
C'est toujours un découragement lorsque l'on loupe un couteau surtout quand ça arrive tout à la fin. On avait une idée en tête, une vision et voila, alors qu'on devrait être satisfait et fier de tant d'heures passées à l'ouvrage, quand on regarde la chose terminée ce n'est pas à la hauteur des espérances. Les proportions, les alignements ne sont pas justes, ou on a voulu aller trop loin, essayer un nouveau truc et voila, ce que qui devait être le plus magnifique des couteaux a lamentablement foiré, n'est qu'une pâle ombre de ce qu'on imaginait.
Sur les fixes c'est rédhibitoire, il faut tout casser, nettoyer, poncer la colle sur la soie pour pouvoir recommencer. Les débris du manche raté finissent en général à la poubelle. Rien n'est récupérable...
Rien … Sauf le pommeau.
À chaque fois où c'est possible et quand cela en vaut la peine je récupère le pommeau et le recycle. Je lui colle une face en ébène et il devient un petit sceau sur lequel je grave un petit signe.
Ainsi chacun des petits sceaux devient une sorte de relique d'un chef d'oeuvre raté, comme une petite vanité qui vient rappeler qu'il faut rester humble et que la réussite n'est pas toujours au bout du chemin


