Bonjour Algernon.
Tu sais, nous sommes une PME (un gérant, deux ouvriers et un apprenti) et chez nous les études de marché sont plutôt sommaires. En gros, c'est beaucoup de système D. Comme il n'y a pas vraiment d'outillage à amortir sur le Français (pas de matrice ou de moule, seulement de la découpe laser, soit juste un programme), Le calcul se fait plus sur le carnet de commandes et sur les échos de nos clients, de la presse, etc.
Le Français nouvelle version a été lancé il y a 4-5 ans et on a du en vendre pas loin de 5.000. Par rapport à l'ancienne version, c'est beaucoup. Par contre, par rapport au 9.47 (couteau de table) c'est peu (9.47 = 10.000 en 3 ans). Il faut savoir que nos capacités de production limitent la distribution (je peux faire 10 Français par jour, mon collègue met autant de temps pour faire 80 9.47).
Alors si on met tout ça en perspective avec les chiffres d'opinel ou de victorinox, ou même de certains fabricants de Laguiole, c'est tout petit.
Vous me direz alors que c'est pas les mêmes prix ni le même niveau de gamme.
A côté des couteliers travaillant à la pièce, au contraire, ça va sembler énorme. C'est pas la même démarche ; notre objectif, c'est d'installer une marque fiable et durable, avec des impératifs de formation en vue d'une perpétuation de notre histoire et de celle du savoir faire thiernois. Nous essayons aussi d'être une vitrine de ce savoir faire, en direction si possible d'un public assez large, ce qui impose de faire l'effort de se rendre accessible. Cela nous empêche donc, dans une certaine mesure, de ne proposer que des pièces uniques ou trop audacieuses, hasardeuses du point de vue de la rentabilité ou à des prix prohibitifs.
En bref, notre création, c'est davantage la référence de notre marque que l'originalité d'une pièce.
Donc nous sommes une des nuances de couleurs de la palette, quelque part vers le milieu. Le rôle des entreprises de notre taille se construit sur la diversité, permet et encourage la liberté de création des uns, les tarifs avantageux des autres.
Donc pour répondre à ta question, ça dépend de la taille du coutelier. Pour certains, 50 est un succès, pour d'autres 50.000 seront à peine suffisants.
Pour nous, arrivés à 2.000 on est déjà contents (pour les couteaux pliants s'entend, si on vendait 500 Bowies ce serait également un beau succès mais ça me prendrait plus d'un an

).