Pour les ceuxsse qui voudraient tenter l'aventure, sans ponceuse à ruban professionnelle, ni scie, ni établi, ni compétences, voici comment j'ai procédé.
- Il faut retirer les écailles de plastiques. Attention, du côté de l'auto-lawks, il y a un petit ressort, faites gaffe de pas le perdre. Mettez le ressort et les 4 petites vis torx en sureté. Ne ruinez pas vos vis, allez chercher le torx de la bonne taille dans la grande surface bricolage des environs. Si ça s'arrête à la taille roue de camion, radar sur les magasins de téléphones portables, eux sont confrontés à des mini torx.
- A l'aide des écailles plastique, dessiner le profil sur la pièce de bois. Je vous conseille d'aligner le bord qui vient en butée contre le bloc de titane sur un des bords de votre bloc de bois, ça fait une face plate en moins à faire. Laisser le bois dépasser, genre une fraction de millimètre, pour éviter la vilaine fente entre l'écaille et le bolster à la fin du projet, mieux vaut devoir poncer un peu. Tracer à la mine 0,7mm on 1mm, pour de nouveau vous laisser une marge.
- Dans un petit étau (à la mord-moi-l'noeud à 7 euros au brico), pincer le bloc de bois, et à l'aide de la plus petite scie dont vous disposez, couper rudimentairement le bois en trop. Absolument non indispensable de friser le long du trait de crayon, mieux vaut même l'éviter de qques millimètres, on scie rarement impeccablement perpendiculaire, ce serait con que de l'autre côté du bloc de bois, on ait mordu dans le profil réel. En ce qui me concerne, ma scie décappe 1mm d'épaisseur, et j'avais une plaquette de 1cm, en sciant plus ou moins droit, j'ai pu couper toute la plaquette dans l'épaisseur, et en faire deux d'un coup. Attention à ce petit jeu, si on dévie, on est foutu. Mieux vaut entamer toutes les faces, pour avoir un guide, et vérifier de tout les côtés tous les trois coups de scie.
- Une fois les plaquettes mises grossièrement à dimension (les miennes tournaient autour de 4 à 5mm d'épaisseur, et débordaient du profil de plus d'1cm par endroit), repincer à l'étau, et attaquer la matière en trop autour du trait de crayon à la grosse rappe à bois (dentellée). Attention ici, apprenez à connaître la texture et le fil du bois travaillé, le wenge était remarquablement facile, parce que très dur. Si vous optez pour le balsa...
- Un fois le profil amené à +- 1mm du trait de crayon, il est temps de poser les plaquettes sur les liner, histoire de voir si on s'est proprement ramassé ou pas. Si tout va bien, choisissez la position définitive de la plaquette sur le couteau, en jouant avec la tolérance du bois autour du profil, et pressez un peu la plaquette sur le liner. Ceci devrait marquer légèrement le bois aux endroits où les têtes de vis dépassent. A l'aide de ces marques, il faut usiner les petits renfoncements. Inspirez-vous de ceux présents dans les écailles en plastique pour le diamètre et la profondeur. Pour faire au minimum, au fur et à mesure que je creusais, je réappliquais l'écaille sur le liner, pour voir la progression, et l'ajustement en position. Si vous n'avez aucun outils pour forer très précisément, je vous conseille de poinçonner l'endroit précis, sur une profondeur de max 1mm, et d'attaquer le trou avec un petit tournevis d'horloger à tête plate. Ca fait office de fraise, et on tourne à la main. Ne risquez pas la foreuse, à moins d'être un expert. Moi j'aurais foré la table de la cuisine avec.
- Une fois les petites défonces effectuées. Réappliquer chacune des écailles sur le couteau, et de nouveau, à l'aide d'un petit tournevis juste assez étroit, par le trou des vis de fixation, marquer l'écaille pour les trous de fixation. Faites attention de positionner impeccablement l'écaille, pour éviter tout jour entre le bolster et l'écaille, et tout débordement des liners.
- Avant de percer les trous des vis, il reste à sculpter l'espèce de colimaçon escargot où viendra se loger le ressort. Je préfère ne pas en parler, c'est trop récent, c'est encore très pénible d'y repenser. Le cutter est votre ami, le petit tournevis de 1,5mm aussi. Un autre solution est de laisser tomber l'auto-lawks.
