue à bout rond") de l'arrière le rend finalement très discret à porter en poche, à droite à l'avant dans les pantalons de ville. Depuis que j'ai essayé, je clipe
Par contre, l'extrémité du clip est un peu relevée : ça peut accrocher un peu les meubles, la bagnole ou la main à l'occasion. Ça aurait pu mériter un petit rabattement. Le clip est fixé avec une seule vis mais il est dans un logement fraisé à la Terzuola ; aucun risque de rotation intempestive.
Question assemblage du manche : deux vis tiennent le tout, une de moins que Sebenza
- le stop-pin est enserré par deux fraisages dans les platines. Pas de risque de déformation des logements vu la dureté de l'alliage.
Je n'ai pas pris de photo du montage, mais les rondelles en bronze sont extra-grandes et l'axe est ajusté au poil de Q. Au démontage, la vis fait "tic" puis tourne toute seule et au remontage on serre à fond sans se poser de question jusqu'au blocage complet de la vis.
Enfin ; disons que ça c'est une fois qu'on a réussi à mettre toutes les pièces ensembles … le plus précisément possible … parce que sinon on ne visse rien du tout. Ça peut prendre du temps de remettre tout ça ensemble …
Les têtes de vis sont un peu grosses, je trouve, mais au moins c'est solide - hihihi.
Bref …
Le manche aurait pu être un poil plus court, mais pour taper le bambou, c'est pas mal de pouvoir tenir avec assez de recul. 'fin je dis ça mais j'y connais rien …
Y'a un trou pour la ficelle ; je m'en serais passé, mais c'est comme ça. On dirait qu'il manque un peu d'anodisation à l'intérieur d'un de ces trous … mouais, c'est pas grave ; il faut vraiment regarder son couteau comme un fou-furieux pour le voir - ce qui n'est pas mon cas, à l'évidence.
La lame est chouette, j'ai même adopté le trou et la rainure finalement :
L'émouture est parfaitement symétrique et polie mais à la loupe - ou de très près quand on est myope - on peut voir quelques reliquats de traces d'usinage qui n'ont pas été gommés par le polissage mais c'est léger.
Le biseau est énooooorme, mais étonnamment efficace. ça rase, ça coupe, c'est un plaisir.
Les trucs habituels du couteau de poche sont évidemment traités avec brio : saucisson, paquets de noël, cordelette enroulée autour de la roue du vélo des mioches, les bâtons en forêt, les paquets de la poste, les feuillards plastoc autour des cartons des ramettes de papier …
Excellente tenue du tranchant, meilleure que mes autres couteaux : j'ai juste eu besoin de le chatouiller un peu sur l'extra-fine après trois mois, très légèrement pour rafraîchir le mordant. Je ne suis pas capable de voir la différence de tenue avec le ZDP189 à ce stade. Peut-être jamais
Au risque de vous décevoir je n'ai pas (pas encore ?) bâtonné avec … non par crainte de l'abîmer mais parce que je ne suis pas un pratiquant du bâtonnage, tout simplement. Mais je m'en sers pas mal parce que je l'ai souvent en poche, à disposition "handy" comme on dit.
Pis c'est de l'indus, aisément remplaçable …
'fin, aisément, c'est vite dit parce qu'il faut rassembler les pépettes pour en racheter un ; c'est le principal défaut de ce couteau ----> son prix honteusement anti-démocratique …..
Voilà, je ne trouve rien d'autre à dire … c'est vraiment un couteau fiable et costaud. Peut-être est-il un brin "too much" tactique … il pourrait être vert, ça serait plus tendance