Salut.
Je ne sais pas si j'ai déjà ouvert un post sur un coutelier. Je me lance ici, car je n'ai trouvé aucun fil concernant ce monsieur, qui me semble pourtant faire partie des pointures. Je profite de la réception d'un couteau venant de son atelier pour ouvrir ce fil.
Il ne me semble pas en avoir vu plus de deux ou trois sur le fofo, mais sait-on jamais, peut être qu'un fil dédié en fera sortir quelques uns du bois.
Alexander Cheburkov semble être sur la toile connu positivement. Les différents forum étrangers ne tarissent pas d'éloge quant à la qualité des couteaux produits, et il fait preuve de pas mal d'inventivité dans son "créneau" je trouve. Souvent comparé à Shirogorov, parce que Russe aussi et faisant le même style de couteaux, en moins cher (je résume).
J'ai un peu de mal à qualifier sa production, je ne pense pas que la plupart des couteaux qu'on trouve actuellement soient "custom" vu qu'ils sortent du "workshop", son atelier qui emploie une trentaine de personnes. D'où mon choix de poster dans ce sous-forum. Sur le net j'ai vu ces couteaux là, et d'autres au ramage plus... Bigarré et au prix multiplié par 5. J'imagine que ces derniers sont les "purs custom".
Enfin bref, je n'ai pas grand chose à vous apprendre sur ce coutelier, d'autres en sauront certainement plus. Je vous mets quand même une traduction d'une interview que j'ai trouvé intéressante concernant le parcours et la démarche du monsieur. Soyez indulgents, j'ai traduit ça à la volée d'un texte anglais, lui même traduit d'un texte allemand, lui même traduit du discours en Russe de Cheburkov...
Je n'ai pas trouvé de date à cet article, il est paru en Anglais sur knife-blog.com. Je ne l'ai pas intégralement traduit (mais presque). Le lien vers l'article en anglais pour ceux qui veulent: https://knife-blog.com/interview-with-a … cheburkov/
L'interview:
La première apparition d’Alexander lors d’un grand salon hors de Russie à eu lieu lors du « IWA Outdoor Classics 2017 » (Nuremberg). En Europe et aux US, Le coutelier Russe Alexander Cheburkov n’est alors connu que de quelques initiés, maintenant, ses couteaux ont conquis le monde
Alexander habite à Pavlovo, une petite ville au bord de la rivière Oka, dans l’oblast (région) de Nijni-Novgorod à environ 100 km au sud-ouest de cette dernière.
Durant l’ère soviétique, Nijni-Novgorod était l’un des bassins de l’industrie de l’armement Russe. En plus des usine d’armes et d’engins de guerre, beaucoup d’usines métallurgiques et d’innombrables ateliers ou de plus petites armes étaient produites étaient installés.
Seules quelques compagnies ont su changer leur production vers des bien de consommation civile après l’effondrement du bloc soviétique, ce qui causa la perte d’emploi de centaines d’ouvriers qualifiés en mécanique, usinage et métallurgie dans cette région.
Alexander Cheburkov nomme cette période (entre 1990 et les années 2000 « des années de chaos » :
« Il n’y avait plus de travail, et quiconque ne souhaitait pas quitter la région devait trouver un moyen de gagner sa vie. A l’époque, je sautais sur n’importe quelle opportunité pour faire de l’argent, ce furent des temps difficile, nous devions vivre au jour le jour. »
Knife blog : Comment en êtes vous arrivé à devenir coutelier après avoir été ouvrier dans l’industrie ?
Alexander Cheburkov : Comme je vous le disais, dans les années 90, j’ai réparé des voitures, travaillé sur un site de construction et créé toutes sortes d’outils du quotidien en métal. Travailler le métal est ma profession et à un moment ou à un autre, il était inévitable que je fasse un couteau.
KB : Quel à été le développement, depuis le premier couteau jusqu’à aujourd’hui ?
AC : Au départ, je faisais des couteaux simples pour la chasse et la cuisine pour qu’avec ma famille on puisse garder la tête hors de l’eau. Les clients appréciaient mes couteaux parce qu’ils étaient bien réalisés, fiables et durables. De plus en plus de gens ont entendu parler de mes couteaux par le bouche à oreille, ce qui m’a permis de produire, et j’ai investi une grande part de mes bénéfices dans l’achat de machines neuves et plus performantes.
KB : Cela sonne comme une version Russe du rêve Américain ! Vous avez atteint un haut niveau en terme de qualité, la précision des finitions et les tolérances avec lesquelles vous travaillez sont remarquables.
AC : ça a été un long chemin. J’ai reconstruit un grand nombre de vieilles machines et les ai amélioré encore et encore. J’en ai développé certaines moi-même car je voulais des fonctions que des machines industrielles classiques ne pouvaient pas remplir. Je ne fais pas de compromis, si une machine n’est pas idéale, elle sera ratravaillée jusqu’à ce qu’elle produise le résultat que j’attends ? L’optimisation est un processus constant et sans fin...
KB : Vos framelock on reçu un accueil très favorable au salon IWA Outdoor Classics, est-ce que les framelocks sont une passion ou préférez-vous une autre sorte de couteaux ?
AC : Pour les couteaux de poche, je préfère les frame parce que c’est un système très simple et fiable. C’est le marché qui décide ce qui sera produit, mais j’aime les solutions simples et directes. La fiabilité est importante pour moi, on doit pouvoir compter sur son couteau.
