par Efix » 18 Avr 2007 15:09
C'est un peu ce que m'expliquaient plusieurs dirigeants américains, auxquels je demandais pourquoi, chaque année, il y avait une telle profusion de nouveaux modèles. En fait, me répondaient-ils, "nous faisons fabriquer une grande partie en Asie, par ceux-là même qui s'empressent de nous copier, nous sommes donc condamnés à mettre chaque année de nouveaux modèles au catalogue". C'est vrai aussi dans l'industrie. Un de mes anciens fournisseurs (Suisse) en outils de toupie au carbure, me disait qu'ils ne protégeaient pas leurs profils, prenant le risque d'être copiés. En substance, son idée était d'être toujours en avance, d'avoir toujours de nouveaux projets dans les cartons "pendant qu'ils copient nos anciens outils, nous, nous fabriquons ceux de demain". Nous savons tous ce qu'il est advenu du Laguiole, cependant, il y a toujours de la place pour du très beau Laguiole, mais ce ne sont pas les mêmes qui achètent de la drouille pakistanaise et du bel Aubrac ou Forges de laguiole (qui vient d'être rachetés, d'ailleurs). Le problème est que pour la drouille, les pakis seront toujours meilleurs et moins chers.
La démarche de Perceval ou de Fontenille est la plus logique, peu de modèles, mais bien faits, un ou deux nouveaux chaque année, un marché bien verrouillé, peu de chance d'être copiés, parce que même si les chinois pourraient y parvenir, ils n'ont pas les réseaux pour les vendre. Ils n'ont pas de créateurs (pas encore). Sur les catalogues des fabricants chinois, il y a peu de modèles innovants. Par contre, faire fabriquer là-bas, n'est en rien diabolique, ils ont aussi un savoir-faire, et peuvent sortir de beaux produits, que nous ne pourrions pas réaliser à ces prix.
Par contre, je crois qu'il y a encore de la place pour du beau traditionnel. Des couteaux comme le Thiers, le 1515, le Français, sont des nouveaux couteaux, pas révolutionnaires, mais qui justement s'inscrivent dans cette démarche des traditionnels de qualité. Des formes rappelant les traditionnels d'hier, mais avec des techniques adaptées aux goûts de la clientèle de plus en plus exigeante d'aujourd'hui. Et le monde de la coutellerie d'art et high tec, peut venir à la rescousse d'une coutellerie poussiéreuse, avec l'entrée en lice de nouveaux matériaux, comme les bois, les os stabilisés, le titane, les aciers issus de la métallurgie des poudres, etc … Pourquoi seulement le sanvik 12C27, pour la plupart des couteaux des marques françaises ? Le ZDP est cher, certes, l'ats34 aussi, mais nous accepterions de payer le prix, nous, et beaucoup d'autres. Il y a encore certainement beaucoup de choses à faire, et la jeune génération, même à Thiers, l'a bien compris, je crois. Et ceux qui ne l'ont pas compris ? Hé bien, je crois que malheureusement pour eux, ils sont comdamnés, à termes. Mais c'est vrai dans bien d'autres domaines, comme dans la nature "qui n'avance pas recule".