par Madnumforce » 27 Juil 2014 14:36
J'ai lancé le fil seulement hier matin, ensuite j'ai été occupé toute la journée, j'ai passé la soirée avec des amis, et j'ai encore fait un truc ce matin. Ca s'est un peu "mal goupillé", mais j'ai quand même essayé de suivre l'évolution du fil (et cinq pages de réponses en un peu plus de 24h, faut quand même avouer que c'est un rythme de croissance élevé), sans avoir le temps ni la disposition d'esprit adéquate pour répondre. Mais là maintenant j'ai du temps, donc je réponds.
C'est vrai que je réagissais en particulier au retour des deux couteaux que j'avais vendu à Aquinatis (mais remboursé dès que j'ai appris la "catastrophic failure", parce que je n'étais pas motivé à en refaire de remplacement dans l'immédiat), mais j'ai aussi eu le problème de léger voilage sur la mini-machette de Heimdall, et encore d'autres problèmes sur la petite série que je commercialise avec un revendeur. J'ai probablement été excessif dans ma description de l' "utilisateur butor", sans que ça vise quelqu'un en particulier. Le fait est que lors de mes tests, je n'ai eu des problèmes sur ce type d'outil (voilage léger du tranchant) que lorsque j'utilisais le couteau "n'importe comment", c'est à dire sans faire gaffe aux angles d'attaque, avec une prise en main inadaptée qui ouvrait la possibilité que la lame twiste dans la coupe, etc... J'ai eu, un jour, un gros éclat dans une lame de "prototype" que j'avais complètement revenu à l'arrache, en batônnant dans du robinier sec.
Ca vient aussi du fait que je ne prends jamais qu'un seul couteau. J'en prends souvent trois ou quatre, dont une serpe. Pour me frayer un chemin dans des tiges tendres, je prends la mini-machette, dont la légèreté permet une utilisation sans fatigue, et qui rentre comme dans du beurre même dans de la moyenne section (3-6cm) fraiche. Dans toutes ces utilisations, sauf à ce qui regarde la portée due à la longueur de la lame, mes mini-machettes ont des performances supérieures aux machettes traditionnelles. Quand une petite tige dure et de mauvaise augure se présente, bah je retourne simplement la lame pour me servir du dos afin de casser la tige. Quand se présente une plus grosse branche, je switche soit sur le gros couteau/serpe, soit sur la scie, soit, exceptionnellement, sur la hachette. Du coup, c'est vrai que je ne "teste" pas mes outils: je les utilise comme si je devais les faire durer.
Cependant, je reconnais qu'un des deux couteaux, celui que j'avais appelé "couteau de camps", avait probablement un tranchant trop fin. Mais j'ai aussi de sérieux doute sur l'acier: c'étaient des prototypes que j'avais fait découper dans une certaine entreprise de découpe laser thiernoise il y a des années, et il se peut qu'ils m'aient refilé n'importe quoi (j'ai d'ailleurs depuis pu constater à maintes reprises, chez eux, une conscience professionnelle pour le moins limitée). Cependant, lors de mes propres tests, la tenue de fil était bonne et aucune déformation n'a été observée. Je n'avais pas de raison, alors, de suspecter qu'il était défectueux, et donc de pousser les tests plus loin, jusqu'au défaut. En recevant les couteaux, j'ai bien sur été estomaqué des dommages qu'ils avaient subis. Et il s'avère qu'après de rapides tests, ce qui a reproduit les dommages les plus ressemblants, c'était de planter la lame dans une tige de cuivre, et de la twister. Il y a de quoi se poser des questions, tout de même! Troublé, j'ai cependant présumé de la bonne foi d'Aquinatis (puisqu'il n'y a qu'avec lui que j'ai communiqué, à aucun moment on ne me fait savoir que ces couteaux étaient passés entre plusieurs mains, et qu'il y avait eu un accord de silence, égard dont je suis reconnaissant), et j'ai lancé ce fil avec comme exemple de cause de dégâts l'utilisation dont il m'avait parlé, à savoir des branches fines, sèches et dures (si j'ai bien compris, celles qu'on trouve à la base des sapins).
Je n'ai aucun compte à régler avec personne. Si j'ai lancé ce fil, c'est vraiment parce que je m'interroge sur où placer le curseur. J'ai une tendance à émoudre très fin, probablement trop fin. J'ai mesuré non pas 5/10 au niveau du tranchant de la mini-machette, contrairement à ce que je croyais, mais 35/100, parfois même 30/100 à certains endroits. Et là, je parle bien derrière le biseau convexifié du tranchant, au commencement de l'émouture. Le résultat, comme je disais, c'est que ça rentre comme dans du beurre dans du bois aux veines droites et quand on a des angles d'attaques parfaitement contrôlés. Le problème, c'est qu'il faut peu de choses pour voiler un tranchant aussi fin, voire l'éclater. Je me suis peut-être éduqué moi-même, par mes propres couteaux, à avoir cette discipline de coupe (ou inversement: cette pratique de coupe seule permet l'utilisation de ces couteaux, et donc leur existence), mais je trouve qu'en terme de performance, le gain est clair: excellente pénétration, bonne coupe, fatigue faible. Je pensais que cette pratique était relativement courante, ou venait naturellement à l'utilisation du couteau, et donc que cette finesse de tranchant, condition de performance mais cause de fragilité, ne posait pas problème.
Contrairement à ce qu'Aquinatis a laissé entendre, je remet perpétuellement en question mon travail. J'ai une quantité colossale de lames qui ne sont pas destinées à être finies un jour, parce qu'elles ne me donnent pas satisfaction. Je me dis plusieurs fois par mois: "Mais qu'est-ce que j'ai foutu, ce couteau c'est vraiment de la merde". Et en deux ou trois coups dans un morceaux de bois, je sais si un couteau est merdique, correct, ou vraiment réussi. Et le N.6 que j'avais joins dans le colis à Aquinatis (sans autre assurance que la confiance que j'avais en lui pour me le renvoyer) pour être testé au BAB est probablement ma plus grande réussite so far. Et celui-ci, tout en étant très performant, est aussi absolument foolproof. Il resterait peut-être quelques changement à faire au niveau de l'ergonomie (poignée un peu hypertrophiée), mais ça c'est un putain de couteau de camp de sa race. Et Aqui l'avait entre les mains pour comparer. Je ne sais pas s'il a circulé au BAB ou non... Indéniablement, il est la preuve que je ne me cantonne pas à de la théorie de forum! Mais c'est pas le même travail de conception, de réalisation, ni le même prix...
Bon, je retourne taffer. J'espère avoir dissipé les malentendus, et éclairci un peu la situation. Il y a effectivement un peu friction entre Aquinatis et moi, probablement parce qu'on s'est mutuellement mal compris.
Je pose cependant réellement la question de ce que chacun pense d'où placer le compromis entre performance et robustesse, et peut-être aussi, des "mauvaises habitudes" que peuvent donner les couteaux industriels, souvent très foolproof, mais peu performants (les Condor étant un exemple typique).