« Brigadier, répondit Pandore,
Brigadier, vous avez raison. »
Phoebus, au bout de sa carrière,
Put encor les apercevoir ;
Le brigadier, de sa voix fière,
Troubla le silence du soir :
« Vois, dit-il, le soleil qui dore
Les nuages à l'horizon ! »
« Brigadier, répondit Pandore,
Brigadier, vous avez raison. »
« Ah ! C'est un métier difficile,
Garantir la propriété ;
Défendre les champs et la ville
Du vol et de l'iniquité.
Pourtant l'épouse qui m'adore
Repose seule à la maison. »
« Brigadier, répondit Pandore,
Brigadier, vous avez raison. »
« Il me souvient de ma jeunesse ;
Le temps passé ne revient pas.
J'avais une folle maîtresse,
Pleine de mérite et d'appas.
Mais le cœur... Pourquoi ? Je l'ignore...
Aime à changer de garnison. »
« Brigadier, répondit Pandore,
Brigadier, vous avez raison. »
« La gloire, c'est une couronne
Faite de rose et de laurier ;
J'ai servi Vénus et Bellone.
Je suis époux et brigadier
Mais je poursuis ce météore
Qui vers Colchos guidait Jason. »
« Brigadier, répondit Pandore,
Brigadier, vous avez raison. »
Puis ils rêvèrent en silence :
On n'entendit plus que le pas
Des chevaux marchant en cadence ;
Le brigadier ne parlait pas.
Mais quand revint la pâle aurore,
On entendit un vague son :
« Brigadier, répondit Pandore,
Brigadier, vous avez raison. »
