je ferais bien un topic sur les damas un jour.
Mais j'ai la flemme et puis surtout j'attends d'avoir un peu plus de recul et d'avoir appris plus de choses car vous vous doutez bien que ce n'est pas en école d'ingénieur qu'on vous apprend les arcanes du damas - en plus ça fait un moment que je suis sorti de l'école. Je ne me déclare pas compétent pour l'instant pour donner des explications …
vous êtes libres de ne pas adhérer ou de contredire comme d'habitude, mais voilà ce que je pourrais dire si jamais j'avais deux ou trois mots à dire sur le sujet précis qui nous occupe dans ce thread :
dans la zone de soudure, le carbone migre dans l'acier à la vitesse de l'éclair. C'est un fait indiscutable. (Dans les temps anciens, à l'époque où l'on corroyait des lopins ensemble pour raffiner l'acier, comme encore le cas pour les forgerons traditionnels de sabres jap', c'était un sacré bienfait.)
Ce fait d'ailleurs devrait tuer dans l'oeuf
le mythe qui a pourtant la peau dure que pour faire un bon damas, il faut de l'acier dur et de l'acier mou. Avec nos aciers modernes au carbone c'est faux :
il ne faut pas utiliser d'acier qui par lui-même n'aurait pas fait une lame coupante.Si on prend un damas dont le lopin de départ serait composé de 4 barres d'acier à 0.18%C et de 6 barres d'acier de même épaisseur que les précédentes à 0.76%C comme ce pourrait être le cas qui nous occupe, bien avant qu'on atteigne la cinquantaine de couches (ça dépend des dimensions), le carbone aura migré et formera (4x0.18+6x0.76)/10=0.528%C, ce qui est médiocrement trempable et ne tiendra pas la coupe. Effectivement la lame sera exceptionnellement tenace, mais elle ne coupera pas …
Un acier au nickel retardera la migration mais elle aura lieu tout de même, vu le temps qu'on passe à la forge pour fabriquer un damas.
Une solution qui a été tentée : des couches de nickel pur bloquent la migration. On se retrouve avec de belles couches bien distinctes mais le nickel ne développe pas de structure de trempe, et du nickel sur le tranchant … c'est craignos (terme technique) … Il semble qu'on retrouve un pouvoir de coupe au-delà de quelques 5000 couches d'acier et de nickel pur, mais c'est pu du damas … c'est quasiment un alliage. (je grossis le trait)
Deux solutions, millénaires, sont à disposition : réserver l'acier "dur" pour le tranchant et l'acier ductile pour le reste de la lame (sandwich, tranchant rapporté, katana etc. … ) ou bien réaliser des torsades de deux (ou plus) aciers de coutellerie qui par leurs enroulements lutteront opposeront une résistance macro-mécanique aux contraintes au lieu d'une résistance intrinsèque.
hihihi : si Achim passe dans le coin, il va sûrement me fouetter sauvagement et vous expliquer où je me suis trompé - mais j'aurai appris quelque chose alors