La chose nous est arrivée une fois, dans le cadre d'un article comparant des couteaux de cuisine de grandes marques présentes sur le marché et j'en étais vraiment navré pour le coutelier (en réalité, il s'agissait de couteaux de cuisine d'une manufacture thiernoise que j'apprécie vraiment ; les couteaux ne coupaient pas du tout...) et nous avons publié l'essai en désespoir de cause, après en avoir parlé au fabriquant. Le résultat a été positif en un sens : la patronne de l'entreprise m'a dit que bien entendu, elle n'avait pas été très contente, mais qu'après réflexion avec son staff, elle avait fait l'acquisition d'une machine à émoudre performante et depuis, les choses se sont considérablement améliorées.
Dans certains cas, nous pouvons faire évoluer positivement les choses, mais l'exercice demeure délicat et cet article reste l'un de mes plus mauvais souvenirs.
On peut dire les choses avec nuance, mais cela demeure tout de même très délicat. C'est la raison pour laquelle j'évite les essais comparatifs, me cantonnant à donner les plus et les moins d'un couteau, en gardant à l'esprit que les conséquences peuvent être dommageables pour le fabricant.
Et dans le cas de couteaux d'artisan, plus encore.
Même lorsqu'on est de bonne foi, le doute subsiste et il faut être très prudent.
Taire des défauts rédhibitoires serait quelque part malhonnête et sincèrement, la chose ne m'est jamais arrivée, par contre, ne pas faire état de conclusions négatives pouvant être subjectives, cela fait partie de mon rôle, après concertation avec l'auteur.
Et en général, lorsqu'un auteur me propose un article sur un artisan, c'est qu'il a une certaine empathie pour son travail, je ne vois pas trop l'intérêt de parler de gens que l'on apprécie pas. Il est arrivé qu'un auteur refuse une "commande "d'article, pour des raisons personnelles, c'est humain, non ? Les auteurs qui collaborent à mon magazine sont des auteurs occasionnels, pas des collaborateurs "aux ordres", et c'est sans doute pour cette raison que mag garde une certaine tenue. Ensuite, on l'aime ou on ne l'aime pas, c'est un autre problème, mais nous sommes dans un créneau passionnel, autant rester dans le positif, sauf lorsque se dégage une certaine unanimité, mais la chose est vraiment rare. Et surtout, j'évite tout ce qui pourrait ressembler à un règlement de comptes personnel.
Je le disais encore ce WE à un distributeur : je sais que vous ne m'achèterez jamais de pub, mais je continuerai à présenter positivement les fabricants que vous distribuez, parce qu'ils font du bon boulot. On appelle cela la déontologie, je crois. Et je persiste à croire que c'est le seul moyen de rester crédible.