Qu'est ce que la performance en terme d'acier? Ça dépend de tellement de variables que c'est presque impossible à définir. Mais on peut toujours essayer, pour le fun, le défi ou par simple curiosité intellectuelle.
La manière la plus simple de définir la performance d'un couteau serait pour moi de s'en tenir à sa capacité à faire son job de la manière la plus efficace possible. Or, chez le passionné/collectioneur de coutellerie lambda, le job principal d'un couteau est d'être beau, d'avoir de la gueule, d'en appeller au rêve. Et force est de constater la supériorité des aciers carbones dits "simples" dans ce cas. Les différents traitements esthétiques que l'on peut leur appliquer (hamon, dwiche, perchlo, etc) en font les champions incontestés de l'apparat. Sans parler du supplément d'âme donné lors du processus de forge, de traitement thermique ou autres.
Prenons maintenant l'exemple des couteaux qui servent: la notion de performance se complexifie alors pas mal.
A quoi est-ce qu'ils servent, à quelle fréquence, géométrie, qualité de la trempe et surtout, LE paramètre qui va faire une énorme différence: comment sont-ils affûtés.
Exemple concret: le couteau de cuisine, outil que j'utilise professionelement au quotidien. La performance se définit dans ce cas comme suit: 1. La capacité de coupe
2. La facilité d'entretien
3. Et pis c'est tout.
Après être passé par différentes phases, comme tout bon steel-geek qui se respecte (japs en super-blue, japs en white, brkt en 20cv, japs en sg2 etc, etc...), j'en suis revenu, comme la plupart de mes collègues, à utiliser ces bons vieux victor en 440b. Pourquoi? Parce leur capacité de coupe est excellente, de par leur géométrie et la qualité de leur traitement thermique et que l'entretien est enfantin, de par leur immunité à la corrosion ainsi que leur facilité d'affutage (un petit coup de fusil quotidien, un rapide passage sur pierre tous les trimestres). Ceci pour illustrer que la performance n'est pas forcémment là où on l'attend le plus mais qu'elle dépend largement de l'utilisation. Par analogie, une Ferrari, très performante sur papier, est invivable au quotidien.
Autre exemple que je connais bien: le couteau de chasse. Après maints tâtonements, j'en suis venu à préférer le s90v dans ce cas précis car cela me permet d'aiguiser mon couteau la veille et de ne pas emporter de matériel d'affutage dans la verte. Et pour débroussailler, une bonne vieille serpe en c70 et basta. Encore une fois, c'est l'utilisation qui conditionne la performance.Aucun acier n'est intrinsèquement mauvais et le plus basique des aciers pourra se montrer bien supérieur au plus moderne selon l'utilisateur et l'usage qu'il en a.
Alors, loin de moi l'idée que je détiens une quelconque science par rapport à qui que ce soit, je voulais juste aporter mon petit grain de sel à la discussion en parlant de mes petites expériences persos. Et rendre hommage à la poignée de coutelliers talentueux qui font vivre ce forum en utilisant des aciers "simples" mais tout à fait à propos. C'est grâce à eux que les aciers carbones sont en vogue ici, merci de nous régaler les pupilles. Et longue vie au forum et aux couteaux réalisés avec soin, quel que soit l'acier. L'important c'est qu'on ait l'ivresse.
