baalot a écrit:Sur la page historique de Mora, ils disent qu'ils exportaient dans toute l'Europe dès 1900. Ya pas mal d'anciens que je connais qui parlent de fixe comme d'un "couteau de rando", et qui ont bien souvent un fixe "simple" sans garde.
Du coup perso je dirais que non, ce n'est pas Plazen qui a popularisé ce type de couteaux.
Mais ya ptet d'autres avis.
AMHA:
Avant les années 80 dans notre pays les utilisateurs de lame fixes se rangeant en quelques catégories : militaires, scouts et parfois chasseurs. Et exceptionnellement "collectionneurs". Le couteau typique français c'était plutôt un pliant, simple ou multilame, qui parfois pouvait être à "cran d'arrêt" et de taille imposante.
Les militaires avaient avec eu en dotation un canif pour les usages courants. La lame fixe était essentiellement une arme conçue pour le combat, l'estoc était donc privilégié. Le grand développement c'est la première guerre mondiale afin d'équiper les nettoyeurs de tranchés. On utilisait ce que l'on avait au départ (genre couteau de boucher, clou aplati, tige d'acier aplati...par la suite des modèles dédiés comme le Vengeur).
Dans l'armée française elle ne se confondait pas avec la baïonnette depuis la fin du XIX jusqu'à la deuxième guerre mondiale car les baïonnettes françaises étaient essentiellement des piques non coupantes impropres à un usage général.
Lors de la 2GM comme les armées françaises ont été largement rééquipées par de l'armement anglais et plus souvent américain, le couteau baïonnette est devenu la règle, secondairement les dagues anglaises. Et là on a une garde,parfois une double garde.
Les chasseurs français avaient surtout des pliants jusque dans les années 80.
D'une part parce qu'ils étaient souvent d'extraction rurale (donc on utilisait ce que l'on avait dans la poche), d'autre part parce que le gibier le plus courant était le "petit gibier".
Dans certaine région quelques chasseurs, souvent plus riches, étaient plus orienté "carabine et gros gibier".
S'ils étaient de l'Est c'était l'habitude allemande, souvent des couteaux de type "nicker" porté dans une poche de pantalon donc peu ou pas de garde.
Dans le Centre c'est plus l'influence de la chasse à courre donc grande lame de tradition, simple ou double garde.
Dans le Nord Est et probablement le Nord, si un grande lame était nécessaire, on utilisait une baïonnette de la première guerre très facile à se procurer et le plus souvent gratuite, souvent d'origine allemande, donc un seul quillon.
De nos jours comme le petit gibier est devenu rare et que le gros gibier prolifère depuis les années 80, les chasseurs ont changé d'équipement. A coté des carabines on trouve des couteaux fixes.
Pas mal de baïonnette initialement, puis à partir des années 80 on a vu arriver sur la marché du matériel américain et quelques artisans français.
Les lames Ardennlame, un des premiers coutelier français moderne à travailler des acier de type US, représentent l'archétype du "fort couteau de chasse français", il y a une garde le plus souvent.
Pour les scouts, ils avaient tous un pliant (souvent multilame). Mais comme ils s'inscrivaient dans la tradition des scouts anglais/us une partie emblématique de leur uniforme consistait en un "couteau scout" qui avait généralement une garde, voir deux. Une autre tendance s’inscrivait plus dans le prolongement des "chantiers de jeunesse" avec les fixes afférents.
A cette époque, on distinguait le fort couteau à simple quillon, considéré comme un outil, de la dague à double quillon et double tranchant (ou contre tranchant affuté). On considérait, et c'était plus ou moins appuyé par la législation assez floue, que ce dernier type était une arme.
C'était donc mal vu, y compris chez les chasseurs (la bayo faisant exception, surtout chez les impécunieux, car commune et considérée comme un trophée familial).
D'une façon générale tout ce qui rappelait la guerre (habillement, équipement..) était mal vue à une époque ou la majorité des hommes l'avait faite et la quasi totalité de la population vécue encore plus dans les régions ayant été fortement impactées. C'était une "faute de goût" et on apparaissait vite comme "NostalgiqueMili", "Tartarin de Tarascon" ou simplement "*bruti".
A partir des années 80, il y a un changement de génération et de perception, partiellement du fait des films US comme Rambo et probablement avec l'augmentation du niveau de vie. Rapidement les couteaux et les modes américaines se sont imposées. Au départ Cold Steel.
Il faut comprendre qu'en dehors de Paris, on ne trouvait des couteaux que chez de rare détaillant le plus souvent des armureries. Le choix était très limité (on trouvait du français, du PUMA et quelques raretés). Pour les initiés voulant aller plus loin et qui en avaient les moyens, il existait quelques boutiques sur Paris essentiellement (Kindal, Gastine Reinette me viennent spontanément en tête)
Progressivement disons années 90/2000, sous l'impulsion des salons, des revues puis par la suite internet, le choix et le marché a changé. Des magasins "pur couteaux" sont apparu sur le territoire (ex : Coutellerie Champenoise en haut de la rue de Vesle pour Reims circa 1980).
On a logiquement vu apparaitre de nombreuses modes. Entre autre les couteaux scandinaves le plus souvent sans garde mais aussi les "couteaux de survie". L'offre d'artisan français a explosé. A partir de ce moment l'offre et la demande ont augmenté et il est difficile de dégager des tendances "simples".
Par exemple, le marché a été fortement influencé il y a une quinzaine d'année par la possibilité d'accéder à des films "Bushcraft" anglo saxons, je pense au travail de Ray Mears, et naturellement s'est développé une mode du couteau "buschraft" sur le modèle utilisé par RM. Typiquement : pas de garde, manche bois, plate semelle, émouture scandinave, dos droit, acier non inox...etc.
« … que celui qui n’a point d’épée vende son vêtement et achète une épée ».