A tout seigneur, tout honneur, deuxième mouture du test du bivouac, à sa place, histoire de donner aux intéressés un petit aperçu du couteau en situation...
Le Bivouac donc, présenté plus haut par Eric lui-même...
Les spécificités du couteau:
lame RWL 34
épaisseur lame3.5mm
longueur de la lame 9,5 cm et 9 cm au ricasso, hauteur 28 mm
longueur totale du couteau 21,3 cm
poids 140 gr
corps du couteau et platines en Z20C13 trempées,
spacer en Z40C13
plaquettes en racine de bois de fer
système flex "invisible" par le dessus


Premier point: l'esthétique. Oui ça compte, et même beaucoup. Personnellement, je l'aime beaucoup, même si le dessin de la lame est massif. Instantanément, on sent que c'est un couteau fait pour l'"outdoor". Une lame large, certes pas forcément élancée, qui donne un look massif. Le manche est très beau dans son dessin, les plaquettes en bois de fer sont superbes, même si je préfère le micarta sur un couteau d'aspect résolument moderne. Encore que, je commence à m'habituer à ce bois

. Rien d'agressif dans l'allure générale, non ce n'est pas un couteau "tactique" dans ses formes, et pourtant on verra que par bien des aspects, c'est sans doute le meilleur des pliants tactiques.
C'est un grand couteau, un bon centimètre de plus qu'un large Seb.
Côté technique? Rien à redire sur la réalisation: tout est parfait dans les ajustages, la finition, la fluidité de la lame en rotation, le fonctionnement du système flex; l'émouture est superbe, plate je pense, le fil plutôt aigü. Très largement au niveau d'un Mayo, et même au-dessus considérant la complexité des mécanismes.
RWL34: je ne suis pas un spécialiste, mais ça s'affûte bien, ça coupe bien, et ça coupe longtemps, même si j'ai l'habitude de faire deux ou trois allers-retours sur le cuir tous les soirs. Les platines je crois sont trempées: ça semble indestructible, sans ressembler à un gourdin pour le manche, ou à un burin pour la lame.

A côté d'un APBT de Krein-K9, il est un peu plus grand...

Le système flex, que je n'avais jamais essayé, est quand même assez génial de précision (absolument aucun jeu dans aucune position de la lame: ouverte, fermée, ou semi ouverte, ce qui n'est pas le cas d'un axis-lock par exemple, où la lame bringuebale de partout pendant l'ouverture). On mesure en y pensant un peu le travail qu'il faut fournir pour garder si peu de jeu sur tout le mouvement du talon de la lame sur la came en bout de piston. C'est la came qui tient le couteau ouvert ou fermé, pas le ressort du piston qui ne sert qu'à repousser celui-ci en avant, pour ceux que cela inquiéterait. Pas de danger qu'un jeu apparaisse avec le temps. Autre truc: vu comme le système est protégé et le jeu cylindre piston infime, impossible que l'engin s'encrasse, même plongé dans la bouillasse marécageuse de la jungle.
Un petit coup sur le flex, la lame s'ouvre un peu et le poignet fait le reste. On peut aussi ouvrir le couteau d'un coup de poignet sans toucher à rien, ou avec le pouce, même sans thumb.


Enfin , le plus important, l'utilisation. D'abord, ça coupe, parce que l'émouture est fine. Ce n'est pas une lame fragile cependant, car sa hauteur de presque 3 cm autorise une bonne épaisseur au dos. C'est un peu l'antithèse du couteau tactique classique de ce côté là. Le seul tactique qui je trouve peut rivaliser quant à la coupe, c'est l'Amlock de Thierry Savidan et son émouture creuse, ou un Mayo à la limite. J'ai retrouvé le plaisir de tailler et sculpter des bouts de bois comme je le fais avec mes lames carbone, Duffort ou PH.
Au départ la courbure prononcée entre le fil de la lame et le ventre du manche fait un peu bizarre, il faut s'y habituer, la lame n'étant pas perpendiculaire au bout de bois que l'on taille par exemple. Ce n'est qu'une question d'habitude, je ne me rends plus compte de rien aujourd'hui.
Pour manger c'est royal, on s'en serait douté vu la hauteur de lame; il n'y a rien de mieux pour les tartines!
Dans la Nature, dans les bois c'est juste parfait: assez grand pour jouer le rôle d'un petit fixe, assez costaud et inaltérable pour qu'on n'ait pas la trouille de le tomber ou le laisser traîner par-terre (le revêtement microbillé, outre sa beauté, est tenace: c'est vraiment dur d'y faire la moindre rayure, et pourtant je ne suis pas spécialement soigneux). Le trou en bout de manche permet d'y passer un lanyard, ce que moi je trouve indispensable pour chopper le couteau facilement dans la poche, surtout avec les gants. L'absence de clip m'embêtait un peu au début, mais pas plus que ça aujourd'hui.
Sans défauts? Quasiment oui. parfois je me dis qu'il lui aurait fallu un peu plus de pointe, juste pour rentrer plus facilement dans la miche de pain, mais on perdrait alors d'autres qualités.
Alors oui c'est un peu le pliant parfait pour celui qui marche dans la nature, version moderne (non je ne décrocherai pas du style Old West

). Il contentera les plus exigeants je pense.
Eric lui a vraiment trouvé le nom qu'il fallait. C'est Le couteau de bivouac, qui tiendra sa place aussi bien qu'un fixe. Je l'emmène dans les bois, mais il est aussi tous les jours dans ma poche au boulot.