- Le lendemain soir, remis de vos émotions, il est temps de percer les trous de fixation. Ou bien vous avez une dremel avec la mèche qui faut, l'établi pour tout fixer, et la colonne pour forer bien droit... Ou vous retrouvez ce fameux tournevis d'horloger à tête droite de 2mm (mesurer le trou sur l'écaille plastique pour être sûr, prenez un chouillat plus petit si vous n'avez pas précisément la taille, il sera tj possible après de limer. Une fois les trous percés, vérifier l'alignement sur le couteau. En cas de soucis, c'est ici que les trous un peu petits vous sauvent, il suffira de les agrandir dans la bonne direction pour récupérer les petites erreurs. Les têtes torx n'étant pas en relief, mais bien en retrait dans l'écaille, il va falloir sculpter un épaulement. Là je reconnais, j'ai été chercher ma mèche à bois de 4mm. Mais je l'ai utilisée à la main. Pas de foreuse. Je démarre le trou en tournant dans le mauvais sens, pour marquer le bois. Si une fibre vous semble vouloir s'ésquiller, il faut essayer de la maintenir en place au raz du trou à découper. je me suis laissé avoir. Ca ne se voit pas sur les photos, mais il faudrait trouver quelque chose du genre un petit tube de 4mm de diamètre intérieur, à maintenir pressé contre le bois en début de forage, pour éviter d'arracher le bois au début. Ceci dit, si vous partez d'une plaquette de 5mm, on s'en fout un peu, vu que sur le M4, les plaquettes zytel font 3mm, faudra rapper un peu, et sans doute que les ébavures du trou ne se verront plus. Attention de ne pas descendre l'épaulement trop bas. Un merveilleux achat est le plus couillon des pieds à coulisses. On n'a absolument pas besoin de précision absolue, on a besoin de précision relative, et pour ça, le chose premier prix chez brico-brol est idéal. On mesure l'épaisseur du zytel, la profondeur de l'épaulement, et on a la différence. On mesure sa plaquette en bois, et on sait de combien on doit descendre, avant d'avoir la bonne épaisseur de trou hors épaulement. Capice? Il ne reste plus qu'à tourner doucement, en mesurant souvent.
- Une fois les trous finalisés, je remonte les futures écailles sur le couteau, avec les vis torx d'origine. Si les trous sont vraiment trop étroits (que les vis fassent un pas de vis dans le bois, c'est pas grave, mais que l'écaille se fende sur sa longueur sous la pression, c'est un peu moins fun), les agrandir à la lime ronde diamantée (il y en a en vente au petit électronico-hobby-soudure-sono du coin, 6 différentes, minuscules, pour trois kopeks). Là, ça la pète déjà furieux. Vous n'avez plus un CRKT M4, vous avez déjà un truc qui ressemble un peu plus à un vrai Kit Carson. Ne réveillez pas la maisonnée, il y a fort à parier que nous sommes les seuls à en avoir qqch à pèter.
- Redevenons sérieux. C'est maintenant que l'on va réellement voir le travail à faire, et que l'on va passer le plus de temps. Toutes les étapes ci-dessus m'ont pris une soirée, sans rusher. On commence donc maintenant la mise en forme extérieure des écailles. Abandonnez votre rappe à bois, au profit de lime ou de papier de verre à gros grain. l'idée est dans un premier temps de s'approcher de la forme finale à 1mm plus gros partout. Protéger vos bolsters avec un bon gros tape d'électricien. Pour obtenir une surface régulière, travailler lentement, et en limant en dérapant. Si vous limez dans l'axe de votre lime, vous allez créer une dépression bien nette, de la largeur de votre lime. Superbe!. Limez donc de biais, et en variant l'angle, pour déjà obtenir l'arrondi de l'écaille. Arrêtez vous souvent, soufflez la poussière de bois, observez sous plusieurs angles. Si les écailles dépassent fort des liners (elles devraient encore le faire d'un bon mm de tout les côtés), ramenez le bord des écailles plus près, mais au maximum à un demi millimètre. La forme finale a été obtenue en trois soirées, chacune se rapprochant un peu plus, et en travaillant avec des outils plus fins. La dernière soirée n'était qu'au papier de verre.
- Derniers conseils: Travaillez lentement, mieux vaut trois petits coups de lime qu'un bon gros coup de rappe trop profond.
Et pour preuve, voici les principaux acteurs de ce drame: de gauche à droite, la grosse rappe à dents, les mèches à bois, les tournevis d'horloger et leurs copines les limes, le fameux ebrasureur qui m'a tant aidé pour positioner les trous et renfoncements, les mini limes diamantées, encore des limes et des tournevis, et enfin les papiers de verre, avec la scie à métaux (un modèle pas pour les tapettes, mais ça sert tout le temps ce genre de machin). Les attentifs auront remarqués que j'ai passé sous silence les futures écailles de myrte...

Merci pour avoir lu ce long post indigeste,
A vos scies!
Greg