L’Urbanica, d’Eric Parmentier, et explications sur les Piémontais.
Le Piémontais, tout le monde connaît. On a retrouvé des traces de ce type de couteau à l’époque des romains. C’est sans doute le système le plus ancien, avec le simple « deux clous » (dit « à friction »), la première forme de couteau pliant que l’on connaisse.
Le principe est simple : la forme donnée au talon de lame, qui se prolonge de quelques centimètres au dos de celle-ci, vient se placer le long du manche quand le couteau est ouvert.
C’est la main de l’utilisateur qui vient enserrer le manche et ainsi assurer un maintien ferme .
Le pouce vient presque naturellement prendre appui sur le dos du couteau.
Il ne s’agît en aucun cas d’un blocage de lame.
La partie proéminente est appelée « lentille » ou « loupe ». Celle-ci peut prendre différentes formes et se positionner sur le manche de différentes façons.
La forme de la lentille :
1) Non proéminente. Ex : l’Eclat d’Alain Valette.
2) Allongée et plate. Ex : Bruno Duffort, entre autres
3) Prenant une forme particulière :
- Carrée. Ex : Piémontais de David Lespect, L10 Perceval
- Arrondie. Ex : Urbanica d’Eric Parmentier
- Sculptée/façonnée en forme d’animal, d’insecte, de tortillon d’acier forgé. Ex : Piémontais de Michael Moing.
Les différentes positions de la lentille sur le manche :
1) La lentille est courte et tronquée à angle droit. Elle vient se placer contre l’entretoise du couteau. C’est le cas de l’Eclat d’Alain Valette. Ce modèle possède une bille de maintient fermé, qui sécurise un peu le port en empêchant toute ouverture intempestive.
Il est à noter que le modèle William Henry Legacy possède lui aussi cette bille.
2) La lentille est longue et plate. Elle vient se placer sur le dos du manche. Ex : Higonokami.
3) La lentille à de l’épaisseur (section carrée, ronde, sculptée). Dans ce cas elle vient se loger partiellement dans le dos du manche une fois ouvert. C’est le cas de nombreux Piémontais (Urbanica, Perceval L10, David Lespect,…).
On retrouve aussi ce principe sur certains Piémontais de Michael Moing où la lentille forgée rentre complètement dans le manche.
Systèmes de blocage possibles pour les Piémontais :
Il existe, à ma connaissance, quatre blocages de lame possibles :
1) Piémontais + linerlock. Ex : L10 de Perceval. + photo
2) Piémontais + framelock. Ex : Masano.
3) Piémontais + blocage par bélière. Ex : le Turcy (Pascal Turpin + Alain Descy).
Ici la bélière est implantée au centre du manche et vient se rabattre manuellement sur la lentille.
4) Piémontais + virole tournante. Ex : Knochenmesser II de Gunther Löbach.
D'autres pièces intéressantes de ce designer-coutelier ici : http://www.scorpiodesign.de/lin.html
La lentille permet aussi de déployer la lame avec le pouce.
On le voit bien, un Piémontais ne se tient pas comme on tient un pliant à blocage. Des mesures de précaution supplémentaires doivent être prises pour ne pas se blesser.
Si la lame « tombe » par son propre poids, un seul conseil : un petit coup de marteau sur l’axe si celui-ci est riveté, ou un coup de tournevis si l’axe est vissé.
Particularités de l’Urbanica :
L’ingéniosité d’Eric Parmentier s’est manifestée cette fois dans le design unique du couteau.
En effet l’Urbanica est le premier Piémontais ergonomique (selon les termes de son créateur). Sa tenue en main est très sûre puisque c’est à la fois le pouce qui appuie sur la lentille, mais également l’index, qui vient bloquer la lame et l’empêcher de se replier sur les doigts. Ceci grâce à la forme arrondie du talon de lame qui se prolonge sur le manche, formant un parfait demi-cercle une fois ouvert.
Matériaux employés – dimensions :
- Manche en tôle pliée, acier trempé.
- Lame en Vanadis 10, dureté 64-65 HRC. De quoi voir venir entre deux affilages.
- Dimensions :
- Ouvert : 13,5 cm
- Fermé : 10 cm
- Lentille : 2,5 cm
- Longueur de lame utile : 5 cm
- Epaisseur lame : 4 mm
- Epaisseur couteau fermé : 1,4 cm
- Poids : 60 grs
- Plaquettes en os de girafe teinté bleu et finement polies. De jolis reflets verts et turquoise sont visibles. Très doux au toucher.
Ce petit couteau est idéal pour couper les ficelles des paquets, les rondelles de saucisson, mais également les carrés de chocolat et autres choses dures. L’épaisseur et la forme de la lame permettent une coupe en appui, éventuellement aidé de sa deuxième main.
Le test sur assiette (en grés) :
Le Vanadis 10 est si dur que la pointe ne s'émousse quasiment pas. Je n'attends pas non plus trop longtemps avant de passer un coup de 204 (c'est facile à affiler malgré la dureté).
La coupe est donc efficace sur la "pointe" spéciale de ce modèle. On pourrait presque dire "spatule" vu son dessin arrondi, pas du tout agressif. Profil parfait pour tartiner les rillettes sur des petites rondelles de baguette fraîche...
L'assiette, quant à elle, n'a pas subi plus d'outrages qu'avec un autre couteau.
Le test sur planche :
La faible longueur de lame ne permet pas de trancher des produits épais. Il faudra donc compter sur votre dextérité pour rattraper ce "défaut" par une coupe appropriée à l'aide de la pointe. Une tranche de viande crue pourra ainsi se préparer sans trop de soucis, éventuellement en tenant le manche entre le pouce et l'index. La partie crantée de la lentille tombant pile-poil où il faut.
Le trou usiné dans la lentille permet le passage d’une dragonne. Pour ma part, je préfère y placer un porte-clé spécial de ma fabrication, se terminant par un œil de tigre. Cette pierre dépasse légèrement de la poche briquet des pantalons et permet ainsi de se saisir rapidement de l’Urbanica.
A noter également qu’Eric Parmentier, attentif aux commentaires de ses clients, a mis au point un « Urbanica Grande » aux dimensions plus généreuses.