Le couteau dans la littérature

[Alexdeden]

Baudelaire, alors ?
C'est le poète que j'ai le plus lu, de cette époque.


Le premier vers, je le connais. Je le verrais bien dans Les Fleurs du Mal mais j'ai pas le titre.

[Alexdeden]

Non, le titre du sonnet est en seul mot, en latin.

Dans la table des matières un mot a fait tilt.

Duellum.


De Baudelaire, instinctivement j'aurais pris ça :

<<
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
>>

[Alexdeden]

Passage d'un roman français que tout le monde ou presque a dû lire à l'école :

<<

— Malheureux ! s'écria tout à coup l'apothicaire.

Et il courut à son fils, qui venait de se précipiter dans un tas de chaux pour peindre ses souliers en blanc. Aux reproches dont on l'accablait, Napoléon se prit à pousser des hurlements, tandis que Justin lui essuyait ses chaussures avec un torchis de paille. Il eût fallu un couteau ; Charles offrit le sien.

— Ah ! se dit-elle, il porte un couteau dans sa poche, comme un paysan !

Le givre tombait, et l'on s'en retourna vers Yonville.

>>

[Quincey]

Je découvre ce fil … une super idée M. Alex

[Alexdeden]

Si on veut.

C'est pas évident de trouver des bouquins susceptibles d'avoir été lus par un grand nombre.

Et d'avoir laissé des souvenirs assez forts pour être identifiés avec un passage.

[Quincey]

Ben c'est comme avec les films mais en un peu plus pointu peut-être

[byhb]

Passage d'un roman français que tout le monde ou presque a dû lire à l'école :

<<

— Malheureux ! s'écria tout à coup l'apothicaire.

Et il courut à son fils, qui venait de se précipiter dans un tas de chaux pour peindre ses souliers en blanc. Aux reproches dont on l'accablait, Napoléon se prit à pousser des hurlements, tandis que Justin lui essuyait ses chaussures avec un torchis de paille. Il eût fallu un couteau ; Charles offrit le sien.

— Ah ! se dit-elle, il porte un couteau dans sa poche, comme un paysan !

Le givre tombait, et l'on s'en retourna vers Yonville.

>>

Madame Bovary

[byhb]

Facile la réponse est dans la page...

Pas un couteau de cuisine, évidemment, ni un couteau de voyou à cran d’arrêt. Mais pas non plus un canif. Disons, un opinel n°6, ou un laguiole. Un couteau qui aurait pu être celui d’un hypothétique et parfait grand-père.
Un couteau qu’il aurait glissé dans un pantalon de velour chocolat à larges côtes. Un couteau qu’il aurait tiré de sa poche à l’heure du déjeuner, piquant les tranches de saucisson avec la pointe, pelant sa pomme lentement, le poing replié à même la lame.
Un couteau qu’il aurait refermé d’un geste ample et cérémonieux, après le café bu dans un verre, et cela aurait signifié pour chacun qu’il fallait reprendre le travail.
Un couteau que l’on aurait trouvé merveilleux si l’on était enfant : un couteau pour l’arc et les flèches, pour façonner l’épée de bois, la garde sculptée dans l’écorce, le couteau que vos parents trouvaient trop dangereux quand vous étiez enfant.
Mais un couteau pour quoi ? Car l’on n’est plus au temps de ce grand-père, et l’on n’est plus enfant. Un couteau virtuel, alors, et cet alibi dérisoire : Mais si, ça peut servir à plein de choses, en promenade, en pique-nique, même pour bricoler quand on n’a pas d’outils…
Ça ne servira pas, on le sent bien. Le plaisir n’est pas là.
Plaisir absolu d’égoïsme : une belle chose inutile de bois chaud ou bien de nacre lisse, avec le signe cabalistique sur la lame qui fait les vrais initiés : une main couronnée, un parapluie, un rossignol, l’abeille sur le manche.
Ah oui, le snobisme est savoureux quand il s’attache à ce symbole de vie simple. A l’époque du fax, c’est le luxe rustique. Un objet tout à fait à soi, qui gonfle inutilement la poche, et que l’on sort de temps en temps, jamais pour s’en servir, mais pour le toucher, le regarder, pour la satisfaction benoite de l’ouvrir et de le refermer. Dans ce présent gratuit le passé dort. Quelques secondes on se sent à la fois le grand-père bucolique à moustaches blanche et l’enfant près de l’eau dans l’odeur du sureau.
Le temps d’ouvrir et refermer la lame, on n’est plus entre deux âges, mais à la fois deux âges c’est ça, le secret du couteau.

[Alexdeden]

Passage d'un roman français que tout le monde ou presque a dû lire à l'école :

<<

— Malheureux ! s'écria tout à coup l'apothicaire.

