Ghjallone a écrit:Did a écrit:Dois-t-on faire le même traitement thermique?
Pas certain. D'une part comme la lame est structurellement plus solide il est peut être judicieux de viser une dureté plus importante. D'autre part, on doit essayer de préserver au maximum la distribution homogène initiale des carbures et donc probablement éviter les revenus à haute température.
Sur certains aciers, un revenu à haute température est utilisé pour atteindre un pic de dureté secondaire (si c'est le bon terme Français...)
Il me semble que c'est le cas pour le CPMD2, et j'ai lu le boss de LionSteel dire que c'était la méthode utilisée pour leur dernier fixe, en M390.
Je croyais que cette méthode permettait d'augmenter la dureté en conservant la résilience, tu penses que ça n'est pas toujours le cas?
Toujours d'après ce que j'ai compris (mais je ne suis ni coutelier ni métallurgiste) :
Un bon document de chez Uddeholm sur les aciers pour outils ici (p.10 et 12) :
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q= … 2s&cad=rjaSur le D2 on a effectivement deux pics sur la courbe de revenue (typique des aciers inox), donc en théorie sur l'exemple ci-dessous on a la même dureté à 250 et 550°C :

D'une part, la courbe de revenue dépend de la température de trempe comme le montre ce schéma. D'autre part la dureté sera aussi fonction du traitement thermique avant le revenu (pour le cas du D2 : cryo ou non cryo).
On peut sauter l'explication longuette du passage suivant.Le D2 c'est un acier utiliser pour les outils (Die steel n°2) qui existe depuis un moment. On cherchait donc à lui donner une résistance maximale pour cette application industrielle dans un temps où la trempe cryogénique n'existait pas (ou peu). Sans cryo lors de la trempe on avait plein d'austénite résiduelle, ce qui justifiait que systématiquement on utilisait le second pic de revenu afin de limiter l'austénite comme le montre le schéma.
Cela justifiait aussi un double ou triple revenu. Accessoirement les carbures étaient remis en solution à ces hautes températures et cela renforçait le coté "semi inoxydable". Cela permettait aussi de faire des traitements de surface de type nitruration qui renforçait la qualité de l'outil.
Voici un schéma typique du traitement industriel du D2 :

Pour une lame faites de façon traditionnelle : Sans traitement cryogénique, l'utilisation du pic de dureté secondaire (550°C) lors du revenu pour un couteau permettait d'augmenter la dureté (par transformation de l'austénite en martensite revenue) ce qui donne aussi une lame plus stable et plus solide dans la pratique (l'austénite ne risque pas de se transformer toute seule au cours du temps). Ce premier revenu devant être suivi d'un second revenu (pour stabiliser la martensite nouvellement formée). Tout ça c'est parfait pur un outil industriel et bien pour un couteau si on n'a pas accès à la cryo. Pour arriver là.De nos jours on peut faire un traitement cryogénique (évidemment c'est plus cher) qui va laisser bien moins d'austénite résiduelle à la fin de la trempe (qui est plus complète) que sur le schéma ci-dessus. Si on pratique après deux revenus (ou trois, encore plus cher) on élimine pratiquement totalement l'austénite et la lame n'est composée que de martensite transformée. La lame est un poil moins solide mais ça fait un meilleur couteau pour couper selon Roland Landes. Mais il y a débat.
Pour du CPMD2 : AMHA, moins on vient perturber la distribution des carbures, mieux c'est. Il me semble logique de faire une trempe cryogénique et deux ou trois revenus autour de 200/250°C. De ce fait on obtient une lame homogène, très dure et résistant bien à l'abrasion. Ce qui est l'objectif quand on utilise du CPMD2, par exemple pour vider plusieurs sangliers couverts de boue sans affiler la lame. Si on veut une lame très solide, on devrait prendre autre chose que du D2 ou du CPMD2.

« … que celui qui n’a point d’épée vende son vêtement et achète une épée ».