Loin de moi la volonté de dénigrer l'un ou l'autre de nos couteliers. J'ai connu Raphaël quand il est sorti de son stage chez Henri, on sentait la graine de l'excellence germer en lui. Il a beaucoup progressé et fait partie de nos meilleurs artisans. Comme le dit Oufti, le système à pompe ne tente pas beaucoup de couteliers, parce que c'est un "art" difficile. Nicolas Couderc s'y frotte régulièrement et sa qualité augmente à chaque couteau. D'ailleurs, plus on en fait, plus on maîtrise, comme pour tout système.
Jess Horn faisait déjà ces couteaux il y a 30 ans, il a créé ce style simple et reconnaissable, et je pense Loïc, que si tu demandes à Paphaël de te dire qui sont ses modèles en coutellerie, il te citera entre autres Jess Horn.
Maintenant, concernant le prix, je crois qu'il y a une part pour le travail et souvent une grosse part pour la notoriété. Jess Horn est "banquable", comme Lake Walker : tu commandes, tu attends, tu reçois (après 2, 3, 5 ans ou plus), tu payes et si tu as envie de le revendre le jour même, tu peux le faire, pour le double du prix payé (voire plus pour les Walker). Je n'ai jamais marché dans ces combines (sauf pour un Lake, mais parce que j'avais la garantie qu'il m'en referait un), j'utilise pratiquement tous mes couteaux, mais on ne peut nier qu'il y a de la spéculation, c'est comme ça. Et très peu de couteliers français font l'objet de spéculation. Quelques uns en Europe, comme D. Kressler, et encore, je l'ai vu remballer des couteaux à la fin d'un salon.
Je ne dis pas que tous les collectionneurs soient des spéculateurs, mais à partir d'un certain prix, que l'on peut considérer comme un investissement, les personnes qui ont de l'argent (peut-être plus encore que les passionnés à finances moyennes qui se payent une folie) aiment à penser que le jour venu, il récupèreront leurs billes et même avec le retour sur investissement. D'ailleurs, ce qui m'amuse, c'est que la plupart des gros collectionneurs aux USA, en Italie, même en France, se doublent généralement de revendeurs, d'abord pour se payer d'autres pièces, et rapidement, pour faire de l'argent (l'argent appelle l'argent).