par el-Lapsa » 28 Aoû 2023 11:09
Hobby et survie reste assez distincts quand même, même si l'un peut entrainer l'autre. C'est comme un airbag dans une voiture quoi, ça empêche pas l'accident.
Après je pense qu'il y a une dose énorme de fantasme derrière les couteaux de survie. Alors certes, tu t'es fait une entorse en hiver et ton portable passe pas, ça peut éviter de te faire mourir d'hypothermie.
Maintenant combien de cas cela représente? Et j'écarte volontairement les arguments type "tu peux te fabriquer un arc ou un épieu et chasser" car a priori si t'es en état de chasser, ben t'en profites pour marcher vers la civilisation, et bon courage pour choper un animal si t'as jamais chasser à l'arc avant.
Les situations de survie les plus crédibles pour moi c'est le gars qui s'est planté dans sa cueillette sauvage et qui est en train de se vider entre deux rochers, le gars qui s'est blessé a la jambe, celui qui a bu de l'eau impropre, une piqûre avec choc anaphylactique etc etc.. là si vraiment t'es en train de te dire que tu vas mourir, t'en as rien a carrer de ton couteau, ce qu'il te faut c'est ton téléphone et appeler les secours. Le gars qui commence à se faire un abri de survie comme dans les vidéos youtube alors qu'il a un oedème de Quincke, il a mal identifié ses priorités.
Pour moi le couteau c'est ce qui va t'empêcher d'en arriver à une situation de survie. Une situation de survie ca se joue à la coupe d'une seule corde: elle est coupée, pas de problème, tu conscientises à peine que t'es passé à coté d'une situation dangereuse. Elle est pas coupée, c'est con elle est en train d'entrainer ton pote sous la flotte car t'as pas vérifier le lovage de la corde avant de balancer ton casier a la mer. C'est pas très Ramboesque comme situation mais concrètement c'est aussi peu spectaculaire que ça une intervention de "couteau de survie".
Maintenant c'est quand même assez restreint le nombre de situation ou c'est uniquement grâce à ton couteau que tu t'en sors. Aux Usa plus qu'ici certainement, mais quand même.
Sur l'historique de l'utilisation du 1095, je dis rien je connais pas.
De la façon dont c'est fait chez Esee, ou ils le trempe quand même relativement mou de ce que j'ai entendu, je trouve ça pas forcément judicieux. Autant prendre un acier moins carburé pour l'emmener à 60Hrc, qu'un acier plus carburé descendu à 57. Après bon je dis ca j'ai jamais bossé le 1095.
Mon pari là dessus c'est de prendre un acier qui chimiquement est déjà un peu adapté à ce que l'on recherche, adapter son tths à l'utilisation sans chercher à le sortir non plus de son domaine de prédilection (chercher des duretés trop hautes ou trop basses quoi)
Si en plus tu rajoutes un revenu sélectif, tu commences à avoir un truc assez pertinent pour bourriner.
Mais a mon avis, il faut pas retirer de l'équation les facilités que recherchent les industriels dans le process de fabrication. Aux Staïtse, j'imagine que c'est plus simple de fonctionner sur du 1095, qui est très présent là-bas. Économiquement ca a du sens, tout comme économiquement ca a du sens pour un indus de faire du tranchant en V et pas du convexe. Mais ca veut pas dire que le résultat obtenu est optimum, voulu ou réfléchi. Des fois c'est juste plus rentable (moi ça ne me dérange pas, je préfère avoir du rab de matière pour refaire la géométrie que je souhaite si le couteau en vaut la peine), mais pas forcément mieux. Le problème va survenir si on cherche a légitimer les facilités industrielles en les faisant passer pour des fonctionnalités ("it's not a bug, it's a feature").
Je dis pas qu'un artisan fera nécessairement du meilleur boulot, mais il peut au moins faire l'effort d'adapter l'outil à l'utilisateur sans entraîner de gros surcoûts comme avec les industriels. Devant la pluralité des attentes, c'est loin d'être obsolète aujourd'hui, d'autant plus que "un artisanal coute plus cher qu'un industriel", c'est plus tellement vrai aujourd'hui dans le domaine des fixes.
Par exemple le gars qui au plus dur de son utilisation va juste batonner des allumettes pour démarrer un feu, il va être déçu d'un couteau de survie si en parallèle il veut sculpter du bois. On peut se permettre de lui mettre un acier un peu plus dur, pas très épais, tranchant fin, couteau léger. Comme un Mora quoi. Le batonnage classique dans du bois au fil droit c'est pas si traumatique que ça. Les tranchants souvent ne coupent rien en refente, et taper sur une lame par le dos faut vraiment avoir un couteau inadapté pour que ca casse, contrairement aux stress latéraux par exemple.
Maintenant les fêlés du bocal comme moi qui fourrent leur lame systématiquement dans les coins les moins recommandables, ça prend son sens d'orienter le compromis vers plus de solidité.