freddy1 a écrit:sinon, les machettes que t'avais commandé, t'en es oû?
Je les ai reçu. Encore heureux.
http://img11.hostingpics.net/pics/208990machettes01.jpg
J'ai voulu de la diversité, et j'en ai eu, mais au final pas mal de ces machettes sont assez particulières à utiliser, en particulier les longues, qui sont plutôt assez souples. Par contre, il y a vraiment une machette qui sort du lot pour son confort d'utilisation et son efficacité:
https://www.machetespecialists.com/prod … n-machete/
La Hansa Lampon 18". Elle a pas mal de distal taper (19/10 à la base 13/10 à la pointe), une lame bien large au bout, un manche sans arrêtes vives, et vraiment une dynamique très fluide en main. Quasiment le même poids qu'une Tramontina de même taille (433g pour la Tram, 459g pour la Hansa), et centre de gravité quasiment au même endroit sur la lame, mais vraiment une sensation très différente en main. Elle m'a réconcilié avec les machettes.
Sinon, la Yegua (Hansa) Tres Canales 24" est vraiment la machette à choisir si on a des décapitations à faire. La machette sabre est surprennante, à cause de sa lame souple, mais assez pratique parce qu'elle est plutôt légère pour sa taille. La grosse Cuma, avec sa pointe en avant et sans distal taper, est assez difficile à utiliser. Je pense qu'elle se justifie sur des tiges grosses mais "molles", style bananier, mais par chez nous, c'est pas évident à mettre à profit, il me semble. La petite Burruquito obèse est marrante, menfin concrètement pas très utile quand on a une serpe (ou une hachette). Avec un manche différent, plus symétrique, il y aurai moyen d'affûter le dos, et là ça pourrait peut-être commencer à devenir intéressant.
En parlant d'affûtage, ça va que j'ai un backstand, parce qu'en sortie d'usine le biseau est vraiment symbolique. Pour un particulier non équipé, c'est des heures de travail à la pierre ou à la lime en perspective, je pense.
Ghjallone a écrit:Madnumforce a écrit:C'est tout un ensemble de techniques, de gestes, de façons de faire qui demandent à être apprises ou découvertes, tout en ayant le recul pour déterminer les limitations intrinsèques à l'outil particulier qu'on a dans les mains, et un simple manque de technique ou de pratique. Il faudrait voir concrètement quels boulots tu dois accomplir avec ton outil pour dire, mais a priori, tu peux faire avec une serpe la majorité des boulots que tu fais avec une hachette, et réciproquement.
Je ne suis pas d'accord, je trouve la hachette plus polyvalente.
Pour autant que je sache, chez moi les vieux avaient des haches et des pinati (comme une serpe avec un manche long) et des hachettes, mais les bergers, qui passaient le plus de temps en montagne utilisaient une hache. Le pinatu c'était plutôt pour les taches agricoles, ou l'ouverture (et le nettoyage) d'un sentier.
Dans mon expérience pour s'amuser ou bushcrafter, c'est la hache qui a le plus d'avantages: on peut frapper plus fort sans exploser le manche (à cause du levier sur la lame assez longue d'une serpe), on peut sculpter plus facilement avec la hache en mettant la main au plus près du centre de gravité.
Pinati? Excellent! En italien "standard" (celui des "gros" fabricants d'outillage, Rinaldi, A. Bergamasco, Falci, qui sont quasiment tous basés dans le Nord de l'Italie) , pennato (pennati au pluriel) désigne les serpes à deux tranchants, généralement plutôt utilisée dans la viticulture (mais pas seulement). Efix doit probablement aussi connaître une variante de ce mot, vu la proximité du Nissart avec les autres dialectes italiques. Ca me passionne toujours de constater la diversité des appelations, et parfois comme elles désignent des choses proches, mais différentes.
