Autant c'est vrai que le crâne et les tibias croisés font partie de l'imagerie et de la symbolique maçonnique, autant je n'ai vraiment pas l'impression que cette dague ci ait le moindre rapport avec la Franc Maçonnerie. Le "skull and crossbones" était un emblème assez courant, il était arboré par les pirates ("jolly roger") et par les Hussards de la Mort, et on le retrouve même dans des lieux sacrés à la vue de tous (cet imagerie macabre a commencé à gagner toute l'aire chrétienne à partir du XV siècle environ: danses macabres, transis, puis Vanités, etc). Bref, c'était devenu un symbole courant, qui a pu être réapproprié par n'importe qui. Mais la devise ("va avec mon mépris"), par contre, ne fait vraiment pas très maçonnique! C'est plutôt une devise de défi, du genre "seul un minable peut voir cette lame et vivre". Je verrais bien ça comme l'arme d'une personne extrêmement querelleuse, prompte à se sentir offensée, et tout aussi prompte à dégainer pour venger son honneur. Un mec forcément assez connu, pour ne pas dire craint, et cette dague très reconnaissable aurait fait partie du personnage, aurait même été conçue pour ça. Ce n'est qu'une conjecture, mais dans ce contexte particulier l'attribution maçonnique me semble un peu bancale (il n'y pas la présence/association avec le moindre autre symbole typiquement maçonnique). Les restes de gravures sur la lame laissent à penser que c'étaient des rinceaux purement décoratifs.
freddy1 a écrit:Écriture française pour une lame de solingen.
étrange.
C'était au contraire extrêmement courant au XVIIe et début du XVIIIe siècle, pour ne pas dire la norme. Jusqu'à la fondation de la manufacture de Klingenthal, en 1730, toute l'armée française s'approvisionnait en lames à Solingen, qui avait presque le monopole et vendait aussi aux Anglais, et un peu partout en Europe. C'est parce que cela finissait pas représenter une fuite significative de capitaux (et à l'époque c'était de l'or physique, qu'on ne voyait plus revenir dans les caisses), à la longue, que Louis XV a fait créer la manufacture de Klingenthal. En France il y avait bien des fourbisseurs, des monteurs, etc, mais quasiment pas de forgerons et de trempeurs de lames, sinon peut-être pour le haut de gamme, et en très petites quantités.
On trouve plus exotique encore que du texte français sur une lame de Solingen: on a eu, en France, à coté de la très fameuse Garde Suisse, une... Garde Ecossaise! Ca remonte à une "fraternité" très ancienne entre les dynasties régnantes françaises et écossaises, connue sous le nom de Auld Alliance, ce qui fait que des troupes écossaises combattirent au coté de Charles IV, le Dauphin que Jeanne mit sur le trône. Mais il y a toujours eu une poignée d'écossais dans l'armée française, rattachés à la Maison du Roi. C'étaient de véritables écossais, et en temps que tels, et suite aussi aux privilèges que leur avait gagné leur fidélité indéfectible au cours des siècles, ils portaient des claymores à garde en panier! Mais comme ils étaient au service du Roi, ce qui était réellement un honneur insigne à l'époque, ils ne manquaient pas de faire graver leur épée dont la lame venait de Solingen. Si bien qu'on se retrouve avec des armes typiquement écossaises, avec une lame allemande, et une devise royaliste écrite en français! Qu'on se rassure: c'est extrêmement rare.