Le couteau "objet" d'art

[Berno]

Avant de connaitre certain coutelier, le couteau pour moi était forcément un objet utilitaire.

Je possède un certain nombre de Lurquin, un pour l'instant n'a jamais été utilisé. (le 1er BlackOut produit).

J'utilise tous mes Viallon, sauf un (Viollon écaille de tortue & Damas complexe). Le Durand/Raoux Bec/Puzzle n'a jamais servi à part faire des affiches de salons...

En fréquentant les forums US j'ai découvert le couteau "objet" d'art. Une oeuvre que l'on peut prendre en main (important à mes yeux), la regarder, la faire partager... Avec des présentoirs plus ou moins réussis à mon gout..

Suis je le seul, je ne pense pas au moins avec Patrick ou les Aquinatitiens sont ils majoritaires ??

Encore une fois pas de polémique, juste un simple questionnement...merci d'avance...

[Bigsam]

Je crois que couteau d'art Vs couteau utilitaire, ce n'est même pas ce qui faisait réagir Aqui dans l'autre sujet.

Le point était qu'un coutelier crée une complexification esthétique (là le montage) qui aille à contresens de l'utilisabilité du couteau.

C'est vrai que c'est un peu curieux, c'est en quelque sorte dire :
"je suis un artiste, je me sers du couteau comme support mais en même temps que je lui fais devenir une œuvre d'art je lui fais perdre sa fonction".

Personnellement, je conçois le couteau d'art comme un objet qui à la base doit rester un couteau, qui pourrait être utilisé sans crainte même si finalement on ne le fait jamais.

[aquinatis]

Ouille ouille ouille: faut que tu précises Berno: pour moi le couteau peut n'être qu'une oeuvre d'art, à la condition quand même qu'on ne perde pas de vue la fonction de base. Il doit pouvoir servir. Si un designer te fait une chaise belle mais sur laquelle on ne peut plus s'assoir, alors ça n'est plus une chaise. Donc je réponds oui à ta question, mais à condition que ça reste un couteau.

Du coup: l'utilisation ne doit pas enlever sa beauté à l'objet, et je redonne l'exemple des damas de folie, qui après trois jours dans les bois disparaissent sous la patine, définitivement, à moins d'une révélation. Pour moi il ne restera plus grand chose de la beauté initiale du couteau (si on trouve ça beau). et ça ça amène à penser que la simplicité et la sobriété sont à la base de ce que j’appellerais un beau couteau. En gros le "beau" entraîne le "bon" et vice-versa comme disent les Inconnus.

[Berno]

Pas facile en effet, certains couteliers, je pourrais citer le jeune Kyle Royer, créer des couteaux qui sont plus fait pour être regarder, qu'utilisés. Ils devraient sans problèmes être utilisés mais je dirais que ce n'est pas le premier but.…



D'autre pour citer Samuel Lurquin, créer des couteaux faits et pensés pour être utilisés, mais avec le soucis de l'esthétisme, on n'est plus dans le pur utilitaire...

D'ou le sondage pourriez vous acheter un couteau sans jamais l'utiliser...juste parce qu’il est beau...

[lolocorse]

certain couteaux ont exigée tellement d'heure de boulot et de matiere precieuse , que leurs place et surement mieux en vitrine .

[VAMOS]

Tout à fait d'accord avec toi Berno ,je considère (sans prétention) pas mal de mes couteaux comme des "oeuvres d'art" , et ceux là je ne les utilise que parcimonieusement (ouvrir du courrier par ex) .Pour illustrer je mange avec mon Lespect RWL34 mais pas avec le damas/mammouth , idem avec le CACHIERA.…..et d'autres comme le BYRO de CALLEJON.

[stancaiman]

au sens Kantien oui un couteau peut être une œuvre d'art

[Heimdall]

Selon moi, non, un couteau ne peut pas être qu'un œuvre d'art.
Il peut être objet artistique mais il n'est couteau que s'il est utile. Sinon, il est sculpture.

[tobob]

Pareil que l'ourson rouquin dans l'idée.

Si ça peut pas servir, ça sert à rien.

[kurios]

Manque l'option "je m'en fous j'aime pas les catégories" dans ton sondage...

[deovolens]

Alex Salsi, oui il coupe et est solide

[remsan]

Les couteaux provenant des ateliers Graveline sont pour moi des couteaux qui seraient difficilement utilisables.
Je les classe plutôt dans la catégorie couteau d'art.

[Heimdall]

Je pars du postulat de base que le couteau ne serait que Objet d'art.
Un beau couteau reste un beau couteau!

[tobob]

Pour moi, ça peut être très beau, mais je suis pas client, faut que ça serve.

[aliaswonder]

Vaste débat
Je crois que ça a toujours existé, depuis la plus haute antiquité, les couteaux, armes et armures d'apparat. On a retrouvé aussi des lames du paleolitique, les fameuses "feuilles de laurier" qui visiblement n'ont jamais été utilisées et qui sont des chefs d'oeuvre de taille. Encore que c'est difficile de leur donner un statut "artistique" et ce sont probablement des objets votifs ou rituels.
Prenons l'exemple d'un sabre japonais. Ils sont considérés comme de véritable oeuvres d'art joignant les talents de multiples artisans (forgerons, polisseurs...) et pourtant sont parfaitement fonctionnels. C'est un peu comme une robe de haute couture dont chaque élément, même le tissus a été fait exprès pour. On peut porter la robe quand même mais pas tous les jours et elle coûte un bras. Au Japon les sabres sont considérés comme des oeuvres d'art à l'égal d'un tableau de maître, mais là bas la distinction entre artistes et artisans est beaucoup plus floue que chez nous.
Plus près de nous il y a le travail de Grace Horn ou de Chantal Gilbert qui à mon avis créent de véritables oeuvres d'art sans se préoccuper de l'utilité de la chose. Je crois que leur démarche est nécessaire parce que ça pousse un genre à fond dans l'expérimentation et nous interpelle quelque part sur la fonction de l'objet.
Perso, le travail de Lurquin est différent. C'est effectivement poussé dans la réalisation mais je ne leur accorde pas le statut d'oeuvre d'art parce que ça reste quand même très conventionnel, ça nous questionne pas le cervelet ce qui est pour moi une des caractéristique fondamentale d'une oeuvre d'Art.
Alors oui, "objet d'Art" plutôt qu'"oeuvre d'art", cad un objet qui montre tout le talent immense de l'artisan mais reste quand même de l'artisanat.
Personnellement je pense que le "couteau d'art", c'est un genre qui va se développer de plus en plus au fur et à mesure que les législations de port vont inévitablement se durcir dans nos sociétés politiquement correctes