Hé, j'ai jamais dit que j'avais honte
Non, au départ, devant les regards réprobateurs de mes concitoyens lorsqu'ils me voyaient sortir un Laguiole au restaurant, j'expliquais, embarassé, que les couteaux des restos ne coupaient pas, que je pouvais avoir besoin d'une lame pour ouvrir une enveloppe (j'ai aucune force dans les bras), pour couper net un lacet effiloché etc...
Bien évidemment, ces explications vaseuses ne convainquaient personne et, au contraire, m'enferraient dans l'attitude du pervers qui tente de se justifier.
Un jour, j'ai été touché par la Lumière.
Quand je sors une lame, même une grosse (pour une utilisation citadine, hein, je sors par mon Vaquero Grande le midi, au self), et que je sens une gène autour de moi, je lance un "Ouais, j'ai toujours un couteau sur moi. C'est de famille. Ca ne vous ennuie pas, au moins?".
On me répond alors "non non", puis l'incident est clos. Et mes collègues et amis savent tous me trouver quand il faut couper quelque chose. Ma perversion est admise, je me sens bien. Comme le "turn over" de mes lames est rapide (vu leur nombre...), c'est même devenu un jeu de parier sur le type de couteau que je porte sur moi au jour J.
A table chez des amis, on sait que je vais repousser dédaigneusement le laguiole Taiwanais du set de table pour faire claquer le ressort de mon Mongin. Et les Hommes me regardent avec envie
La vie est simple et belle, non?