KB : Ici au salon IWA, je n’ai vu sur votre table qu’un seul couteau fixe au milieu d’un grand nombre de pliants. Quel est le ratio fixes/pliants dans votre production ?
AC : Au départ, je ne faisais que des couteaux fixes. En comptant toutes les variantes pour chaque modèle et chaque usage, j’ai dessiné, produit et testé plus de 500 modèles. Depuis le petit couteau de chasse jusqu’au wakizashi Japonais, du sabre de style oriental au couteau de combat moderne à lame tanto. J’ai aussi construit certain types de couteaux assez rares, plus communs en Asie centrale ou au-delà de l’Oural, j’ai tout fait.
KB : Et avez-vous travaillé à une méthode pour améliorer ces différents types de couteaux ?
AC : Non, pas vraiment. J’ai fait ça pour apprendre. Si tout un peuple utilise le même type de couteau depuis 500 ans, alors il est déjà optimisé. En arrivant comme ça, vous ne pouvez rien améliorer, vous pouvez juste tenter de comprendre pourquoi le couteau est comme il est.
KB : Continuerons nous à voir quelques une de ces extraordinaires formes de lame et de couteau sortir de votre atelier ?
AC : Si le marché le demande, oui ! Certaines de ces lignes ont déjà été intégrées à mes modèles courants, comme la lame du Russki par exemple. J’habite un lieu ou l’Europe et l’Asie se rencontrent. Beaucoup de choses ont des influences à la fois Européennes et Asiatiques, et les deux cultures donnent le meilleur d’elles-même pour ce mélange. Mes couteaux ont souvent des éléments des deux cultures.
KB : Pour la plupart de Européens et Américains, la plupart des états de l’ancienne union soviétique sont mal connus. On ne sait presque rien des cultures d’Asie centrale. Je dois avouer que mes connaissances à propos du Kirghizistan, du Kazakhstan ou de l’Ouzbékistan et leurs traditions coutelières sont plus que rudimentaires...
AC : Ces régions ont une longue tradition du couteau. Chaque pays, chaque région, chaque peuple a une culture coutelière spécifique depuis des siècles. Malheureusement, je ne peux pas produire ces couteaux de la même façon.
KB : Mais vous nous disiez que vous avez fait des recherches et des tests sur ces sortes de couteaux ?
AC : (rires) ce n’est pas un problème technique. La raison est à chercher du côté des lois Russes. Ces couteaux sont considérés comme des armes, ce qu’ils ont historiquement toujours été. En Russie un coutelier doit prouver que ce qu’il produit ne sont pas des armes. Chaque modèle doit être certifié avant que je puisse le produire, le vendre ou l’exporter. C’est un travail administratif gigantesque.
KB : Vraiment ? Donc en Russie chaque couteau est un produit interdit, ou considéré comme une arme dont le port nécessite un permis ?
AC : Exactement. C’est pour cela que je suis très limité dans ce que je peux faire et la certification coûte beaucoup de temps et d’argent. Récemment nous avons fondé une association de couteliers en Russie pour défendre nos intérêts auprès des politiciens. Nous souhaitons une régulation comparable à ce qui se fait en Israel.
KB : Vous voulez dire que chaque couteau (et arme à feu) soit considéré comme des objets et que la manufacture ne puisse pas être tenue responsable de son usage ?
AC : C’est ça, Tom ! En Russie actuellement, le fabriquant peut être inquiété quand quelqu’un commet un crime avec un de ses couteaux et ne possède pas de certificat. Il y a des formes de lame qui ne sont pas certifiées, d’autres le sont. Cela ne suit aucune logique compréhensible…
KB : La demande pour vos couteaux n’a fait qu’augmenter ces derniers mois, combien d’employés travaillent pour votre compagnie aujourd’hui ?
AC ; J’ai déjà embauché les premiers employés il y a des années. Je les ai formé personnellement. C’était la seule manière pour moi de m’assurer qu’ils avaient acquis le niveau d’expertise requis et aient la bonne attitude envers le produit. En ce moment environ 30 personnes travaillent pour Chenurkov Knives, presque tous à l’atelier. Ma femme Irina s’occupe de la comptabilité et de l’inévitable bureaucratie…
KB : Vous considérez vous toujours comme un coutelier ou jouez-vous plus le rôle de chef d’entreprise ces derniers mois ?
AC : Hé bien, les deux. Je fais tous les dessins, je construit les prototypes personnellement et je gère également les détails techniques. Voilà pour la partie coutellerie. Dans le même temps, j’ai embauché un maître artisan comme chef d’atelier. Lui aussi a été formé par moi et il est devenu vraiment vraiment bon. Avec la taille de l’entreprise, je ne peux pas gérer toutes les étapes de la production de chaque couteau seul. Mais je supervise mes employés et je garde toujours un œil sur le contrôle qualité.
KB : Qu’est-ce qui est dans les tuyaux, peut-on espérer un ou deux nouveaux modèles de pliants ?
AC : Oui, clairement. Nous travaillons sur de nombreux prototypes, qui entreront en production dans la semaine. Je prend délibérément beaucoup de temps pour le développement et fait constamment des modifications jusqu’à ce que le couteaux soit parfait. Parfois, un nouveau modèle semble fini et aucun client ne saurait y trouver un défaut, mais une semaine après vous trouvez un détail qui pourrait être amélioré. Ma philosophie est : peu importe le temps de développement que nécessite un couteau, aucun ne quittera l’atelier jusqu’à ce que je sois absolument convaincu qu’il est parfait, au niveau du dessin et de la construction.