Loveless, tout le monde connaît … l’un des pères de la coutellerie moderne, qui a grandement contribué à l’essor de la coutellerie custom, été un des précurseurs dans l’utilisation du micarta, fait sensiblement progresser les émoutures… et le tout doté d’un excellent sens du commerce avec ça
Hunter, Chute, Semi-Skinner, City Knife … Loveless est l’auteur de modèles tous devenus des grands classiques, au point de susciter un quasi culte, notamment aux USA et au Japon, où la reproduction de Loveless est devenue un sport coutelier national (ne citons que SR Johnson, Bob Dozier, Mike Lovett …) !
Les industriels ne s’y sont pas trompés, et plusieurs ont fait appel aux dessins de Loveless pour créer de nouveaux modèles : on pourra retenir par exemple Gerber ou Fallkniven.
Et Lone Wolf …
Une marque encore jeune (une dizaine d’années), qui à sa création ciblait l’indus « high end », comprenez de haute volée, collaborant avec quelques grands noms de la coutellerie. Le catalogue de la marque n’a jamais été pléthorique, les produits toujours de bonne qualité.
Le Loveless Drop Point Folder, puisque c’est bien de ce modèle qu’il s’agit ici, est issu de la gamme « Loveless Traditional », qui, outre les modèles fixes, comprenait également le Utility et le Semi Skinner (assez proches mais avec des profils de lames différents), et le City Knife.
L’historique de cette gamme chez LW est assez confus, et j’avoue y perdre mon latin … de ce qu’il me semble avoir suivi, cette gamme était produite aux US : on reconnaît ces couteaux au marquage « R.W Loveless Design- Lone Wolf USA » sur la lame. Le manche était habillé de micarta canevas vert, l’acier utilisé pour les lames du LV-02 ou 03 (acier inox à forte teneur en carbone développé pour ou par Loveless si l’on en croit les argumentations publicitaires, mais rien de révolutionnaire non plus ). Les rivets du manche reprenaient les trois trous de l’axe :
Puis, la production a cessé à partir de 2003, avant d’être reprise et délocalisée en Italie, à Maniago. Cette génération de Loveless Traditional est légèrement différente : micarta chocolat, marquage « R.W Loveless Design - Lone Wolf Knives » et « Italy »sur la lame désormais en 154 CM, rivets « classiques ».
Voici les photos :
Je ne l’ai reçu qu’il y a quelques jours ; ce n’est pas un couteau neuf, il avait été utilisé (traces de port, micarta frotté, lame rayée), mais mécaniquement impeccable.
Côté mensurations, la lame s’inscrit dans la moyenne des pliants utilitaires de taille avec ses 75mm (le couteau mesure 19cm ouvert), pour 3mm d’épaisseur. Du classique, en somme …
La remarque vaut d’ailleurs pour l’ensemble du couteau : très fidèle aux lignes de Loveless, ce Drop Point décevra à coup sûr les aficionados du modernisme. Simplicité et classicisme, jusqu’à afficher un charme quasi suranné
En fait, si l’on considère justement le dessin de ce couteau, je l’aurais volontiers imaginé un poil plus grand, plus imposant : sans aller jusqu’à imaginer sa production en Ouzbekistan, je pense qu’une lame entre 8 et 9 cm lui siérait à merveille, plus en accord avec sa vocation utilitaire. Ce Drop Point n’est pas un gentleman folder, c’est du lourd (ah oui, je ne vous ai pas dit … 136 grammes, y’a pas de titane là-dedans )
Le liner est sûr, il engage sans problème, le lock parait très fiable. Le déverrouillage demande même un petit effort, sans pour autant poser de souci. La prise en main, elle, constitue à n’en pas douter un des points forts de ce Drop Point : excellente : Aidée en cela il est vrai, par le profilage du micarta (impeccablement poli) qui vient épouser le galbe de la paume, et apporter un je-ne-sais-quoi d’élégance :
Elégance mise à mal, ce n’est que mon opinion, par le petit intercalaire rouge entre mitres et micarta : certains adorent, je suis persuadé que le couteau gagnerait à en être délesté …
A noter, concernant l’ouverture : l’ami Stodd (Thomas de son prénom) n’est pas invité sur ce couteau … la lame est en revanche parée d’un onglier (sur une seule face) … qui ne permet pas l’ouverture à une main. Qu’importe ! Foin de ninjas du coutelas, de flippers fous, nous sommes ici entre gens de bonnes compagnie Pas de clip non plus, toujours dans le même philosophie.
La construction générale du couteau, montage, finition, démontre un réel souci de qualité chez Lone Wolf : aucun jeu, rien qui ne branlouille, ajustages et finitions sans défaut.
Je n’ai pas encore eu le loisir de mettre réellement la qualité de coup à l’épreuve : le 154CM (émouture plate ici), traité à 58 HRC ne devrait pas poser de problème, il a tranché les myriades d’aberrations diététiques qui me nourrissent quotidiennement, et s’affile aisément.
Un dernier mot sur l’étui cuir livré avec le couteau, dont il reprend les marquages : de bonne facture, il a surtout le mérite… d’exister ! Peu discret, c’est le moins que l’on puisse dire, et pas très bien conçu : l’étui est trop haut par rapport à la ceinture, et vient inexorablement blessé le porteur dans l’adipeuse intimité de ses flancs harmonieusement galbés … faudrait leur dire, chez Lone Wolf, qu’il n’y pas que les anorexiques qui aiment les couteaux !