par Madnumforce » 12 Sep 2011 11:55
Ca dépend des fournitures, mais habituellement, surtout sur ce genre de couteau, les platines ont les trous de percés pour tous les types de montage. C'est malin, ça diminue l'outillage nécessaire et le stock.
Si on regarde bien, ce n'est pas qu'il manque un rivet, c'est qu'il y en a un en trop. Celui du milieu, coté droit, a été percé alors qu'il ne devait pas, et du coup, pour pas gâcher une côte (ah, ces thiernois!), il a mis le rivet quand même.
Rapport aux irrégularité de qualité et de production, il faut bien comprendre comment marchait la production thiernoise. Surtout le montage, qui n'était pas fait en usine, mais "dans la montagne", par des monteurs à domicile. Quand un fabricant (celui qui met son nom sur la lame) recevait une commande, il faisait forger et/ou découper les lames (marquées à son nom), les platines, les ressorts, soit sur ses propres machines par ses propres ouvriers, soit en sous-traitance, la trempe (maison ou sous-traitée), faisait faire l'émouture et le polissage (pareil, maison ou sous-traité), puis faisait faire le montage, le plus généralement par des monteurs à domicile de la montagne thiernoise (l'estampage/découpage requiert des machines relativement importantes, que seul un industriel peut se payer et faire fonctionner). On comprend bien, vu le nombre parfois important d'aller-retour qu'avaient à faire certaines pièces, une certaine inconstance dans les productions, puisque certaines pièces pouvaient être prises dans d'anciens stocks ou du fabricant, ou du découpeur, ou du monteur à domicile.
Il ne faut pas oublier que par rapport à Nogent et à Chatêllerault, Thiers c'était un peu la Chine de l'époque: on y produisait vite, en grande quantité, efficacement, mais parfois avec une qualité discutable, vu le nombre d'intervenants dans la fabrication d'un couteau. Mais grâce à ce tissus complexe d'artisans et de fabriques, Thiers est resté un des rares centres historiques de coutellerie à faire face à la mondialisation, et surtout à ses crises, en conservant une structure assez traditionnelle. Puisqu'il n'y a pas de monopole, et des entreprises de tailles très variées (nul part on ne dépasse la centaine d'employés cependant, peut-être même pas la cinquantaine), des boîtes peuvent fermer sans que tout se casse la gueule, mais aussi se créer et s'insérer sur le marché. Encore aujourd'hui, il y a de nombreux monteurs et polisseurs à domicile, des petits ateliers de trempe ou de découpe, etc... mais c'est une époque qui touche à sa fin, car ils prennent leur retraite petit à petit, et ne sont pas remplacé, la conjoncture n'étant pas du tout favorable, et le métier pas forcément des plus gratifiants. Et puis qui de nos jours, et moi le premier, est encore fier d'avoir sur lui et d'utiliser un de ces pliants traditionnels, avec leurs réglages parfois approximatifs, leurs ressorts trop durs, et leur look XIXe siècle? All things must pass.
Enfin, très jolies restaurations Yeswecan, ça fait plaisir de voir ces papys du couteau retrouver une seconde jeunesse, et dans le respect de ce qu'il sont.
Des rosettes bombées (moi j'appelle ça des "demi-donut"), tu en as beaucoup? J'en cherche désespérément depuis que j'en ai trouvé une petite trentaine qui trainait parmi des rosettes plates classiques. C'est tellement plus classieux, et ça donne tout de suite une véritable identité au couteau. Et accessoirement, ça permet de faire des molletons de malade.