Y'avait un mec qui faisait des couteaux avec plaquettes en pierre.
C'était pas une réussite.
Mais sinon on ne commence pas à avoir fait le tour entre les métaux, les bois, les cornes et autres plastiques ?
MrBlu a écrit:quand j’etais gamins.…. on disait : Mammouth écrase les prix !!! Est ce toujours le cas ?!?
Ratdegout a écrit:Ce qui est fantastique c'est d'avoir un vestige animal aussi ancien en main. J'aime le bois silicifié aussi, pour la même raison, et parce que c'est beau aussi. Pour le monde minéral, le grand âge est une chose habituelle et normale. Les pierres ne sont pas vivantes, ce qui est magique c'est d'avoir une trace d'une créature vivante aussi ancienne. Un petit pied de nez au temps, à la décomposition et à la finitude de nos courtes vies.
Mais je suis d'accord qu'il y a plein de jolis petit cailloux aussi, y compris sur les chemins et dans la forêt. J'en ramasse des fois, comme un gosse
Ratdegout a écrit:Certains morceaux de mammouth sont magnifiques, mais le matériau n'est pas toujours bien mis en valeur. Utilisé pour son côté luxueux sans en utiliser le symbole et ce qui s'en dégage. Je parle pour la croûte surtout. Damas + croute de mammouth ensemble, je n'aime pas du tout.
Le mammouth lisse, couleur blanc crème, c'est un beau substitut à l'ivoire. Mais l'os aussi si on va par là. Os de bœuf, cheval, cerf, autruche... Un os patiné est aussi beau qu'un mammouth. Les bois de cerfs et autres, les cornes etc, très travaillés, donnent une évocation assez proche de celle du mammouth (croute etc), mais c'est technique et du boulot. Mais je trouve quand même assez fantastique de tenir en main un vestige animal d'un monde aussi ancien, comme pour un fossile d'ailleurs. C'est la "plus value" du mammouth... Bon, au prix du kilo d'ivoire de mammouth aujourd'hui, je n'en achèterai plus, même pas besoin de poser la question éthique, c'est trop cher pour moi, ça ne les vaut plus.
Sur l'utilisation fréquente de matériaux non renouvelables en coutellerie, je deviens de plus en plus réticent aussi... mais pas évident de savoir exactement ce qui est en danger ou pas, surtout sur les espèces de bois. Le phacochère, j'ai renoncé à en acheter depuis que je sais que le statut de l'espèce est préoccupant. Aussi limité que soit notre impact de petits acheteurs, ça m'emmerde sur un achat loisir de contribuer à endommager l'environnement. Avec tout ce que je consomme en carburant pour aller bosser, toute l'électricité et le papier que l'on peut bouffer / gâcher pour le boulot... au moins pour les dépenses plaisir c'est l'occasion de limiter un peu notre prédation sur le milieu naturel.
Avec tout le respect que j'ai pour le travail et la démarche de Roland, je n'aime pas les matériaux qu'il utilise aujourd'hui. Les matériaux synthétiques, c'est pas mon truc, impossible de leur accorder une image noble qui justifie d'y mettre le prix. C'est psychologique. Au bout de 10 - 15 ans de "collection" je commence seulement à apprécier certains micartas (toile de jute notamment)… Mais c'est une belle voie pour les clients plus ouverts que moi
On ne peut pas non plus nier non plus l'impact environnemental et social de certains matériaux synthétiques. Par exemple, j'ai pu voir un beau reportage photo sur une usine française de carbone (la poudre utilisée pour la fibre de carbone). Les ouvriers ressortent noirs, le visage notamment, et racontent se moucher noir plusieurs fois tous les soirs. Les équipements de protection individuelle sont de toute évidence insuffisants ou défaillants (il n'y en a quasiment pas sur les photos). L'usine était française ou belge (je ne sais plus). Cancers ou autres maladies graves assurés au bout de quelques années. Sans commune mesure avec les précautions prises pour l'amiante, et pourtant tout aussi toxique.
Pour les fans de matériaux naturels, il reste beaucoup de possibilités de faire du beau et de l'original avec des bois et matières animales locales, sans aller taper dans de l'exotique ou du menacé. Le travail de sculpture et patine de Bruno Duffort ouvre beaucoup de possibilités, dont certaines dépassent le rendu du mammouth en termes d'évocation du temps. Quand je vois les manches de Thomas Lecas, avec des essences locales magnifiques, les bois exotiques sont largement surpassés. Du bel olivier, du châtaigner, de la loupe de chêne ou de noyer... beaucoup de bois locaux ou internationaux "abondants" offrent des possibilités magnifiques, et des teintes variées. On voit beaucoup en coutellerie des bois classiques des fournisseurs de coutellerie, mais aussi parfois de belles essences rares en coutellerie et pourtant fréquentes dans la nature, ou du moins non menacées.
Il y a une voie là aussi, si les collectionneurs s'y intéressent et que les créateurs prennent le risque. Je rêve de voir des racines (stabilisées si besoin) ou autres morceaux qui révèlent sur un manche de couteau toute la beauté sauvage que l'on voit dans la forêt... Des matériaux qu'on voit en sculpture, en tournage sur bois ou dans d'autres domaines, mais assez peu en coutellerie.
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