aquinatis a écrit:Et ben moi je suis tombé sur ma propre revue, et je ne confirme pas.
Quel est ton chopper le plus performant, celui qui te sert de point de comparaison? Quel est ton moins performant?
Mais un full convex? Quel intérêt, ça marche très bien comme ça.
Ah. Il va falloir allez expliquer à des générations de malaisiens et d'indonésiens qu'ils ont complètement fait fausse route. C'est ballot...
Affiner la plate semelle? Pourquoi, il y a déjà bien assez de poids sur l'avant.
L'affinage de plate semelle va bien au delà de la simple modification d'équilibrage: le fait que la semelle s'affine fait que sa rigidité décroit en allant vers le "cul", du coup le mode vibratoire, a fortiori quand la semelle n'est pas trempée ou en acier plus doux, s'en trouve modifié, et permet une meilleur absorption des vibrations. Traditionnellement, les parangs sont à soie partielle (j'entends par là qu'elle n'est pas traversante) et à virole. Chez nous aussi, les serpes sont à soie, mais traversantes. Hormis que ça rend le remmanchement un peu plus facile pour un paysan/fermier (le manche en bois est la partie jetable de l'outil, quand il fend ou pourrit on garde la lame et la virole et on remplace le manche), c'est cette faculté encore accrue d'absoption des chocs et des vibrations qui a conduit à ce choix. D'ailleurs, les machettes, qui sont en plate semelle, sont prévues pour couper des matériaux en général plus tendres, il y a donc moins de "kick" à l'impact (et la technique de coupe elle-même, imposée par l'outil, réduit fortement les chances de "kick"). A priori, j'aurais tendance à faire confiance à l'expérience de ceux qui maniaient ces outils plusieurs heures par jour, plusieurs semaines par an, et aux solutions techniques qu'il exigèrent.
Le mieux est l'ennemi du bien, souvent, encore plus sur le papier.
Sur le papier ou dans la réalité, 1kg de plomb reste toujours plus dense qu' 1kg de plume. Et sur le papier comme dans la réalité, il est beaucoup beaucoup moins coûteux de faire découper une forme dans une tôle, d'y faire trois trous et d'appliquer un biseau approximatif (c'est d'ailleurs l'essence même de la machette, ce qui fait qu'on en fabrique pour quelques euros/dollars) que de faire forger ou usiner ou émoudre la plate semelle pour qu'elle s'affine, et la lame pour qu'elle ait du distal taper et une émouture full flat ou full convex (mais léger, hein, pas un saber grind où on aurait juste cassé l'arrête). Et sur le papier comme dans la réalité, à silhouette égale, la différence de performance en chopping est évidente et tout à fait significative. Par contre, si c'est pour fendre du bois par bâtonnage, ou même à coups de marteau, il est évident que le modèle "tank" aura une durée de vie accrue, là où la notion de "performance" n'a pas vraiment de pertinence.
Le problème, quand on parle de choppers envisagés en tant qu'outils purs, c'est ce qu'on prend comme référence. Personnellement, je vais de la "recherche" sur le chopper idéal, et mon objectif est simple: faire le plus gros copeau avec le plus faible effort. Même quand tout le monde (des amis couteliers, hein, des mecs qui, comme moi, adorent voir voler des copeaux) me dit que les performances sont géniales, je vise à mieux. Même s'il est certain que la question de la technique entre pas mal en ligne de compte (ce qui m'a fait abandonner les haches et hachettes, car je n'arrive pas à avoir une technique efficace), à un moment on sait qu'on arrive en gros aux limites de performance de l'outil. Et là on peut commencer à juger. Je ne voudrais pas polluer le fil, mais puisqu'il est question de chopper/couteaux de camp, et que Efix a déjà mis une photo de mon N.4, je me permet de mettre la petite et modeste vidéo de test que j'ai fait, au départ pour le forum de Cliff Stamp justement (parce que ce sont simplement des malades de la performance):
http://www.youtube.com/watch?v=TCQcGDdZMRE(on y reconnaîtra Andrea Paravicini et Guillaume Antoniucci, bref toute la fine équipe)
Bon, certes, c'est du bois mou et vert, mais il faut savoir que la lame fait quand même environ 55mm de large, et on voit que quasiment à chaque fois elle pénètre sur au moins 40mm de sa largeur. Et bien pour moi ça reste insuffisant. Le N.4 fait 10mm d'épaisseur, acier 55Si7, a la plate semelle affinée, et un peu de distal taper. Il est FFG, comme on peut le voir. Mais ensuite, j'ai voulu travailler avec plus de distal taper sur un lame plus longue et j'ai fait le N.5, en 90MCV8. L'émouture est très légèrement bombé, mais je dois avoue que c'est parce que comme l'émouture est assez sensiblement hélicoïdale (vu que la lame est épaisse et étroite à la base, et large et "fine" vers la pointe), il a fallu émoudre sur un support mou pour éviter que ça ne fasse des facettes, et c'est ce qui a causé le léger convexe. Cette fois, le médium de test était de l'acacia bien dur, mort sur pied, arrosé par la pluie et séché au soleil, le genre cauchemardesque au niveau dureté (pour un bois européen). Donc pas de grosse pénétration comme la vidéo précédente, mais l'angle d'émouture encore assez raisonnable permet de réduire l'ouverture du V de taille. Avec une émouture plus "raide", l'angle du V augmente en conséquence, et donc la quantité de bois ultra-dur à faire sauter laborieusement. A la fin, pour la déconne, petit bonus de bâtonnage extrême, avec mon collègue Andrea encore une fois:
http://www.youtube.com/watch?v=8FsUGrLcbrkBon, voilà, j'espère n'avoir pas pourri ce fil plein de magnifiques couteaux (je suis bien incapable d'atteindre ce genre de qualité) avec mes considérations bassement fonctionnelles, mais comme c'est un aspect qui a une place importante dans mon approche des couteaux (et des choppers en particulier), j'ai du mal à me retenir d'exposer mon argumentation (et mes expérimentations) sur le sujet.