el-Lapsa a écrit:Donc déjà on compare 2 outils qui diffèrent sur au moins 10 facteurs, pour essayer de conclure uniquement sur 1 facteur.
La forge à froid dans tout ça?
Ben dans le lien de knifesteelnerd que j'ai balancé, on voit bien que les effets de la forge à froid sont plus importants si la diminution d'épaisseur pendant cette étape augmente. De même, l'écrouissage est un phénomène qui s'observe bien plus en surface du matériau qu'en son centre.
Donc sur une lame recuite en c70 de moins d'1mm d'épaisseur, l'écrouissage aura déjà un effet sur le grain bien plus important du fait de sa très faible épaisseur. Admettons qu'on amincisse la lame de 0,1mm par coté , ça fait une réduction de 20%, et un différentiel assez faible entre le centre de l'épaisseur et la surface de travail.
Sur le camp d'Agone ça représenterai une réduction de seulement 3%. Donc le comportement de la lame sera majoritairement celui d'un acier non écroui si l'on tient compte du fait que c'est majoritairement un phénomène de surface (si quelqu'un a de la doc là-dessus..)
Sur le risque de microfissure, toujours d'après le lien de KSN, on a soit un risque de "délamination" (fin une séparation qui traverse a priori le centre de l'épaisseur de la plaque, mais c'est ptet propre au laminage, tfaçon je pense pas que ce soit ce risque qui nous préoccupe ici vu que c'est un phénomène apparement bien visible, ya peu de chance de pas s'en rendre compte en faisant le couteau) soit un risque de microfissures qui partent du bord de la pièce. Potentiellement c'est difficile à observer pour le fabricant sans bino ou microscope, donc ça peut se retrouver sur une lame finie sans qu'on le sache.
Donc on a peut-être une hypothèse ici: sur un cuisine, le rapport bénéfice/risque est probablement plus avantageux que sur un couteau de camp, rien qu'en observant la différence d'épaisseur. Et sans prendre en compte les autres facteurs dont la nuance d'acier utilisée (qui doit être prédominante à mon avis, qu'est qui se passe en présence de chrome par exemple? Entre le c70 et le 5160 c'est une différence prédominante, et le chrome a priori augmente la dureté et la ténacité entre autre mais diminue la ductilité de l'acier, donc le risque de microfissure va être bien plus réel que sur un acier non allié)
Ça peut expliquer pourquoi c'est intéressant de le faire dans un contexte et pas dans un autre. La balance bénef/risque va potentiellement varier énormément selon l'acier, les dimensions, l'usage, le process en général, etc.
Pierre72 a écrit:J'ai l'impression que vous cherchez des cause à effets directes et simples, mais ce n'est pas aussi simple que ça malheureusement.
Quincey a écrit:Je te propose qu'on rajoute quelques figures, quelques stats (je gère) et on envoie ça à Science le mois prochain![]()
Blague à part l'histoire de l'écrouissage qu'i n'aurait qu'un impact sur la partie "superficielle" ça me semble carrément, mécaniquement évident. A moins de taper à froid très fort auquel cas l'écrouissage se transforme en cassage j'imagine. En tout cas encore une fois bravo pour l'effort pédagogique, élever des poules c'est bon pour les neurones on dirait, je devrais peut-être m'y mettre aussi
Pierre72 a écrit:Je comprends que certains sont déçus de ne pas avoir une réponse claire à la question de savoir pourquoi la forge à froid est quelque chose d'indispensable pour moi.
Mais personnellement je ne vois pas de raisons de répondre à cette question sur le net ou on me taxe de mystificateur, ou de mec qui affirme des trucs avec des buts de marketing ou d'incantation sans chercher à comprendre pourquoi je ne développe pas plus.
La forge à froid j'ai déjà dit DES LE DÉPART que ça allait entraîner un débat de savoir si c'est mieux ou pas. Débat auquel je ne veux pas participer justement parceque je savais que j'allais me retrouver dans cette situation assez désagréable.
Je n'ai jamais refusé d'en parler en face à face à quelqu'un qui a vraiment envie de comprendre, sans arrière pensées.
Mais sur le net, ça part vite en sucette et on a pas toujours le temps de bien se faire comprendre.
De toute façon meme si je voulais le faire (on va encore me dire que je mystifie le truc) ça ne peut tout simplement pas s'expliquer sur un clavier ou alors très difficilement. (c'est aussi pour ça que Perret en parle peu dans son livre.)
C'est lié à un ensemble de facteurs qui forment un tout et qui sont très difficiles pour moi en tout cas à expliquer.
Je vais quand même donner un exemple assez simple.
Quand je forge a froid un eminceur, la forme des matrices de forge à froid et la puissance du martinet est en relation avec le diamètre de ma meule à eau, qui lui même est en relation avec le diamètre de mes polissoires.
Les polissoires et la meule influencent grandement la capacité de coupe d'un couteau. Mais elle est aussi (la forme des matrices) en relation avec celles que j'utilise pour forger à chaud, qui sont elle même en relation avec avec la section de départ que j'utilise pour arriver à donner la forme générale à la pièce. Et tout cela est en relation avec un tas d'autres trucs qui ne me viennent même pas à l'idée la dans l'instant.
Si on rajoute à ça la façon que j'ai de déplacer le couteau sous le Martinet et la façon que j'ai de l'emoudre et de le polir on complexifie encore plus le truc car chacun aura naturellement son geste sa manière de tailler la meule ou d'enduire son polissoir.
Voilà. Juste un exemple, si je doit expliquer ça en détail j'y suis encore demain et je ne suis même pas sur d'y arriver.
J'ai l'impression que vous cherchez des cause à effets directes et simples, mais ce n'est pas aussi simple que ça malheureusement.
Les observations que j'ai faite sur la forge a froid ont surtout des causes à effet indirectes sur le couteau finit et sur ses caractéristiques,comme toutes les étapes de fabrication en fait.
C'est un ensemble complexe que j'ai mis plusieurs années à comprendre et à maîtriser, il ne se base pas du tout sur les méthodes modernes et a pratiquement disparu sur pleins de points.
Je me fiche qu'il soit mieux ou moins bien, et même qu'on puisse l'améliorer en changeant d'acier ou de type de combustible ou je ne sais quoi encore, je cherche juste à le comprendre et à l'appliquer dans mon travail, et depuis que je le fait j'obtiens de meilleures lames.
Pas meilleures que celles des autres, à vrai dire je m'en fou, meilleures pour moi.
C'est ce qui me plaît dans ce métier !
Tant pis si ça ne plaît pas à d'autres, encore une fois je m'en fiche, chacun est libre de pratiquer comme il veut.
Il n'y a la dedans aucun marketing, business, mystification ou jugement, c'est juste un métier d'artisan comme un autre avec toute sa complexité et sa simplicité.
Cest ce qui me plaît encore une fois.
el-Lapsa a écrit:Moi jpense personnellement qu'on peut s'aider du meilleur des deux mondes, sans se faire suer à adopter une idéologie stricte. Mais c'est moins point de vue.
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