par Madnumforce » 02 Oct 2012 02:36
C'est vraiment intéressant de voir comment c'est fait. Ce qui est étonnant, c'est la manière dont le couteau est conçu autour du manche. Il a la forme naturelle de la corne, et les viroles sont là pour protéger les extrémités des chocs, et empêcher la corne de se "déliter" (sur la grande majorité des cornes anciennes, on observe qu'il y a comme des couches qui se décollent de manière concentriques, avec ces viroles et le façonnage qui "suit la fibre", les inconvénients du vieillissement de la corne sont grandement diminués). La forme de la lame est contrainte par la courbe du manche, et le ressort est positionné en dernier, déjà "ajusté" au cran de la lame.
On voit bien comme cette pièce "d'art" est une évolution d'un couteau plus simple et populaire, mais dont il partage toutes les caractéristiques fondamentales. La décoration est plus riche, la finition meilleure, la lame en damas (oui, bon, damas pourrave), mais en fait, c'est le même couteau. Il y a quelque chose de réconfortant à savoir que dans une société, riches et pauvres partagent un fort socle commun et que seul le détail varie.
Vidéo très intéressante, qui m'a permis d'apprendre à connaître la tradition coutelière espagnole dont je ne connaissais guère les tours de main.
@Roland: clairement, tous les outils tournent dans le sens inverse de celui habituel à Thiers: les étincelles de la meule partent vers l'arrière pendant l'émouture (assez hardcore, il faut l'admettre), et à 17:40, on voit bien le mur derrière le touret couvert de projections de pâte à lustrer. Ils travaillent différemment, mais ils ne sont pas crétins. Je crois savoir qu'en Allemagne, ils travaill(ai)ent aussi au dessus des outils, et même dans le Pagès, il me semble me souvenir de reproductions de gravures ou de photos où on voit des polisseurs français (de mémoire, je ne saurais plus dire si c'était un centre coutelier particulier ou un choix arbitraire au sein de chaque entreprise) travailler au dessus.