Et il courut à son fils, qui venait de se précipiter dans un tas de chaux pour peindre ses souliers en blanc. Aux reproches dont on l'accablait, Napoléon se prit à pousser des hurlements, tandis que Justin lui essuyait ses chaussures avec un torchis de paille. Il eût fallu un couteau ; Charles offrit le sien.

— Ah ! se dit-elle, il porte un couteau dans sa poche, comme un paysan !

Le givre tombait, et l'on s'en retourna vers Yonville.

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Madame Bovary

Bien sûr !

J'ai un vieux pote que je revois de temps en temps, genre trois fois par décennie vu qu'il habite loin de chez moi. On était ensemble au lycée et notamment pendant le cours de français au cours duquel on a vu ce passage de Madame Bovary. Depuis ce jour, chaque fois qu'il me voit sortir un couteau de ma poche, il me traite de paysan. Et on se marre évidemment.

[Alexdeden]

Facile la réponse est dans la page...

Pas un couteau de cuisine, évidemment, ni un couteau de voyou à cran d’arrêt. Mais pas non plus un canif. Disons, un opinel n°6, ou un laguiole. Un couteau qui aurait pu être celui d’un hypothétique et parfait grand-père.
Un couteau qu’il aurait glissé dans un pantalon de velour chocolat à larges côtes. Un couteau qu’il aurait tiré de sa poche à l’heure du déjeuner, piquant les tranches de saucisson avec la pointe, pelant sa pomme lentement, le poing replié à même la lame.
Un couteau qu’il aurait refermé d’un geste ample et cérémonieux, après le café bu dans un verre, et cela aurait signifié pour chacun qu’il fallait reprendre le travail.
Un couteau que l’on aurait trouvé merveilleux si l’on était enfant : un couteau pour l’arc et les flèches, pour façonner l’épée de bois, la garde sculptée dans l’écorce, le couteau que vos parents trouvaient trop dangereux quand vous étiez enfant.
Mais un couteau pour quoi ? Car l’on n’est plus au temps de ce grand-père, et l’on n’est plus enfant. Un couteau virtuel, alors, et cet alibi dérisoire : Mais si, ça peut servir à plein de choses, en promenade, en pique-nique, même pour bricoler quand on n’a pas d’outils…
Ça ne servira pas, on le sent bien. Le plaisir n’est pas là.
Plaisir absolu d’égoïsme : une belle chose inutile de bois chaud ou bien de nacre lisse, avec le signe cabalistique sur la lame qui fait les vrais initiés : une main couronnée, un parapluie, un rossignol, l’abeille sur le manche.
Ah oui, le snobisme est savoureux quand il s’attache à ce symbole de vie simple. A l’époque du fax, c’est le luxe rustique. Un objet tout à fait à soi, qui gonfle inutilement la poche, et que l’on sort de temps en temps, jamais pour s’en servir, mais pour le toucher, le regarder, pour la satisfaction benoite de l’ouvrir et de le refermer. Dans ce présent gratuit le passé dort. Quelques secondes on se sent à la fois le grand-père bucolique à moustaches blanche et l’enfant près de l’eau dans l’odeur du sureau.
Le temps d’ouvrir et refermer la lame, on n’est plus entre deux âges, mais à la fois deux âges c’est ça, le secret du couteau.

Facile aussi ! Surtout sur ce forum et après ta signature !

La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Philippe Delerm.

[nicoals]

Non, le titre du sonnet est en seul mot, en latin.

Dans la table des matières un mot a fait tilt.

Duellum.


De Baudelaire, instinctivement j'aurais pris ça :

<<
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
>>

Bravo !

Plus difficile, mais il ne s'agit que de trouver l'auteur de ces deux extraits :
" … celui qui voit son âme au reflet d'une lame "
" Et c'est aussi le temps venu de célébrer le fer sur l'enclume bigorne "

Indice 1 : prix Nobel.
Indice 2, pour les plus chenus, dont la passion des couteaux remonte à une trentaine d'années ou plus : largement cité, dont celles-ci, dans un LPDC de 1992.
Ça nous rajeunit pas.

Avec ça, le mystère ne devrait pas durer trop.

[Alexdeden]

Saint John Perse ?

Poète ? Français ?

[you]

Anabase !
Ptain il est beau ce texte !
Comment en arriver à se dire que l'Autre est un con quand on a lu ça ?
A priori ?





Ah, ouais, voilà.
A priori.
Bon.

N'empèche...

[jlg]

Bon, ça ne va pas être compliqué, mais quelle est l'année d'édition de mon premier Tintin

[stancaiman]

ça c'est les 7 boules de cristal - si c'est un ed originale c'est 48