Une lame décentrée (au point ou c'est gênant), ou qui a du jeu, un lock qui s'enclenche mal, un voilage général, de l'acier mal trempé… Pour moi, ça c'est des défauts techniques à éviter coute que coute, que ce soit un custom, un indus ou un couteau traditionnel. Mais je ne crois pas qu'on parle vraiment de ça.
Par contre le coup de marteau artistiquement à côté, un noeud dans le bois ou même des trous de vers dans le manche, une patine profonde ou des restes de forge sur une lame, c'est une autre affaire. Ça fait partie d'une recherche esthétique au même titre que le titane stone washed ou anodisé, le tiré en long ou le poli miroir. C'est tout aussi difficile à faire et il faut autant de talent pour bien faire l'un ou l'autre. Après à certaines périodes de sa vie on peut aimer l'un, puis un jour apprécier le contraire, c'est une question d'itinéraire.
Il y a d'un côté des objets moderniste qui incarnent une certaine idée de la perfection mais qui supportent très mal le vieillissement. Ils ont besoin d'entretien pour rester pareil. Ils sont au top de leur beauté lorsqu'ils sont neufs et intacts. On voit très peu de vieux Mayo, usé par une longue utilisation quotidienne... (j'en ai jamais vu en tout cas)
D'un autre côté il y a des objets qui ne demandent qu'à vieillir, à se ternir ou se rayer. Il se bonifient par les ternissures du temps et ont besoin de très peu d'entretien. Neuf ils sont moins intéressant, leur beauté augmente avec le temps et les traces qu'il laisse sur eux.
Certains photographes recherchent des vieux objectifs avec des défauts, une lentille rayée ou fendue par exemple, ou des vieux appareils avec des dépoli piqué. Pourquoi ? Parce qu'ils peuvent faire avec des photos qui ont un petit truc en plus, un flouté dans une partie de l'image, une douceur dans la lumière, qu'un objectif nickel et parfait n'arrivera jamais à rendre.