Pour en revenir à la question, la polyvalence dépend de l'outil. Pas le mot avec lequel on le désigne, mais l'outil physique. Le mot "serpe" est très loin d'épuiser la diversité des objets que le vocable prétend recouvrir. Je dirais qu'il y a quand même bien moi de diversité entre les hachettes. En mode super PPP, voici une partie de ma collection:
Chacune a sa dynamique propre, ses choix de designs, ses défaut ou ses qualités de réalisation, (son manche plus ou moins attaqué par le temps), etc. Certaines sont pour moi "des merdes", trop épaisses, trop lourdes, mal équilibrées, etc. Certaines sont absolument excellentes et sans égal, en particulier les 2e, 3e et 4e en partant de la gauche de la ligne du haut, qui sont des modèles Rhône, Isère, Saint-Chamond, ce genre de coin. C'est dans cette diversité, issue de la pratique, qu'on peut trouver l'outil adapté à son besoin. Et là ce n'est qu'une petite partie, à peine représentative de ce qui se faisait en France, mais à celà il faut ajouter les serpes italiennes et anglaises, qui sont tout aussi diverses (les deux dernière de la dernière colonnes sont des serpes italiennes: roncola Roma et roncola da fascina). Si l'on se borne à la serpe de Paris ou à la roncola bergamo ("serpe italienne") qu'on trouve à castotruc, oui, forcément, on est beaucoup plus limité et on risque l'insatisfaction. Mais c'est comme si "couteau de camp" n'était représenté que par le Becker BK2 et le Condor Golok, et juger là dessus.
La seule objection valide, bah c'est que cette diversité, en France, elle a complètement disparu. En particulier les serpes "à dos" (la lame en elle-même fait 2-4mm d'épaisseur, et le dos présente une surépaisseur le portant facilement à 7, 8, 9mm), courantes justement dans le Rhône, vers Saint-Chamond, etc, sont des trucs complètement extra-terrestres, qu'il serait financièrement très compliqué de refabriquer industriellement, maintenant qu'il n'existe plus de martinaires. Et fait artisanalement par un forgeron, j'ose pas me demander combien ça couterait. De fait, l'accès à ces outils est quasiment inexistant. Cependant, on peut quand même, lorsqu'on s'en donne la peine, acheter des serpes italiennes ou anglaises. Des italiennes, j'en ai quelques unes. Elles sont plutôt bonnes, rien à leur reprocher à ce niveau là, mais elles commencent à m'ennuyer un peu. Pour rationnaliser la production, elles sont toutes faites un peu pareil, et même si, sur les bonnes (et toutes ne le sont pas, mais on est jamais déçu des Rinaldi, par exemple), le distal taper est différent selon le modèle, on reste un peu sur sa faim en matière de diversité, justement. Je pense que je ne vais pas tarder à m'en acheter des anglaises...
Une fois encore, il s'agit de savoir travailler intelligement avec ses outils. Evidement qu'on ne fait pas avec une serpe comme avec une hachette, et qu'on ne fait pas avec un hachette comme avec une serpe. C'est pour ça que je suis une quiche avec les haches et les hachettes. Mais pour autant, je n'en éprouve aucun manque, parce que je contourne le problème en travaillant autrement, éventuellement avec d'autres outils (puisque mon kit complet, c'est un couteau de poche, un de mes couteaux PLM, un serpe Rhône à dos, crochet et agraffe, et une scie à bûche à lame "jetable", à quoi j'ajoute une roncola scansano (c'est à dire un "mini croissant") emmanchée si je sais qu'il va y avoir beaucoup de ronces ou de végétation gênante).
Cependant, une chose à laquelle la majorité des serpes (à un seul taillant) sont particulièrement bien adapté, c'est le batonnage. Le bec, loin d'être une gêne, aide la lame à rester centrée, mais surtout protège tout le tranchant d'un contact avec le sol. Dans ma "photo de famille", la serpe tout en haut à gauche est littéralement une serpe à fendre: elle est forgée toute d'une pièce, fait environ 12mm d'épaisseur au plus épais, a le dos matraqué de coup de marteau ou de massette, et le bec applati d'avoir touché le sol un nombre incalculable de fois. De ma collection, il y a facilement la moitié des serpes qui montrer au dos des traces de "batonnage" au marteau. Certaines n'étaient clairement pas faîre pour ça (la Amiens, la pelle à tarte 8e sur la ligne du milieu, dont le lame est vraiment fine pour une serpe), mais la grande majorité le supporte. La serpe a fini par prendre cette forme justement pour être polyvalente. D'ailleurs, au Japon, il existe des modèles de nata qui ont une sorte de "taquet" non affûté en lieu et place du bec d'une serpe européenne, et qui remplit très probablement le même rôle de protection du tranchant, sans cependant avoir les avantages d'une pointe (qu'on peut par exemple planter dans une buche pour la trimbaler, un peu comme avec une sapie).