Hum.… le problème ce ne sont pas les chiffres en vérité, mais le ressenti d'abord. Bien sûr on peut confirmer ce ressenti par des chiffres.
Je m'explique: je prends un camp chez Busse, et un Lurquin. Tiens ça tombe bien, j'ai les deux sous la main. A priori les deux couteaux sont "semblables", lourds, épais (pas loin de 8 mm au ricasso, sur un couteau de presque 40 cm de long, et avec de belles hauteurs de lames, plus de 5 cm pour le Lurquin). En se servant des couteaux comme d'une hache, on peut globalement considérer les lames comme identiques, et la qualité moindre du Busse vient surtout de la plate semelle qui répercute le moindre choc jusqu'à l'épaule.
En revanche taillons un truc: le Busse ne vaut rien, zéro. Du moins tel quel. Ce sont deux full flat, mais effectivement le Lurquin est quasiment zéro grind, avec un fil bien moins épais juste au-dessus du tranchant, alors que le Busse est déjà énorme 2 mm au-dessus du fil. C'est dur de mesurer ça, "l'épaisseur du tranchant". Ou ça? A quelle hauteur? On peut donner l'illusion comme chez Busse d'un tranchant magnifique, avec un beau convexe, mais qui reste quand même super épais, et du coup ça marche oui, mais comme une hache seulement.
J'ai aussi quelques grandes lames avec un léger creux, hollow grind donc: ça coupe pas mal, mais de travers, le couteau rentre dans le bois, et en suivant la courbure de l'émouture s'encastre trop profondément. Un Plazen est lui plutôt épais, et pourtant marche mieux, le couteau rentre juste ce qu'il faut. Ni trop peu, ni pas assez. Dans kle genre pas assez un swamp rat, un petit Busse, sortent des copeaux de misère, le fil trop épais, même convexifié, éjecte la lame du bois à la coupe.
Ce qui prévaut à mon sens, c'est vraiment le ressenti, combinaison de la géométrie, de l'acier, du traitement thermique, de l'ergonomie (le dessin de la lame donc) mais aussi de... l'affection qu'on porte au couteau: impossible de couper un truc proprement avec un schlass qu'on n'aime pas. Si si, je vous jure.….
Moi plutôt que les chiffres je préfèrerai les tests, les impressions. Pour ça évidemment il faut utiliser le couteau, vraiment. Les américains aiment bien les tests, mais ils n'ont chez eux que des parpaings ou des cheveux à couper: rien entre, en tout cas pas les trucs qu'on coupe au couteau habituellement. Les bouts de bois pour la cabane du gosse, les piquets pour le tarp (quoi? Il te plaît pas mon tarp?). En dehors des couteau de cuisine, ou des couteaux qui ne serviront qu'à table, le bois c'est pour moi là qu'il faut tester ses couteaux.
Je connais aujourd'hui les défauts de mes Plazen, avec des lames parfois trop dures pour l'outdoor, mais je n'arrive pas à m'en séparer: je n'ai rien vu de mieux en terme de qualité de coupe, et chez lui on sait vraiment que ça vient de la combinaison acier+émouture+ traitements.…
Certains de mes PH coupent un peu moins bien que mes Plazen, mais je sais que j'aurais du mal à trouver mieux en Outdoor: ce sont vraiment des couteaux faits pour en chier, pour TOUT faire, sans risque d'y faire des dents, de casser une lame. Sans problème à l'affûtage. Des trucs avec lesquels je peux ébrancher un arbre, faire une salade de tomates, tailler un wood spirit (pour faire plaisir à christobal, mais moi je préfère les crânes, de vieux relents punks), ouvrir le courrier, faire le bois pour le feu, dénuder des fils électriques etc etc.…
J'ai eu des Mayo et par exemple un bivouac d'EP: là c'est encore plus subtil, mais je trouve que le bivouac est un meilleur couteau (beurk l'émouture creuse du Mayo), avec un fil mieux foutus (quasiment pas de biseau secondaire), et même si je ne collectionne pas les Parmentier, je lui tire mon chapeau pour la qualité de coupe de ses lames.…
Bref avec des chiffres on peut éliminer des "loups", les trucs vraiment trop gros, ou au contraire inadaptés (l'émouture creuse dans les bois), mais certainement pas qualifier un couteau comme "bon" ou "mauvais". Il faut jouer avec pour ça, longtemps.… Oui longtemps, parce que je pense qu'on prend de l'expérience avec le temps: j'ai trouvé chouettes des couteaux il y a deux ans dont je ne voudrais pas en cadeau aujourd'hui