Popur en revenir aux couteaux, je te cite un simple exemple : lorsque je dis à un coutelier corse, bien impliqué dans sa culture et sa démarche identitaire, qu'un couteau d'Ascu me rappelle mes piémontais de la région de Vernante, je sens de la désaprobation, alors qu'il n'y a aucune attaque de ma part, mais une simple constatation.
Moi si on me fait la remarque contraire concernant la similitude entre un piémontais et un Temperinu, ça me fait plaisir, parce que je m'inscris dans une démarche culturelle et identitaire plus élargie au Bassin Méditerranéen. Tout simplement parce que je pense qu'à quelques 250 KM de distance, nous ne pouvons pas être si différents que cela. Je m'entends bien avec toutes les personnes de bonne volonté, moins avec les extrémistes de tout poil. Nous avons eu aussi notre Garibaldi, mais c'était une autre époque, depuis le problème s'est lissé et nous nous sentons bien ici. Il est vrai que nous avons toujours été une terre de passage, d'invasions, d'où un vrai brassage culturel. Il n'y a plus de vrais niçois, et même moi, qui me sens très niçois aujourd'hui, même si j'ai été de la première charette de bacheliers à passer le niçois comme seconde langue, je n'oublie pas d'où je viens : 1/4 alsacien, 1/4 haut-alpin (le village de Salle, en fâce de Serre-Chevalier), 1/2 de piémontais). Dans d'autres régions, il y a eu moins de brassage, dont en Corse, à cause de l'isolationnisme insulaire, et de fait, cela exacerbe un certain nationalisme. Je l'explique comme cela. Et je ne réduis pas la culture Corse à la qualité de sa charcuterie, à la farine de châtaigne ou à ses couteaux, de même pour la Bretagne ou au pays basque, j'essaie de comprendre le rejet de la France, dont on sait tirer par ailleurs tout le parti. A mon sens, nous sommes des compatriotes, avec nos différences.
Vous avez réussi de très belles choses en n'acceptant pas le bétonnage intensif de votre littoral et il est vrai que l'orsque je regarde la Baie, des hauteurs de Lumio, je pense à ma Baie de Nice au 19ème siècle, qu'elle devait être belle ! La différence, est qu'à cette époque, ma famille était encore en Piémont, alors que la tienne était depuis des siècles, peut-être depuis toujours, en Corse. Nous pourrons en discuter de façon dépassionnée, autour d'une bonne bouteille, un de ces jours. Et d'ailleurs, il n'est pas certain que ce problème revienne dans la discussion, parce que ce jour-là, nous parlerons probablement plus de couteaux !

