Comme l'a souvent rappelé Achim, la métallurgie est vraiment un sujet très compliqué. Mais vraiment.
En métallurgie comme en toute discipline (un ensemble de disciplines, plutôt) basée sur une volumineuse documentation expérimentale et à la frontière de disciplines scientifiques (cristallo, thermodynamique, chimie, etc. …) et d'états physiques mal observables en direct (solution solide, matière en fusion), il existe une quantité de légendes urbaines et de doctrines qui ont la vie dure et d'autres qui sont présentées comme révolutionnaires.
La complexité de cette discipline est telle que même en ayant démontré la fausseté ou la véracité de telle ou telle théorie ou méthodologie, il se trouvera toujours des "experts" pour prétendre le contraire avec profusion d'arguments qui paraissent justes à la vue du "profane" ou même du "non-expert éduqué de bon niveau". Souvent pour des raisons commerciales; faire du compliqué, du spécifique, du "magique", c'est vendeur. On observe ça sur beaucoup de produits, pas seulement les couteaux, vous l'avez tous remarqué. Et je ne parle pas seulement de la crème qui fait maigrir le ventre pendant la nuit …
Après, peut-être, à mon humble avis, faut-il faire la part des choses et se dire que pour une lame de couteau pliant il n'est peut-être pas nécessaire de se torturer l'esprit parce que les organismes d'état ne déploient pas cinq ou six heures tous les week-end au CERN pour analyser les effets d'une triple trempe sur une nuance d'acier qui n'est plus au programme de fabrication des aciéristes européens.
En conséquence la démarche de Moss est très bien - assortie à une compréhension de ces documentations. Et puis, il se revendique lui-même d'une démarche de démystification ; et ça j'adore
D'autre part, il ne faut pas désespérer : l'Europe ne manque pas de couteliers-métallurgistes qui passent un temps infini à développer les pratiques, la recherche expérimentale, les reconstitutions de méthodes historiques, à échanger ensemble et avec les jeunes et ne sont pas avares d'information. Le tout est de s'informer, de les rencontrer et d'apprendre avec humilité. Car même un ingénieur a beaucoup à apprendre d'eux sur ce domaine spécifique et pointu.
Mais ce forum en particulier ne regorge pas de ces gens. Il y a ici essentiellement des acheteurs et des collectionneurs de couteaux, non pas que nous soyons fermés aux autres, au contraire, mais c'est ainsi.
Concernant ceux qui ne lisent pas l'anglais, j'ai souvent pensé traduire Verhoeven car j'ai pris plaisir à la lecture de ce document bien construit et pour une fois adapté à la coutellerie, mais je ne sais pas ce qu'il en est des droits d'auteurs, donc blocage psychologique
