Je me permet de poster un super retour que You a eu la gentillesse de me faire, tel qu'il m'a été envoyé!
En discutant un peu avec You, et en apprenant qu'il montait de temps en temps là-haut, je lui ai envoyé un Okaou pour qu'il le teste "en conditions". Par transparence, je le lui ai envoyé en test gratuitement, on échappe ainsi au biais "rationnalisation de son achat"
Je vais en profiter pour faire une refonte de ce modèle, garder l'esprit du couteau et son cahier des charges mais en l'améliorant un peu

J'en profite pour le remercier chaleureusement pour l'investissement qu'il s'est donné, un retour détaillé et complet, et hormis le fait que l'on decrive l'un de mes couteaux, pour avoir déjà discuté en MP avec You, j'apprécie son regard général sur l'utilisation des couteaux

Voici donc:
Comme promis, un petit retour sur l'Okaou que tu as eu la gentillesse de m'envoyer tester là-haut.
Le contexteLaponie finlandaise, mi-février, 14 jours de balade à ski sur le lac Inari.
Bivouac d'île en île la plupart du temps, feu matin et soir pour faire fondre la neige et faire notre eau, et trois nuits en cabanes approvisionnées en bûchettes.
Températures entre -25 et -5°C
Outillage Chacun d'entre nous 4 avait une petite scie pliante ou rétractable d'élagage dans les 17 cm (Bahco Laplander, Fiskars SW73, Silky PocketBoy 170...) et un ou plusieurs couteaux.
On s'est rendu compte que l'un dans l'autre on avait 9 couteaux pour 4 dont trois petits multitools.
On vraiment servi :
- Le Okaou,
- mon montage d'une lame d'Yrjö Puronvarsi de 7cm, toujours à la ceinture, toujours sorti, m'accompagne partout.
- petit le Falkniven F1 en COS de Manu.
- le gros SYCKO 711
On a épargné un Woody de Liérande, qui n'a coupé que de la charcuterie, mais plus par oubli que par volonté.
J'en reste sur l'idée que le tout petit fixe scandi toujours pendu par son lacet à la ceinture m'est indispensable, et d'ailleurs je le passais régulièrement à tout le monde.
L'OkaouUsage :
destiné à être aussi polyvalent que possible comme son nom l'indique. De l'ouverture d'un lyoph' récalcitrant, à petit camp pour le bûcheronnage quotidien.
Son poids conséquent et encombrement faisaient que je ne le portais pas à la ceinture la journée (pas pratique pour skier, même à plat), ni même le soir. J'avais toujours mon petit fixe accessible d'un geste à la ceinture, bien plus pratique. Je le transportais donc dans la pulka, avec la scie, la bouffe et le reste du matos. De ce fait, il ne sortait que le soir, une fois le coin de bivouac choisi, lorsque nous allions préparer notre feu. Et il restait à portée de main avec la petite réserve de bois dans la soirée jusqu'au moment du coucher.
Il servait principalement à ébrancher les branches basses de sapin mort, et à refendre du bois de 7 à 9cm de diamètre.
Il a servi à "refendre" avec acharnement une douzaine de bûchettes de bouleau mort, dont nous avons fini par réaliser qu'il était gorgé d'eau (De l'éponge congelée. Autant te dire que le feu n'a pas pris

). Donc ni plus ni moins qu'à casser de la glace, hein.
Nous l'avons aussi utilisé avec bonheur pour bâtonner du vieux comté et de beaufort, achetés à Paris mais pas découpés avant de partir... Par -25°C, c'est un peu con. Il a aussi coupé de la copa et diverses charcuteries en cabane. Là, rien à dire, il s'en sortait très bien !
Longueur :
Pour l'usage que nous en avons eu, à savoir principalement taper dans le bois, j'ai trouvé la lame un peu courte, en particulier pour le batonnage dans le biotope en question. Le bois mort de sapin se coupe très bien à la scie, et la plupart des branches basses se cassent à la main, au genou, en faisant levier sur une autre branche etc. Lorsque nous avons dû refendre du bois pour en trouver le coeur sec (pin arctique tombé au sol sous la neige, bouleau mort sur pied), les diamètres étaient plus conséquents, et en tapant avec une buchette d'un côté puis de l'autre de la lame, j'aurais parfois aimé avoir plus de longueur. Je suis d'ailleurs passé au SYCKO 711 plusieurs fois pour retrouver la marge qui me faisait défaut.
Courbure, émouture en ogive :
RAS. Comme la lame est haute, malgré l'ogive l'émouture se coince plus facilement qu'une scandi lors de la refente de buchettes (d'expérience en comparant mes PHM et mon Terävä Skrama 240 de chez Varusteleka le scandi s'en sort souvent un peu mieux), mais la courbure de ta lame fait qu'il est relativement facile à sortir lorsqu'il coince. Le Falkniven F1 de Manu, en ogive fine et, assez droit, est resté totalement coincé dans une buchette, on l'a dégagé avec l'Okaou (et on lui a bien attaqué le manche par accident !)
Pour la bouffe, ça marche bien.
Pour faire de jolis hérissons pour lancer son feu, là aussi un peu moins bien qu'un scandi, en tout cas pour moi. Quant à faire des hérissons bien fins bien bouclés à la finlandaise, euh... Je ne pense pas qu'il soit prévu pour sans un solide entraînement ! Mais racler vite fait mal fait des copeaux et lancer son feu sans finasser, là, pas de problème. Brutal, simple, efficace.
L'absence de ricasso est top et la courbure lame-manche (finger-choil ?) très confortable.
Solidité, tranchant :
RAS. Une brute. J'y suis allé franco, je ne l'ai pas ménagé ; il n'a pas bougé et coupe tout aussi bien que lorsque que tu me l'as envoyé. Pas un pet, pas une rayure, pas de trace de stress latéral, pas de dent. Nickel. Utilisé sans précaution, et sans le réchauffer avant usage (donc principalement directement en sortie de pulka entre -20° et -15°C en général). Bravo.
Manche :
Le cuir noyé de cire, c'est très bien. Ne glisse pas sous les gants polaires ou les surmoufles paumes cuir, ne colle pas aux mains nues si par hasard on prend le couteau ainsi par -20°C (faut pas hein). Pas d'infiltration possible de flotte sous le cuir. Pas d'ampoule ou de gène à déplorer de ce côté-là. Et c'est joli.
Pour mes mains, la forme du manche est un peu haute pour son épaisseur, en particulier sur l'avant (sous la zone index/majeur) où j'aurais facilement préféré 5mm de moins, ce qui m'aurait facilité la prise en main et le confort pour les opérations fines, ou en force.
En revanche l'arrière, bien large et évasé, est juste parfait pour la prise en main reculée. Bravo.
Conclusion :
Une belle brutasse de couteau bien conçu, tendant manifestement vers l'indestructible.
Quelques ajustements pour qu'il colle parfaitement à mon usage là-haut (longeur de lame supérieure entre 17 et 20cm, avant du manche plus fin, probablement kydex pour alléger un peu l'ensemble même si c'est bien moche et que je préfère le cuir !)
Avec ces ajustements, pour mon usage et mes mains, l'Okaou serait tout à fait complémentaire d'un petit fixe léger à avoir sur soi en permanence, et d'une scie.
Des photos sont à venir!