L'Encan, Coutellerie Farol.
Pour ce test, j’ai choisi de vous présenter « l’Encan » en teck, un modèle français de la coutellerie Farol, à la Rochelle. Sylvain Berthommé, le patron, est un marin, et cela se voit dans ses réalisations. D’ailleurs « encan » signifie criée. Les ateliers Farol étant installés dans une ancienne cave de mareyeur, un lieu quasi à l’abandon, qui retrouve par là une seconde vie.
Un cachalot de poche
Ce couteau, au design spécifique rappelant la forme du cachalot, existe en deux tailles (10 et 12 cm) et propose au choix du client de nombreuses essences de bois durs ou/et précieux et rares pour les manches (teck, violette, amourette, olivier, …). Il existe même un Encan en aluminium anodisé, à l’allure plus moderne mais bénéficiant du même système de blocage de lame. C’est un couteau de poche compact et pratique ayant un rapport longueur de lame /longueur de manche favorable et une excellente prise en main. Les formes arrondies des manches monobloc sans platine et la qualité des matériaux employés y participent pour beaucoup. Enfin, signalons son extrême légèreté (35 grs pour l’Encan 10 teck).
Une lame forgée
La lame de l’Encan est en acier 12C27 forgée. Cela lui confère résistance et durabilité de fil. Un guillochage esthétique au niveau de la posée du pouce en améliore encore la tenue.
Toutes les lames bénéficient d’une finition poli miroir. Leur montage et ajustage sont soigneux. La tête de rivet utilisée (empruntée quelque part au monde de la voile qui lui est si cher), très forte, a tendance à resserrer les fibres des bois plutôt que de les détendre.
L’ouverture est ferme lorsqu’il est neuf, comme la plupart des manches en bois, mais s’assouplit raisonnablement à l’usage, ce qui est plus agréable pour une utilisation quotidienne.
L’association du 12C27 et du teck, généralement utilisé dans la navigation, rend l’Encan inoxydable et apte à son utilisation originelle : la voile.
Un système de blocage ingénieux
La lame est de type Drop Point, trapue. Elle est bonne à tout faire ; percer, couper, tartiner. Son ouverture se fait manuellement. Le système de blocage utilise un morceau de corde à piano en acier trempé. Il sagit en fait d’une attache de marine, de type Wichard, détourné de son utilisation première. Une idée intéressante…
Cette pièce est précontrainte et fixée en bout de manche par deux trous de part et d’autre de celui-ci, légèrement décalés, ce qui fait office de ressort. Une encoche pratiquée sur le talon de la lame permet à la corde à piano de venir se caler, bloquant ainsi efficacement la lame. Le déblocage se fait en soulevent cette pièce rectangulaire à l’aide du pouce et en rebasculant à la main la lame dans son manche. Le pivot, affleurant légèrement, lui servant alors de butée. Un système parfaitement ambidextre.
« Un tranchant féroce »
Pour avoir rencontré Sylvain Berthommé lors d'un SICAC, nous pouvons affirmer que l’homme derrière les couteaux n’est pas seulement très sympathique. C’est aussi un puriste qui se fait un devoir de livrer aux clients des pièces émoulues à la main et pourvues d’un tranchant féroce (pour le moins).
« Un système encore perfectionné »
Le modèle « S », sorti après l’Encan, a vu développer le système de blocage également à la position fermée. Ceci en utilisant un axe de pivot de lame plat, non affleurant, en lieu et place de celui de l’Encan ; ainsi qu’une seconde encoche sur le dos de la lame. Par ailleurs, le « S » rappelle les couteaux de flibustiers grâce à son tressage central esthétique en corde marine enduite de bitume (ligne à thon). C’est le premier couteau pliant bénéficiant d’un matelotage. Celui-ci, par un tressage spécial, ne peut se défaire.
Mr Berthommé m’a récemment confié : « Je travaille en ce moment sur un nouveau pliant à système rigolo, produit sous licence ». Gageons que la qualité et l’innovation seront une nouvelle fois de mise.
Nous souhaitons de tout cœur que le phare gravé sur chacune des lames des couteaux Farol, l’emblême de l’artisan, continue d’éclaire pour longtemps le paysage coutelier français.
@+
Phil