On m’a offert pour Noël un couteau bien étonnant.
Pas un mécanisme original ou un damas de folie. Juste un couteau petit, sobre et se voulant très “classe”, que je n’aurais sans doute jamais pensé à acheter autrement.
D’aspect soft et policé, unique parmi tous ceux que je possède, il est tout simplement la lame la plus tranchante qui ait effleuré mon pouce depuis bien longtemps !
Très plat et discret, finement gravé des armoiries royales de la cour de Suède et manifestement destiné à la poche intérieure des costumes d’ambassadeurs, son nom est : “Eka Executive”.
L’Eka Executive aux armoiries royales !
Autorisé. Parce que les Eka sont les couteaux officiels de la couronne de Suède...
Je vous le montre et après je vous dis ce que j’en pense...
Évidemment, certains ici vont rire du fait que je montre l’emballage !
Mais celui-ci a de l’importance puisque, mon expérience le prouve, ce couteau a tout à fait le profil du “couteau à offrir”.
Et même du “couteau à offrir à quelqu’un qui n’aime pas les couteaux” !
Et puis le “packaging” est souvent révélateur de l’esprit dans lequel le fabriquant a conçu un objet et de l’image qu’il veut lui conférer.
Et là on est cohérent : classe, sobre, avec le fond de boite en velours noir et l’étui en cuir assorti, impeccable pour le costard ou le sac à main.
Mais poursuivons la visite, puis voyons après les “pour” et les “contre” de la chose...
Alors...
POUR :
- Petit, plat et discret : longueur ouverte = 14,8 cm, longueur de lame = 6 cm, longueur fermé = 8,5 cm, épaisseur du manche = 4 mm.
- Coupe de folie !
Impressionnant pour la taille et le prix.
En sortie de boite, il coupe déjà fort. Puis, après 4 passages sur le fusil céramique Ikéa, il devient un vrai rasoir, un vrai !… Un scalpel de chirurgien, avec une lame pourtant plus épaisse et plus solide que celle d’un bon couteau suisse. La lame la plus tranchante que je connaisse !!!
L’émouture “flat grind” y est sans doute pour beaucoup. Mais il apparaît aussi que les suédois savent donc rendre coupant l’acier suédois !
Et que passé sur un fusil suédois, le 12C27 Sandvick bien traité montre des qualités aptes à déstabiliser le plus exigeant des knives-geeks !!!
Cohérence ethnique, sans doute !…
- Joli, classe et pas effrayant ! Acier brossé de bel effet.
Typiquement le couteau à posséder dans sa poche de costume ou dans le sac à main puisque (sondage fait), malgré sa sobriété toute masculine, les femmes le trouvent joli et “féminin”.
Et puis les armoiries discrètes “en jettent”. Surtout si on explique le truc...
- Typiquement le couteau qui ne fera pas convulser la maréchaussée en cas de contrôle policier !
- Très bien construit.
Malgré la finesse des plaquettes/platines, celles-ci sont strictement parallèles et bien rigides. De même, malgré cette finesse, on ne voit absolument pas les axes et liaisons, visiblement (invisiblement !) soudés avec un savoir faire impressionnant.
Aucune vis apparente, évidemment. Du bel ouvrage.
- Fermeté du lock, précision de l’ajustage. Aucun jeu, un clac franc, une lame bien tenue (cran plat de qualité) et qui ne se referme pas sur son fil.
- Léger.
- Jolie forme de lame. Comparable à une lame Victorinox en plus épais, plus haut, plus solide, avec une belle émouture sans aucun biseau terminal et beaucoup plus coupant.
- Pas très cher : trouvable pour 41 euros en France.
- Bonne prise en main malgré la faible épaisseur du manche.
- Fourni avec un étui de cuir.
CONTRE :
- Léger... donc certains le voudraient plus lourd !
- Tellement “classe” et sobre que peut paraître un peu terne.
- Onglier sur la lame. La relative fermeté et la précision du mécanisme imposent d’avoir un ongle de pouce assez solide pour pouvoir l’ouvrir.
- Couteau petit, lame courte et, surtout, courte par rapport au manche. Les plaquettes débordant partout d’environ 2 mm par rapport au mécanisme, il aurait été possible d’allonger la lame d’autant. Ou de diminuer le manche en affleurant le tout.
- L’étui ne va pas au bout de sa logique. Les femmes le trouvent “cheap” d’aspect. Un cuir verni avec un marquage des armoiries en creux serait plus classe et plus dans l’esprit.
- Aspect un peu “objet publicitaire” au premier contact. Pas assez “tape à l’oeil”. La qualité apparaît à l’examen attentif et surtout à l’usage.
- Pas de clip, évidemment !
- Packaging joli et relativement “classe” mais ne donnant peut-être pas l’impression, à celui à qui on l’offre, que ce couteau vaut presque 300 francs.
- Plaquettes en acier inox brossé peu épaisses. Moins qu’un Douk-Douk ou un Higonokami. Au delà de la performance technique, il est probable qu’un demi mm sur chacune ferait mieux fini et plus riche.
- Peu adapté au outdoor, au bâtoning et au combat avec les grizzlis !
EN CONCLUSION :
Eka est vraiment une bonne marque !
Et la suède semble une vraie patrie des couteaux avec ses Mora, ses Eka, ses Falkniven, ses pukko de toutes marques, ses leuku... tous ces objets coupants bluffant d’efficacité, chacun dans leur domaine.
Ce Eka Executive est une étonnante et agréable surprise.
La balance défauts / qualités penche indéniablement en faveur de ces dernières.
Même si ses prétentions esthétiques mériteraient un peu plus de “jusqu’au boutisme”, on tient là un couteau d’une efficacité rare sous une apparence particulièrement civilisée et pas du tout agressive.
De toute évidence une idée de cadeau intéressante qui, pour le prix, enterre carrément ses éventuels concurrents que seraient les Spyderco bug, ladybug et compagnie.
Le “couteau à offrir” par excellence.
Le couteau à laisser dormir sous la housse plastique surplombée d’un cintre, dans le costume qui attend les jours d’exception pour sortir.
Prêt à couper le ruban pour inaugurer la piscine !
Le couteau toujours dans le tiroir de droite du bureau du gentleman !
Ou dans la poche antérieure du sac à main de sa femme...
ou de sa maîtresse !!!
Un couteau très peu répandu, que je n’avais pas demandé. Qui m’a surpris. Mais que je vais garder !