Un nouveau rémouleur s'est installé dans le morbihan.
Dans le principe, je trouve ça très bien.
Le type ne veut pas qu'on l'appelle "rémouleur", il préfère "affûteur"… Je commence à me dire qu'il y a du marketing là dessous, comme lorsqu'un coiffeur se fait appeler "capilliculteur biocosméticien"…
Mais bon à la limite pourquoi pas, ça ne cause de tort à personne même si j'ai personnellement tendance à attacher une très forte connotation négative au terme "affûteur" (de cuisine (celui avec les rondelles)).
Nan, ce qui me dérange vraiment, c'est que l'article parle de "remède contre l'obsolescence programmée [des couteaux]" et en fait même son titre.
J'ignore si le choix du terme vient du journaliste ou de "l'affûteur" lui-même (auquel cas le journaliste n'a de toutes façons pas fait son boulot en le retranscrivant tel quel), mais dans ce contexte précis c'est soit une preuve d'ignorance, soit de malveillance.
Dans le meilleur ces cas, le journaliste n'a pas la moindre idée de ce que signifie "obsolescence programmée" et (ré)utilise ce terme un peu a pif dans le but de donner une image "cool/green" du rémouleur (pardon... de l'affûteur) qui lutte contre la méchante société de consommation en donnant une "deuxième vie" aux couteaux émoussés. C'est très maladroit, compte tenu de ce que signifie réellement ce terme, et dénote que l'auteur n'accorde que peu d'importance au sens des propos qu'il déverse sur la toile.
Dans le pire des cas, le journaliste sait parfaitement ce que signifie "obsolescence programmée" et (ré)utilise consciemment ce terme pour sous-entendre que les couteliers feraient exprès de concevoir des couteaux qui s'émoussent dans le seul but d'en vendre le plus possible. Une théorie complotiste des bas étage dont le rémou... l'affûteur serait le héros venu libérer les pauvres consommateurs pris en otage.
Dans tous les cas, je n'appelle pas cela du journalisme. Je n'aurais pas trouvé l'article plus ridicule s'il avait fait état de "l'obsolescence programmée" des crayons gris avec lesquels on ne peut plus écrire lorsque leur mine est usée, avant de nous présenter Robert Dugland: le héros des temps modernes qui vient, armé d'une taille-crayon, leur donner une "seconde vie" et lutter contre cette nouvelle dérive de notre société de consommation.
Attention: je ne prétend pas que tout le monde est supposé savoir (ni même vouloir) affûter ses couteaux au même titre qu'on attend du commun des mortels qu'il sache utiliser un taille-crayon. Et le rémou... l'affûteur, à qui on délègue ce travail parfois intimidant, souvent fastidieux, est parfaitement légitime dans ce rôle. Mais de là à nous survendre le mec en essayant de nous faire croire que son rôle est de corriger les travers d'une société rongée par la recherche du profit immédiat, j'appelle ça prendre le lecteur pour un con.