Étymologie - le fil "de bon aloi"

[Papat]

!

[ploumploum-tralala]

merci miko, sont bien tes posts didactiques !

[Kasledan]

"22, 22 vla les flics, (bis) Qui sera le suivant flingué à bout portant?"
"Tous solidaires pour la nuit Apaches! Apaches, Apaches"
ça me rappelle des souvenirs...


Bon et bien et me convient très bien également cette possible explication de cette célèbre expression.
Merci.

[Miko]

Puisque tu cites les Apaches de Paris, parlons aujourd'hui du célèbre EUSTACHE (avec l'aide du bon Bernie).

"Ohé! les Apaches!
A nous les eustaches,
Les lingues à viroles,
Les longes d'assassins...
Pour le bidon des roussins,
Et pour les ventre des casseroles!"
- Chant d’Apaches (Aristide Bruant)

Vrai ou faux?
La malencontreuse popularité du couteau de poche à manche de bois, très utilisé par les voyous, et baptisé Eustache en l'honneur d'un Coutelier de Saint-Étienne, Eustache Dubois, vint stopper sa carrière au XIXe siècle; l'eustache était trop associé au monde de la pègre dans l'opinion publique. Eustache ne s'est pas remis de cet incident de parcours et, s'il n'a pas disparu, il se fit rare!

Un Apache et son 22 (cm) à la main, un grand couteau modèle chasse de Chatellerault:



Ce à quoi Christian Lemasson ajoute:

"Un Eustache comme nom d'un seul couteau, cela n'existe pas! Mais divers couteaux faits par lui, oui! J'ai eu l'occasion lors de mon travail sur des documents anciens des marchands Stéphanois, d'éplucher un inventaire de 1702 du marchand Alléon!!!! On y retrouve 4 modèles différents de couteaux fabriqués par Eustache Dubois dans différentes tailles et matières!

Le seul couteau avec la Marque 'Eustache Dubois' se trouve dans les Réserves du Louvre. Le poinçon "à l'Etoile" suivi du mot HVSTACHE DVBOIS selon la graphie de l'époque est conforme au poinçon qui figure sur la Table des Marques de la Jurande de Saint Etienne. C'est un couteau à un clou, avec lame capucine à pointe centrée, le dos du manche est recouvert d'un mantelet métallique et sur le manche est gravé le nom du coutelier Dubois, en conformité à la décision du tribunal des gabelles de Montbrison de 1698, compétent pour la coutellerie de Saint Etienne qui rendait obligatoire l'apposition du nom du coutelier également sur le manche (ce règlement a été appliqué très peu de temps).

Eustache Dubois est un coutelier stéphanois qui a réussi commercialement et dont le nom est devenu comme frigidaire, scotch ou velcro, c'est à dire un qualificatif!!!!!!!!!!!
Il y a eu de nombreux couteliers avant et après Eustache Dubois à Saint Etienne, qui ont fabriqué des dizaines de types de couteaux différents, avec des lames à la turc, à la capucine, à pointe rabattue, à tète de canard, à un ou deux clous, à virole dormante, à lentille, à virole tournante (oui oui, bien avant les Opinels) etc, etc...
Tous ces couteliers ne faisaient donc pas un seul modèle mais une multiplicité. Le SEUL caractère commun de tous ces couteaux étant le prix modique, l'absence de ressort et une lame fine mais solide. Tous ces modèles de couteaux coexistaient en même temps et on ne peut dire qu'un modèle ait une antériorité sur l'autre!!!!!!!!!!!!!!!!!!!"


Dans le numéro de Août-Septembre-Octobre 2011 de la revue LA PASSION des COUTEAUX vous trouverez un article de 4 pages avec des illustrations sur les couteaux de Saint-Etienne. Il est intitulé "Saint-Etienne, c'est la faute à Eustache". Un extrait:

"Il a une renaissance à Thiers où la marque 'Eustache Garanti' a été déposée en 1937 par Gabriel Rousselon pour ce couteau dont la fabrication s'arrèta à St Etienne en 1889 après toute une vie de 300 années!
Un règlement datant de 1698 obligeait les Couteliers de St Etienne à pyrograver leurs noms sur le manche de leurs couteaux et c'est ce que fit le Coutelier Eutache Dubois, ce qui transforma cette obligation en pure réclame (très en avance sur son temps)!
Le nom d'Eustache passa donc à la postérité et devint le nom générique de tous les petits couteaux de poche faits à St Etienne et ce nom fut étendu par les gens à tous les couteaux de poche de l'époque! il y eu aussi d'autres noms comme capucins, jambettes, à la dauphine, mais les Couteliers Eustache, Mouchon, Avril, Descos, Flatin, Bizalion, tous ont bien pyrogravé leurs noms en gros caractères sur les manches de leurs productions respectives..."

Voilà, il y aurait certainement encore beaucoup à dire sur ce beau couteau.





Il y a aussi ceux de SEGA par exemple et d'autres belles choses dans le fil dédié: https://forum.neoczen.org/viewtopic.php?f=53&t=9060&hilit=eustache .

Et comme vous le savez, Geoffroy Gautier a bien sûr repris le terme générique pour tout un groupe de couteaux rustiques de la marque au gamma.

