Je suis vos échanges avec intérêt mais de manière un peu lointaine car je suis en ouacances et donc sur mon téléphone : pas le plus pratique !
J’étais hier de passage chez Torpen et c’est un hasard : notre discussion a rapidement porté sur ce thème.
Jérôme est un passionné de design, notamment de design automobile : la fausse simplicité, il connaît !
Mesurer un écart entre deux vis, reporter cette mesure sur un autre élément du couteau, aligner tel ou tel truc…
On est tombé d’accord sur le constat qu’avec la profusion actuelle de couteliers maîtrisant les bases de la technique coutelière, il n’y avait d’intérêt (et de salut!!) que si on apportait un dessin, une ligne, qui faisait sa personnalité.
Bien sûr, ces lignes d’apparence très simple sont le fruit de réflexion, d’esquisses, de recherches.
La création n’a de sens qu’à cette condition.
À mon très très humble niveau, technique et artistique, c’est aussi ce qui guide mon travail. Si Égée à pu sentir en regardant mon étui ou mon porte cartes qu’il y avait eu quelques croquis froissés avant que j’arrive à ce modeste résultat, j’en suis très honoré.
Mais Pinpin n’a pas tort quand il qualifie mon travail de simple : en qualité d’homme de l’art, il sait que je n’ai pas mis en œuvre de technicité particulièrement complexe pour arriver à ce résultat : mais je crois que vous êtes tous d’accord sur ce point donc pas la peine de s’invectiver

Le point de couture latéral par l’intérieur du porte carte est un des trucs les plus difficiles que je sois capable de faire
Pour rester sur ce point, il y a peu un éminent membre de ce forum m’a envoyé balader il y a peu en disant que je faisais un travail de merde et qu’il était très prétentieux d’essayer de vendre mes étuis plus de 20 balles. (Ils étaient quand même assez chouettes pour qu’il essaie 5 mn avant d’en obtenir un gratuitement, en compensation d’une pétouille sur un manche). Bref, le gars, effectivement, n’ayant pas de notions de ce qui est mis en œuvre dans le travail, avait de ce fait un avis… sans valeur ! (Je parle juste de l’évaluation financière)
Un technicien peut donc mieux qu’un autre évaluer la technicité mise en œuvre. Pour l’appréciation de la beauté, on a coutume pour ne vexer personne de noyer les discussions sous une épaisse couche de subjectivité.
Mais avant cela on pourrait parler de la capacité à lire une ligne, une forme, ou de la capacité à les créer. Cela, c’est l’art invisible (aux yeux de certains) mais c’est pourtant le cœur de la question. Selon Scott McCloud, l’Art Invisible est ce qu’on ne voit pas, le savoir faire invisible qui rend une bande dessinée lisible.
Je ne me prétend pas meilleur qu’un autre, mais ce sujet m’intéresse et je le travaille. Je suis dans les métiers de l’image où la culture, ou plutôt l’apprentissage du regard, est essentiel. Si c’était inné, il n’y aurait pas besoin d’étudier la chose…