Back to the futur
La production de David Brenière ( Breniere ??

) dégage quelque chose de très particulier.
Il y a dans ses couteaux des images de voyage dans le temps, d'aventure littéraire ou cinématographique.
Rêver à être le capitaine d'un navire, réuni avec ses hommes dans une taverne éclairée à la chandelle, buvant du rhum dans des chopes en bois et plantant son couteau sur une carte au trésor, là où se trouve le butin.
Ou alors se retrouver dans l'ouest sauvage, le visage buriné par le soleil, à sortir son slip joint pour tailler un bout de bois en attendant le prochain duel.
A ce jour, j'ai pu avoir entre les mains ces différents modèles :
Marin, Canif, slip joint, Ipanema, Fatboy, Yssiengeau et bientôt un bulldog.
Le Slipjoint ainsi que le Fat boy sont partis.



Seul l'Ipanema et le bulldog sont des commandes, les autres sont des achats directs sur son site ou sur le forum.
J'adore passer des commandes aux artisans, discuter avec eux, même sommairement, d'un projet et pouvoir l' adaper au plus près de mon envie.
Mais d'un autre côté j'apprécie le fait de prendre son futur compagnon de poche directement dans la production du coutelier qui a pu laisser libre cours à son imagination.
Commander un couteau à David est toujours très agréable, c'est une personne fort sympathique qui répond très vite aux emails et essaye toujours de prendre en compte les différents critères qu'on lui soumet sans pour autant accepter des choix dans les quels il ne se reconnaîtrait pas.
Les délais sont très doux, de l'ordre de deux trois mois.
Il utilise principalement des aciers ou damas carbone, mais a fait quelques tentatives dernièrement avec du rwl34.
Il maîtrise parfaitement l'art du damas, dont les lames, mitres, ressort et clip revêtent ces motifs frôlant parfois l'esthétique de l'art optique ou des trames plus abstraites, plus organiques.





Sur les lames non damas on retrouve un très fin tiré en long ou diverses sortes de patines qui donnent un aspect vieilli aux couteaux.

Les ressorts sont également en carbone ce qui fait qu'ils s'assombrissent avec le temps et font ainsi un fort joli contraste avec les platines.

Le choix des matériaux utilisés pour les plaquettes est, la plus part du temps, très bien senti.
Les bois de cerf sont toujours très beaux, la fibre de carbone cuivrée est du plus belle effet.
Il réalise ces derniers temps ( me semble-t- il ) pas mal de couteaux avec des matériaux plus "nobles" tels que l'ivoire, la croûte d'ivoire, la nacre qu'il associe souvent avec le damas.





On pourrait craindre que ces productions deviennent trop précieuse pour être utilisées, mais c'est tout le contraire et c'est là un point que je trouve génial dans le travail de David.
Malgré l' utilisations de ces matériaux, il arrive toujours à donner un petit côté "animal" au couteau qui ne demande qu'une chose : être utilisé.


Je ne sais comment, mais il arrive la plus part du temps à éviter le mauvais goût ou ce côté redorant que pourrait donner le mariage de ces matériaux. Je trouve que l'on n'est pas non plus dans une imagerie kitsch, mais dans une élégance qui malgré cette surcharge, est pour moi, plutôt épurée.

La plus part de ses modèles se décline en plusieurs versions de verrouillage : cran carré, cran forcé, liner lock, pompe.
Pour ma part le fat boy et l'ipanema sont des pompes, le marin un cran carré ( je ne suis pas certain du terme, mais la lame se bloque d'abord à angle droit avant de se fermer ) et les autres sont des crans forcés.

Ils sont tous pourvus d'un amortis pour la lame quand on la referme, ce qui évite que le fil ne s'aplatisse à la longue contre le ressort.


Les différents crans que j'ai eu sont plutôt virile, ça claque pas mal, mais sont très sécurisant et agréable à l'usage.
Le slip joint était le plus "tendre" mais je crois que c'est lié à ce genre de couteau.

Le système à pompe de l'Ipanema est tout en douceur, mais bloque fortement la lame. Il est réglé aux petits onglons et est très agréable et additif à utiliser.

Celui du fat boy était plus virile, mais cela ne posait aucun problème à l'utilisation.
Le seul petit défaut que je lui trouvait résidait dans le fait que, lorsque la lame était ouverte, le couteau tenu dans la main pour, par exemple, couper sur une planche et qu' une pression était exercé, la lame avait un petit jeu horizontal.
Mais c'est vraiment pas grand chose.
J'aime beaucoup quand le "bouton" du système pompe sort de la ligne du couteau et casse cette dernière. Chose qui ne dérange pas du tout la prise en main et qui est vraiment excellente sur tous les modèles que j'ai pu essayer.

Les quelques guillochages que portent mes couteaux sont des motifs plutôt classiques. Ils ne sont pas tout le temps très bien alignés entre les deux platines. Cela peut également se retrouver sur l'alignement des mitres.


Cela est sans importance pour moi, car les couteaux sont très bien finis, il n'y a rien à redire. Ce genre de détailles ajoute même du charme au couteau et lui enlève un petit côté trop précieux.

Il ne faut pas s'attendre à un objet industriel, on sent le travail fait à la main et c'est ce que j'aime. Cela donne une identité forte à ses productions, il y' as toujours quelque chose de sombre dans ses couteaux, d'envoûtant.



Dans mes premiers achats la pochette en cuire n'était pas comprise, il fallait rajouter 15 euros. Je trouve dommage de ne pas l'inclure directement dans le prix du couteau, même en augmentant un peu le prix de base. Mais une pochette en cuire d'autruche était livrée avec mon tout dernier achat, donc c'est peut-être quelque chose qu'il met maintenant en pratique.
Les anciennes pochettes en cuirs sont plutôt rustiques mais faites dans un excellent cuire et protège parfaitement les couteaux.
Celle en autruche n'as pas la sophistication de celle d'un Durand, mais est tout à fait en adéquation avec son occupant.

Pour résumer, je dirais que ce ne sont pas des couteaux "chargés" mais plutôt " bavards", ce que j'apprécie grandement. Le travail de M. Brenière est vraiment magnifique et il me semble qu'il a énormément progressé ces derniers temps.
Il possède une touche très particulière, bien à lui qui en fait pour moi l'un de mes couteliers favoris!