Petit compte-rendu de ma rencontre avec Sacha
Introduction:
Bien que 10km seulement séparent nos deux habitations. Il aura quand même fallu attendre presque deux ans, entre notre premier contact par mail et ce premier rendez-vous, aujourd'hui vendredi 1er juin vers 15h00. Peut-être parce que rencontrer quelqu'un est rarement un acte gratuit dépourvu de conscéquences. En effet, soit on est séduit et la magie opère, soit on est déçu et le rêve s'achève. Alors avec Sacha on a un peu laissé faire le temps. Suffisamment pour que l'envie et le désir de se voir mûrissent, et l'emportent sur nos doutes. Voici donc l'histoire de notre rencontre...
1) Visite à l'atelier
Vendredi 1er juin, vers 15h00. Je suis bien arrivé à Entzheim à l'heure convenue. Et mon coeur bat la chamade. Sacha qui a vu notre voiture, se tient en attente dans l'allée qui descend vers le garage. Après une poignée de main, nous y entrons, pour ainsi dire, directement dans le vif du sujet. Puisque c'est dans le garage qu'ont été aménagés pour des raisons de commodités évidentes, les trois principaux espaces qui forment l'atelier, et qui s'organisent de la façon suivante :
a) l'établi,
b) la réserve,
c) le backstand. Comme vous pourrez le constater sur les photos ci-dessous.
a) l'établi
b) la réserve
c) le backstand
2) Un travail de longue haleine
Un bel équipement revu et corrigé façon Sacha ( automaticien de métier, les machines ça le connaît! ), complet et bien fourni ( ça, ça veut dire qu'il y en a partout ) mais dont la taille demeure toutefois modeste. Tant mieux, ici c'est d'abord l'oeil et la main qui sont les maîtres d'oeuvre et témoignent du mode artisanal de sa production si besoin était. Retour sur l'établi, où sont disposées çà et là quelques pièces en cours de réalisation, dont je ne peux préjuger de la qualité finale, puisque encore inachavées. Mais "bon dieu" que son travail me semble propre et respire le souci du détail. Avec un tel niveau d'exigence, combien de temps faut-il pour finir un couteau? La réponse ne se fait pas attendre, c'est plus d'une trentaine d'heures en moyenne qui sont nécéssaires pour chaque couteau, et parfois plus. De l'aveu de Sacha lui-même, "on finit par ne plus compter".
3) Bruno, Anso et compagnie...
Nous sommes ensuite montés au salon pour une légère collation. En gourmand invétéré j'avais emmené quelques éclairs, et Sacha nous a fait un bon café. Dans notre empressement à discuter, j'ai complètement oublié de le boire d'ailleurs. Désolé Sacha, mais se sont tes paroles que je buvais. Parce qu'elles sont inspirées de son expérience à l'atelier, les explications de Sacha sont toujours limpides. Je lui ai présenté mes couteaux et lui m'a présenté les siens. Ceux qu'il a réalisés lui-même bien sûr, mais aussi ceux qu'il a achetés à d'autres couteliers. Il y avait entre autres un fixe de Bruno Duffort, qui confirme tout le bien que je pense de lui, et un pliant de Anso, une vraie petite merveille.
4) L'instant où tout bascule
C'est à ce moment que Sacha me tend une pochette contenant des pliants de sa fabrication. je sors l'un d'eux et commence à jouer avec, je n'arrêterai plus de le manipuler jusqu'à l'heure de mon départ. Et voilà l'instant où tout bascule. L'instant où j'entends le liner venir taper contre le talon de lame pour la sécuriser, laissant échapper un petit bruit sec et fin. Non ce n'était pas un bruit, ni même un son, mais plutôt une musique. Comme celle que font les mouvements des plus belles montres automatiques. Ouep, je pense avoir découvert son secret : si Sacha travaille comme un horloger c'est pour faire chanter ses couteaux. Et ils chantent.
5) La place du hasard
Partant de là, je refais le chemin en sens inverse. J'observe les émoutures, évalue les finitions sur les matériaux du manche. Chaque chose est à sa place. Je repense alors à cette phrase prononcée par Sacha, tandis qu'il me présentait son atelier. Une phrase qui en dit long sur la nature de son caractère et sa façon de travailler : "c'est parce que j'étais impatient, je voulais le plus rapidement possible pouvoir réaliser des couteaux d'une très grande qualité". Et le meilleur moyen d'y parvenir, c'est encore de ne rien laisser au hasard. Du coup Sacha réfléchit et analyse chaque aspect, chaque détail du couteau à réaliser, longtemps avant de passer concrètement sur les machines. Moi, je tiens le résultat de tous ses efforts en main... et c'est époustouflant!
6) Où Sacha joue au magicien
Arrive l'heure de partir, et nous repassons par le garage, donc par l'atelier. Sacha en profite pour me faire voir comment il dispose les entretoises qui assemblent et vérrouillent les manches de ses pliants. Sous mes yeux, il démonte et remonte un manche, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Avec une facilité et une précision déconcertante. Pas le moindre jeu, ni le moindre décalage. C'est absolument nickel, j'en reste bouche bée, avec l'impression d'avoir assisté à un tour de magie, à la différence qu'il n'y avait pas de trucage. En fait, Sacha m'explique qu'il a mis en place ce genre de système, pour que le client lambda qui n'y connaît rien, soit capable de démonter et remonter ses couteaux avec autant de facilité et de précision que lui : waouw génial!
7) Avez vous déjà vu un couteau 5 étoiles?
Inutile de vous expliquer pourquoi, dans ces conditions, j'ai immédiatement confirmé par mail, la réservation d'un pliant. Malgré de gros investissements financiers en cours dans un prochain déménagement. Et le fait que d'ordinaire pour un pliant, je privilégie systématiquement les lignes classiques et les matières naturelles, comme la corne ou le bois. Mais Les couteaux de Sacha sont des hôtels 5 étoiles qui vous font toucher du doigt un bout de paradis. Où les lignes et les matériaux, d'un style résolument moderne, s'effacent devant la qualité du travail, voir en accentuent même la valeur, tant ils font partie d'un tout cohérent, harmonieux et d'une surprenante élégance.
8) J'ai une bonne nouvelle pour vous!
Je le dis d'autant plus facilement que je n'en tire aucune gloire et aucune fierté. D'autres, bien avant moi, ont parlé du travail de Sacha en des termes tout aussi élogieux. Comme par exemple Tuan le premier, puis Efix, Machaon, Janus, Arzh, Velseide, Icarus, Sgd, John Shannow, etc... ( désolé pour ceux que j'ai oubliés ). Je ne vous demande même pas de me croire sur parole, au contraire. Car j'ai une bonne nouvelle à vous annoncer : Sacha exposera cette année sa production au SICAC !!! Vous pourrez ainsi vérifier par vous-même, les très grandes qualités esthétiques et techniques de ses couteaux. Surtout qu'il a prévu à cette occasion, de proposer quelques couteaux moins onéreux, pour les bourses plus modestes. Alors attention, ne soyez pas les derniers à visiter sa table!
Épilogue:
Au final nous avons passé ensemble quelques heures trop courtes, mais fort agréables, à découvrir nos univers respectifs, à échanger et à partager sur notre façon d'aborder et de ressentir le monde de la coutellerie. En somme à discuter de notre passion commune. J'espère vivement que nous aurons l'occasion de poursuivre ce que nous avons commencé ici. Et pourquoi pas, de voir fleurir les prémices d'une amitié nouvelle, sincère, durable et fraternelle.
Merci pour ton accueil Sacha
Amitiés
Fred