par Did » 20 Fév 2023 10:19
La réponse est difficile.
Car cela dépend évidemment du type de chasse (approche, affut, battue, fusil, arc...).
Car cela dépend du type de gibier (plume, petit gibier, grand gibier...)
Car cela dépend de l'organisation de la chasse (parfois on vide sur place, parfois on met en quartier sur place, parfois c'est le tireur qui doit vider, parfois c'est des gens spécialisés...)
Car cela dépend des coutumes : dans certaines régions on doit donner la viande "en poil" dans d'autres on doit "peler" dès que possible.
Car cela dépend des biotopes : en montagne plus c'est léger, mieux c'est. De plus on doit souvent porter longtemps le gibier donc on le vide et on le nettoie dans un courant (en montagne en général le gibier est plus frèle qu’en plaine). En grande chasse sur terrain sec une lame carbone est bien. Au marais l'inox est appréciable et en bord de mer l'inox résistant au sel c'est encore mieux.
Cela dépend aussi du type de gros gibier :
Pour le chevreuil, une petite lame suffit. Éventuellement un couteau à pointe fine va servir à percer le tendon de la jambe de façon à placer le bracelet. Une lame de type " facette Mongin" est l'archétype, mais c'est un raffinement.
Pour le cerf, sauf si on chasse à courre, on sert rarement avec une lame : "au sanglier le barbier, au cerf la bière" comme l'indique le proverbe déjà cité plus haut.
Pour le sanglier il faut pour servir une lame très solide, une garde est plus que recommandée et un étui sérieux. Parce que ramper dans un roncier pour achever un quartanier couvert par des chiens c'est très stressant. Si sortir le couteau n'est pas facile et si la prise en main n'est pas instinctive, on se coupe. Et si la main peut glisser lors de l'estocade, elle va glisser.
Pour vider ou dépecer un sanglier il faut de préférence une lame très résistante à l'abrasion (classiquement : D2, Z160CDV12). Le sanglier passe son temps dans la boue. Inévitablement le couteau va rencontrer la terre qui comporte des particules abrasives très dures : la lame va vite s'émousser et on n'a pas le temps de passer 20 minutes pour l'affiler quand on découpe. Le cerf c'est bien plus propre (et la peau moins épaisse).
Pour mettre en quartier la viande, là aussi les habitudes diffèrent d'une chasse à l'autre. Parfois on peut trancher les symphyses sur place ou pas. Dans d'autres on va les scier. Parfois on va trancher la colonne par le milieu avec une scie, dans d'autres cela va être fait à l'aide d'une hachette (ou une feuille).
Les lames pliables font le boulot pour vider le "moyen gibier" mais il faut pouvoir bien les nettoyer. Parce que le sang et les tripes dans les recoins, c'est vite une infection. De plus les mécanismes complexes se bloquent souvent assez facilement.
Enfin (et surtout!) quelqu'un d'habitué à dépecer va le faire vite et bien même avec une lame médiocre ou à priori peu adaptée comme un Laguiole. Il va savoir ou insérer la lame pour disloquer les articulations, il aura le geste efficace et efficient. Il y a des artistes qui ont une longue et importante expérience. Pour la petite histoire les boutons que l'on voit en base des vestes de costume à l'origine un vêtement outdoor) servaient par le passé à pouvoir déboutonner et remonter les manches lors de ce travail : un expert ne devant pas se tacher sans tomber la veste.
En ce qui me concerne, j'ai souvent trois couteaux :
- Une lame pour servir surtout si je suis piqueur/rabatteur. Là ou c'est possible un "Glock" fait le travail. Mais certaines chasse n'acceptent pas le matériel "milouf" à moins qu'il ne soit "de prise" et encore plutôt pour les piqueux (baïonnette allemande K98. Tanazacq m'avait signalé que c'était son plus grand concurrent dans les Ardennes).
- Une lame fixe à tout faire et/ou pour dépecer selon le type de chasse. Typiquement un Falkniven F1 (ou approchant) fait le travail.
- Une lame pliante pour manger. Cela peut aller de l'opinel ou bien à quelque chose de plus pratique (genre spyderco) de plus luxueux et plus "civil". Cela dépend aussi beaucoup du contexte social.
- Et même si cela fait 4 : j'ai souvent un mini SAK dans la cartouchière. Avoir des brucelles pour se retirer une épine ou une tique c'est bien. ET un outil pour faire tire cartouche aussi.
Parfois on lit qu'il faut une grande lame pour élaguer un poste de tir ou dégager un chemin...ça dépend. Nombreux sont les chasseurs qui préfèrent un sécateur ou une petit scie parce que c'est moins bruyant, ainsi on "ne vide pas la chasse". Là aussi cela dépend du biotope et du type de chasse.
Dans les chasses où on ne découpe pas avoir un outil dédié pour ouvrir et vider est bien. Le luxe c'est un puma 959 (un des rares à avoir le crochet pour la plume) ou un Mongin Chasseur mais un SAK Hunter "chasse" fait aussi bien le travail et il est plus facile à nettoyer et à porter.
Par le passé il fallait absolument un tire bouchon pour le repas d'après chasse. Mais d'une part l'arrivée des contrôles alcoolémie il y a 40 ans puis le passage de 0.8g à la limite actuelle on restreint la consommation d'alcool d'après chasse. Et bien évidemment l'évolution des mœurs et la prise de conscience de l'importance de la sécurité. D'autant plus que les chasses "communales" sont moins nombreuses, les gens se connaissent moins, les armes sont plus puissantes ce qui demande plus de précautions et les gens venant de loin partent plus tôt et doivent conduire. Le repas de chasse de nos jours est de ce fait souvent moins long et arrosé que par le passé.
Donc beaucoup de possibilité.
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Did le 20 Fév 2023 11:13, édité 2 fois au total.
« … que celui qui n’a point d’épée vende son vêtement et achète une épée ».