Cette question on me la pose chaque fois que je rencontre quelqu'un de nouveau et qu'il me demande ce que je fait.

''Combien d'heures par couteau ? ''
Ensuite '' combien tu fais de couteaux par semaine ? ''
Et ça termine toujours par '' et combien tu les vends ? ''
Et là je les regarde calculer mon salaire annuel et mon taux horaire mentalement pendant que je continue de parler.

Honnêtement je compte pas les heures par couteau. J'ai une idée générale d'une semaine de travail mais juste le couteau je pourrais pas dire, ça dépend de tellement de trucs en fait. Des fois ça va bien, d'autres non, faut recommencer des trucs, comme tout le monde je pense.
Disons que sur une semaine j'arrive à faire 1,5 pliant (slipjoint en ce moment) en prenant le temps qu'il faut. Si je fonçais un peu plus et que je tournais un coin rond par-ci par-là j'arriverais à en faire 2. Je bosse souvent 6 jours sur 7, une moyenne de 9 heures les 5 premiers jours et disons une demie journée le 6eme jour, préparation des colis, aller à la poste etc. Et sur toutes ces heures il y a les photos, le temps passé sur mon site ou ici ou faissebouk, faire les pochettes/étuis, répondre aux mails, chercher un fournisseur pour tel ou tel truc, aller chez le fournisseur...
Tout ça se mélange sur la semaine, alors ne compter que le temps passé concrètement à bosser sur le couteau je ne l'ai jamais vraiment fait et ça ne sert pas à grand chose en fait.
Si tu vois le truc comme ça c'est certain que c'est difficile d'atteindre un taux horaire raisonnable, surtout si tu ne sous-traite aucune opération. Il y a des semaines où tu vas te retrouver à faire 5 $ de l'heure et d'autres 15 $, je sais pas. Et je ne fais pas des slips depuis 10 ans, c'est probable que dans un an ou deux j'aille un peu plus vite qu'en ce moment, mais encore là il y a une limite qu'on ne peut pas dépasser je crois, on a que deux mains et on ne peux pas sauter d'étapes.
Par contre un fixe ça va vite maintenant. Ça rentre dans une journée, traitements thermiques compris.
Le fameux ''quand on aime on ne compte pas'' s'applique bien ici. J'ai passé des années à regarder l'heure, à espérer le vendredi et à compter les jours avant les vacances. Maintenant ça fait du bien, j'ai enfin arrêté de compter.
Bon, oui, des fois je compte un peu, quand les factures arrivent.