T-T-T-T Merci de ne pas me mêler à ça

Plus sérieusement j'entends les discours des uns et des autres.
Récemment on a pas mal échangé avec Bertrand, j'ai aussi échangé un peu avec Pierre Lebrun, les deux lascars ont eu la gentillesse de me partager un peu leurs connaissances sur le travail ""à l'ancienne""
Ben je trouve ça hyper intéressant, avec mon regard encore naïf sur la chose. Maintenant, dans l'immédiat, je vois pas trop d'interdits qui m'empêcherait de prendre le meilleur des deux mondes. Mais rien que les machines anciennes peuvent être dingue, à titre d'exemple, un truc aussi con qu'une cisaille ou une poinçonneuse, ce sont des découpes en 2 secondes, sans consommables, sans poussières, c'est loin d'être débile ou obsolète.
Après on peut pas considérer l'évolution de la coutellerie indépendamment du reste de la société. Et personnellement, j'évite par principe de vouloir du tout blanc ou du tout noir. Les conditions de travail ont changé, parfois pour le mieux, parfois non, les exigeances de bases du travailleur avec, les acheteurs de couteaux n'ont plus du tout le même profil ou les mêmes attentes, l'utilisation des couteaux à changée..
Le couteau "de survie" est un bon exemple: c'est une approche moderne (moderne ca veut dire moderne, pas mieux ou pire) qui est a la fois un outil et un objet de loisir. Avant on avait des serpes en france me direz-vous. Oui mais combien de fois nos anciens allaient bivouaquer pour le délire dans les bois le WE? Est-ce qu'ils avaient ce même besoin d'évasion de se prendre pour un trappeur le temps d'un WE? Est-ce qu'ils se posaient souvent la question du meilleur set d'outils coupant pour 800gr pour bushcrafter? Perso tout les paysans que j'ai croisé s'en tarte pas mal de ces "délires pour bobo" (je m'inclus dedans hein), la plupart vivent assez au contact de la nature pendant leur semaine de 80h pour pas aller se faire chier le cul dans les ronces à faire bouillir un café le dimanche matin.
Aujourd'hui en coutellerie artisanale, j'ai l'impression qu'une grande proportion des couteliers tendent sinon au couteau d'art, au couteau de luxe. Je me pose souvent la question de savoir si c'est par ambition personnelle du coutelier ou pour des questions de rentabilité ou autre.
Est-ce qu'il y avait autant de couteaux "de luxe" il y a 100ans? Ou est-ce qu'on était encore majoritairement dans le cadre d'une "manufacture d'outil", ou le principal argument commercial était le rapport qualité-prix?
De ce que j'entends ou lis, cela ne m'étonnerait pas que les méthodes anciennes puisse dépasser une approche moderne en terme de productivité et/ou rentabilité pour un certain type de couteau, a savoir le couteau utilitaire simple, bien fait mais pas avec des finitions de dingues ou des matériaux de luxe.
Maintenant si les acheteurs veulent des shields inséré sur micarta, avec des mitres mokume et de l'ivoire de mammouth le tout fignolé au grain 30 000, probablement que l'artisan tradi qui ne possède ni fraiseuse ou autre sera un peu plus largué devant celui qui possède cnc et compagnie. Jdis pas que c'est impossible mais c'est compliqué de rivaliser en terme de rentabilité.
Actuellement je suis en plein questionnement sur la direction que je veux donner à "ma" coutellerie. Ces façons de bosser à l'ancienne semble pouvoir répondre à certaines de mes ambitions, une des principales étant de vivre assez décemment (c'est pas qu'une question de thunasse, mais aussi et surtout de temps libre. Et ma petite expérience récente m'a bien montré que s'enfermer totalement dans son atelier pour produire plus, ca te coûte un peu ton équilibre mental on va dire), tout en proposant des couteaux qui restent abordables afin qu'ils soient utilisés comme des outils. On verra si ça aboutit a quelque chose ou non.
Maintenant comme je l'ai dis, on peut piocher dans plusieurs plats pour faire son assiette. Vouloir travailler a l'ancienne ça exclut pas d'utiliser les connaissances modernes sur les aciers, d'avoir une approche moderne du couteau, une approche moderne de son travail et de son confort. Après évaluer les différentes méthodes sans vouloir cadrer le contexte ça ne va nulle part.
Donc quelle type de fabrication, pour quel type de couteau, pour quel prix, pour quel acheteur, pour quelle utilisation, pour quel marché?
Aujourd'hui on a la chance de pouvoir créer son auto-entreprise et de choisir ses methodes de travail tout seul comme un grand: donc faut tester. Et c'est ce que je m'apprête à faire, à mon humble niveau, car aussi bons soit les discours des uns et des autres, c'est quand même la réalité qui nous vient nous apporter les réponses.