par Madnumforce » 08 Mar 2016 12:10
Oui, monture à calotte et plateau de garde à trois branches => cavalerie légère, modèle 1822, 82 ou 86 (bref, les descendants du 1822, c'est à dire du 1816, mais il est trop rare pour être prit en compte)
Lame droite à double gouttière, pan creux "symbolique" => lame du modèle 1854
Calotte et garde sans fioritures => modèle de troupe
Donc déjà, on sait que cette arme est très probablement un remontage. La lame est du modèle de 1854, mais le 54 était un sabre de cavalerie de ligne (ou cavalerie de réserve, donc cuirassiers et carbiniers), donc garde à quatre branches normalement, or ici la garde à trois branches, est de cavalerie légère. La généralisation de la garde à trois branches pour toute la cavalerie a eu lieu à l'occasion des réformes de 1882. Donc cette arme est un remontage postérieur à cette date. La longueur de la lame permettrait de dire à quel type d'unité il était destiné: 95cm pour les cuirassiers, 92.5cm pour les dragons, 87cm pour la cavalerie légère. Les poinçons sur le talon de la lame et le plateau et les branches de garde permettraient peut-être d'en savoir plus. Généralement, le dos de la lame est aussi inscrit de son lieu et date de fabrication, qui donc devrait être postérieur à 54, et antérieur à 82, si toutefois il est encore présent. Mais l'origine de la monture ne pourra être déterminée, si c'est possible, que par les poinçons.
Edit: Ahah! En lisant le fil sur le forum passionmilitaria, j'ai été saisi d'un doute, car le dernier intervenant montre deux gardes différentes, l'une où les deux branches latérales se détachent bien, et l'autre où elles ne forment qu'une seule masse, moins détaillée, attribuant la première au modèle 1822, la seconde au modèle 1882. Il s'avère qu'en fait, d'après l'ouvrage de Mrs Ariès et Pétard, Armes Blanches Réglementaires Françaises, le deuxième type de garde est en fait celui distinctif du modèle 1886. Par contre, la calotte du 1882 (comme celle du 1854) a une échancrure marquée au niveau du crochet qui attache la branche de garde principale à la calotte, alors que les calottes des modèles 1822 et 1886 forment une courbe moins exagérée, en chapeau de gendarme. Bref, on pourrait avoir une lame de 1854, raccourcie en 1870/1882, montée sur une monture composite à calotte 1854/1882 ou 1822/1886, et garde 1822/1882 ou 1886.
Dernière précision: la lame des 1882 et 1886 est très reconnaissable: elle a une profonde gouttière à fond plat, ce qui dégage un dos quasiment en T. Cette lame a été la première fois utilisée sur les sabre-lance du mousqueton Treuille de Beaulieu (qui était parfaitement ridicule), et sera aussi utilisée en forme yataghan sur la baïonnette du Chassepot 1866, puis du Berthier 1892. Cette section est théoriquement censer regrouper les avantages du tranchant nécessaire à la taille, et de la rigidité nécessaire à l'estoc. Sur ces baïonnettes, les lames sont effectivement d'une grande rigidité pour leur longueur, mais apparement les lames des 1882 étaient réputés trop "faussantes" comparés au 1854, et n'avaient pas la courbure préférée par la cavalerie légère. Il semblerait que le modèle de 1886 devait remédier en partie au manque de rigidité (en utilisation de cavalerie lourde, c'est à dire quasiment comme une lance) des 1882, sans que ce soit un succès éclatant. Le 1822 restera la sabre à tout faire, encore jusque pendant la Première Guerre Mondiale.
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Madnumforce le 08 Mar 2016 13:01, édité 3 fois au total.