[Papat]

Merci Miko, un peu de bonne lecture pour attaquer la semaine c'est toujours apprécié !

[Miko]

My pleasure!

[VAMOS]

Est que ce G SECHI est inspiré de l'Eustache ou bien une spécificité sarde ?

[Miko]

C’est vrai qu’il y a certaines ressemblances... par contre il faudrait l’avis d’un spécialiste des couteaux sardes... Âchille ?

[juanin]

C'est une Foggia Antica. Un modèle traditionnel.

[Miko]

C'est une Foggia Antica. Un modèle traditionnel.

[Miko]

"Cyrano.
- Silence !

Le parterre, en délire.
- Hi han ! Bêê ! Ouah, ouah ! Cocorico !

Cyrano.
- Je vous…

Un page.
- Miâou !

Cyrano.
- Je vous ordonne de vous taire !
Et j’adresse un défi collectif au parterre !
— J’inscris les noms ! — Approchez-vous, jeunes héros !
Chacun son tour ! Je vais donner des numéros ! —
Allons, quel est celui qui veut ouvrir la liste ?
Vous, Monsieur ? Non ! Vous ? Non ! Le premier duelliste,
Je l’expédie avec les honneurs qu’on lui doit !
— Que tous ceux qui veulent mourir lèvent le doigt.
(Silence.)

La pudeur vous défend de voir ma lame nue ?
Pas un nom ? — Pas un doigt ? — C’est bien. Je continue.
(Se retournant vers la scène où Montfleury attend avec angoisse.)

Donc, je désire voir le théâtre guéri
De cette fluxion. Sinon…
(La main à son épée.)
le bistouri !"



De l’italien bistorino par l’intermédiaire d'une forme du nord de l’Italie où le suffixe -ino se réduit à -i, altération de pistorino qui signifie « de Pistoie » (en latin Pistorium), par ellipse de « dague, poignard fabriqué à Pistoie ». À l'époque, Ambroise Paré hésite, pour exprimer la notion de « lancette », entre pistolet (de l’italien pistolese « dague ») et bistorie.

[Jonathan P.]

[Miko]

Le Galuchat est un cuir fait à partir de peau … de poisson ! Plus particulièrement du requin « roussette » et de la raie « pastenague ».



Le Galuchat issu de la seconde est très convoité car il possède de gros grains. A l’inverse, celui tiré du requin a de petits grains et rétrécit énormément au tannage. D’où son surnom de 'Peau de chagrin' en référence au roman de Balzac. Vous savez, cette histoire dans laquelle un jeune homme désespéré achète chez un antiquaire une peau qui rétrécit à chaque vœu exaucé.

Les deux peaux ont des écailles placoïdes (ce joli mot savant signifie que les écailles sont constituées d’émail et de dentine comme les dents). Ces écailles ont aussi la particularité de se recouvrir partiellement de la tête à la queue, comme les tuiles d’un toit. Une fois tanné, le galuchat est un des cuirs les plus résistants au monde.



A la découverte du Galuchat à travers les âges et les usages:
Les premières utilisations connues du galuchat remontent au 8e siècle au Japon. Il servait à gainer de petits objets et les poignées des sabres des samouraïs.
Il y est toujours présent d’ailleurs pour une toute autre utilisation : les râpes à Wasabi ! Vous savez cette pâte verte très très épicée servie avec les sushis …



Il arrive au 16e siècle en Europe sous le nom de « requin de Chine » ou le « chien de mer ». Les marchands anglais faisaient venir ces peaux depuis les comptoirs des Indes.

Le premier français à le travailler, sans grand succès, fut Jean-Baptiste Courtois. Son voisin d’atelier, maître artisan gainier, a consacré sa vie à maîtriser la technique de transformation de cette peau. Il s’appelait Jean-Claude Galluchat et laissa son nom (en perdant un « l » au passage) au produit lui même. Madame de Pompadour, favorite de Louis XV, adora les objets réalisés par Monsieur Galluchat qui devinrent dès lors le « top » de la mode. L’origine du mot « galuchat » remonte donc au XVIIIe siècle. Ce maître gainier de Louis XV fit tellement référence à son époque en habillant de cette peau de poisson les objets les plus rares que le nom propre devint synonyme de la matière.



Mais les modes ne durent pas et il fallut attendre les années 1920-1930 pour que réapparaisse le galuchat, avec la période « Art Déco » et ses magnifiques meubles gainés.

Entre les deux, cette merveilleuse peau sera utilisée en ébénisterie comme abrasif avant l’invention du papier de verre !!!

Aujourd'hui, en cherchant bien, on trouve des chaussures, des étuis (à téléphone, à carte, à flacons précieux...), des bijoux. Il paraît même qu'il y en a qui l'utilisent en coutellerie !

[rosalux]

On trouve aussi (très rarement !) en brocante des râpes en galuchat et qui servaient autrefois à retirer la corne des pieds !

[Miko]

Peau douce garantie !


Je n’ai pas cité non plus des articles plutôt luxueux type bracelets de montres haut de gamme ou encore couvertures de livres de collection.