Les vertus de l’amateurisme pour moi (et il y a beaucoup de point commun avec Grace Horn) c’est :
- de faire ce que je veux quand je veux : pas d’échéances (à part quand j’ai un troc ou un cadeau de prévu ! Et encore le « client » peut difficilement râler puisqu’il n’y a pas d’histoire financière qui rentre en jeux. Pour les cadeaux vu que c'est une surprise y a même pas d'attente pour celui qui le reçoit!

Du coup je me met la pression tout seul, ou pas, et c’est plus facile à supporter que la pression d’un client), pas de truc imposés (j’ai envie de faire un fixe de cuisine ben j’en fait un je m'en fou des préoccupations de "est ce que je vais le vendre?").
- d’y passer le temps que je veux : le départ du ricasso est légèrement arrondi et ça me chiffonne ? J’y passe 2h de plus pour rattraper mon coup. J’ai foiré mon émouture ? Je recommence la lame ! J'ai un doute sur les TTH? Je la casse dans l'etau!
Aucune rentabilité financière n’est nécessaire. On peut même passer pleins de temps à faire moultes manips et expérimentations rien que pour le fun! (stonewash, TTH,…)
- on peut s’équiper sans se soucier de productivité donc au fur et à mesure : pas de grosses sommes à débourser pour monter son atelier d'un coup
- aucun temps perdu dans le suivi des commandes, le démarchage commercial, les comptes,… La coutellerie est donc 100% plaisir (mine de rien ça prend beaucoup de temps aux pros!)
Les désagréments sont que :
- ça coute une blinde en frais de fonctionnement donc il faut prévoir un budget loisir conséquent car tout est à fond perdu : les consommables, les matières premières
- ça coute une blinde de s’équiper en machines à moins d’adorer le travail à l’ancienne (lime et scie!). Et sans retour sur investissement par la vente il est difficile de justifier auprès de sa femme l’achat d’équipement onéreux (four de trempe, backstand,…) donc au global soit on s’en passe soit on sacrifie d’autre choses. Faut faire un choix… (ça fait 1 an que j'ai pas acheté de couteaux...

)
- tant qu’on a pas de statut pro on est un peu perçu comme étant : soit débile de ne pas vendre (ma famille et belle famille, je me le prend dans les dents quasi à chaque fois), soit « pas pro » au sens de « branleur » (y a des gens qui croient que seuls les pros sont "pros" au sens de "capable de sortir des trucs propres"), soit suspecté d’être au black (ce qui fait très très chier quand justement tu ne vends rien!).
Au global: j'apprécie beaucoup les avantages de mon amateurisme mais c'est vrai que je me suis posé quelques questions dernièrement pour viser quelques ventes par an. Je m'accroche moins qu'avant au principe du "pas de vente" car les couteaux s'accumulent et les projets d'équipement à financer aussi! (en ce moment: j'ai en rêve une fraiseuse avec son outillage. Environ... 2000€ au total! Egalement un vrai stage de perfectionnement à la coutellerie: mécanismes en particulier. Environ... 1200€ hébergement compris!)
Je pense du coup que le statut idéal pour moi serait le statut AE en ne prenant pas de commandes (vente de ce qui est dispo point barre).
Mais dans mon cas j'ai un soucis car étant en location il faut des conditions très chiantes: informer mon proprio ("bonjour Mr, j'ai l'honneur de vous informer que je fabrique des couteaux dans l'appartement que vous louez. Ne vous inquiétez pas je n'utilise qu'un four à 1100°C, quelques machines outils connectées à l'arrach' sur une seule prise de courant et dans un espace clos sans aération mais j'ai un extincteur hein!"), obtenir l'accord de la copropriété pour faire requalifier l'usage de l'immeuble en "exercice possible de l'artisanat" et de mon garage (hum rien que ça)
Bref cette passion n'est pas prête de s'auto-financer!
