freddy1 a écrit:Au fait, pourquoi il chauffe la lame comme çà au chalumeau, a un moment?

Comme il s'agit d'acier Damas, il est assez dur.
Or, la création des ongliers avec la presse crée un déplacement de matière.
L'onglier est près du bord de la lame et la matière repoussée se déplace dans la direction où le déplacement rencontre le moins de résistance.
La chauffe, en "attendrissant" provisoirement la matière, permet de réduire le risque de rupture du métal depuis l'une des extrémités de l'onglier vers l'extérieur, ce qui créerait une grosse écharde irrécupérable au dos de la lame qui devrait alors être intégralement recommencée.
Juste après le mise en place de l'onglier, le dos de la lame présente un renflement qui est ensuite éliminé par abrasion.
L'onglier est fait en plusieurs pressions modérées et prudentes de la presse, en aucun cas par un coup unique et violent.
De fait, en voyant Eric faire cette opération, il m'est revenu un propos de Twan parlant de la création d'un origami et dans lequel il expliquait qu'il faut sentir ce que la matière accepte et, tout en la dirigeant, collaborer avec elle.
Ce qui motive mon admiration pour le travail d'Eric n'est pas seulement son savoir faire, c'est aussi l'aisance naturelle avec laquelle il travaille : jusqu'au moment où il donne au couteau terminé son autonomie, chaque élément au moment où il le travaille donne l'impression de faire partie de ses mains.
Je ne vois plus mes couteaux de la même façon qu'avant cette expérience : ils ne sont plus "simplement" de beaux objets vers lesquels va ma convoitise, je les ressens aussi comme une somme de travail méticuleux, soigné et fait avec amour.
J'ai longuement manipulé ma petite collection avant de me coucher et mes sensations en prenant mes couteaux n'est plus la même : ils ont chacun acquis une quatrième dimension que je ne sais pas bien expliquer mais qui est aussi palpable pour moi que le couteau lui-même.
Mes mots sont bien maladroits pour décrire tout celà, il ne me reste donc que l'espoir qu'ils ont pu vous faire partager mon ressenti.
S'ils ont pu le faire, alors je suis sur que vous avez eu "un indéfinissable moment de bonheur"
Bon, j'arrête ici (mais je parie que vous avez tous compris que je pourrais continuer pendant des heures

)
En récompense de votre patience envers le vieux radoteur que je suis, je vous mettrai demain la suite de mon modeste "reportage" et les photos de mes deux nouveaux bébés