Bon je suis à la moitié du livre, je comprends un peu mieux maintenant.
Je eu tord de m'interroger sur la comparaison entre le tamahagane et les aciers modernes.
Je veux dire par là que leur but, n'est pas de créer un sabre 2.0 en acier de météorite. C'est avant tout un art et une tradition que le Japon veut conserver, on est donc très loin de leur philosophie avec nos comparaisons sur les aciers récents.
La fabrication d'un sabre traditionnel est un processus très long, qui exige des années et des années d'expérience dans la forge. ça ne s'arrête pas là, ce qui est tout aussi remarquable c'est l'implication des différents artisans (hautement qualifiés) jusqu'au produit fini. Tout est superbement bien fait, au poil de cul. De la maitrise de la forge, en passant par le polissage, le laquage sur le bois, etc...
Le niveau de finition est absolument magnifique.
En fait, de ce que j'ai retenu au fil de ma lecture (pour le moment), c'est surtout une autre compréhension des sabres traditionnels. Ce qui au départ était un univers totalement inconnu, me parait moins flou maintenant ! D'ailleurs il est bien indiqué sur le bouquin, que le but, est de donner au lecteur des bases pour appréhender le sabre Japonais. Comment observer et apprécier une lame, montrer les détails de la fabrication et de la finition, l'histoire du sabre depuis sa création, etc, etc...
J'ai eu tord de croire qu'il suffisait juste de m'arrêter sur une "arme" fonctionnelle ayant la forme d'un katana, pour dire que c'est un katana.
C'est clairement plus complexe que ça. Rien que dans l'expertise d'un sabre, ça demande tout de même un excellente connaissance sur le sujet.
C'est hyper subtil, tout est passé à la loupe (non pas littéralement) et dans cette observation il n'y a que la lame qui est prise en compte, cad lame nue sans monture.
Sa forme générale, l'équilibre, l'épaisseur, le poids, la courbure, la surface de l'acier, le motif sur le tranchant, la couleur de l'acier...
Même la texture du grain ou motif visible en surface, conséquence du pliage durant le forgeage, selon la façon dont l'artisan plie et forge l'acier.
C'est impressionnant toutes ses nombreuses variations de ces motifs, par exemple :
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Masame hada est une série de lignes droites parallèles à la lame.
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itame hada ressemble aux veines du bois.
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mokume hada est un motif de broussin très fin.
Surement un langage familier des connaisseurs, mais moi je découvre et c'est chouette d'apprendre.
On sait tous que le katana existe sous divers formes, en fait il y en à 7 :
- shinogi-zukuri
- hira-zukuri
- jokoto ou chokuto
- katakiriha-zukuri
- shobu-zukuri
- nagamaki-zukuri
- kissaki-moroha-zukuri
Clairement les deux modèles les plus complexes sont les deux derniers.
Sinon pour le tranchage le deuxième à l'air d'être bien étudié pour ça.
Ma préférence va pour le premier (shinogi zukuri) c'est le profil que tout le monde connaît.
Et là encore, ce n'est rien par rapport au reste. Y'a une tonne de spécificité autre que la forme du sabre.
Y'a un passage que j'ai bien aimé, car plus facile à observer même pour un débutant (que je suis) c'est la courbure du sabre (sori).
Par exemple, si la courbure se situe au centre de la lame, elle est de type
toriizori ou
wazori. C'est un peu la forme classique que l'on retrouve sur les sabres...
Je trouve ça esthétiquement très harmonieux.
Après il y a encore deux autres formes :
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sakizori dont la courbure est situé dans le tiers supérieur de la lame. La forme est très proche du type toriizori ou wazori (cité plus haut).
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koshizori dont la courbure est situé dans le premier tiers de la lame, ce qui donne une courbure plus prononcé, grossièrement on dirait presque un effet "d'arc". Je suis pas très fan de cette forme...
Vient ensuite la taille et la forme de la pointe :
- kissaki > pointe > 4 styles différents.
- fukura > courbure de la pointe > 2. Il peut être plein et rond ou droit.
ça y est je commence à fatiguer...
Pis la forme du dos non tranchant, appelé "Mune". - iorimune
- mitsumune
- marumune
- karumune
Le style le plus répandu est le iorimune, ça ressemble un peu à une forme triangulaire.
Les formes du tang, les rainures, les gorges, les formes des extrémités des gorges, les formes du hamon sur la pointe, les motifs de hamon, etc, etc...
Justement en parlant de hamon, perso la forme que je préfère est le "nashi-ji hada", contrairement au "masame hada" (qui est un motif droit que l'on retrouve sur bcp de sabre), le nashi-ji hada forme une espèce de vague en continue. C'est tout simplement sublime.
La seule image potable que j'ai pu trouver est sur
le site de Michael Sabatier (je vous laisse le soin de faire défiler les photos), ça ressemble à ça.

Bon je m'arrête là pour la partie technique, pas envie de passer l'aprem à tout détailler, surtout qu'il me reste encore la moitié du livre à finir. J'ai plutôt envie de sortir le BBQ là, y fait encore beau dehors.
En résumé, on peut facilement faire une mauvaise interprétation du katana (culture occidentale toussa). Ce qui est tout normal quand on pars de rien, en plus cette réflexion sur le rapport entre la tradition et la modernité m'a inévitablement mis sur une mauvaise piste.
Et bien sûr, je sais qu'il y a beaucoup de légendes sur le sujet, mais avec un peu de recherche (ou beaucoup de lecture) on fini vite par comprendre la raison de cet engouement pour une épée vendu à des prix astronomique. Après faut pas se leurrer, pour avoir accès à des sabres traditionnels superbement bien construit, fait par les artisans réputés. C'est carrément hors budget...
Ce que je trouve bien aussi chez les Jap, c'est qu'ils ont su transmettre leur savoir faire de génération en génération, je pense notamment à la famille Yoshihara dont le fils est encore jeune et finira tôt ou tard par reprendre le flambeau (il est la 4ème générations de fabricant de sabre). C'est complexe les katana, il ne suffit pas de se reconvertir dans le métier pour en connaître toutes les ficelles...
Alors, arme fonctionnelle ou une belle pièce...Mon cœur balance.
J'ai posé le pied sur une mine, je continue mes recherches sur le katana histoire d'apprendre un peu plus sur le sujet. Le problème, c'est qu'en cherchant trop on devient un peu plus exigeant.
Pour moi, le katana c'est un rêve de gosse que j'ai toujours gardé dans un coin de ma tête.
Juste pour savoir, c'est combien le prix d'entrée pour un sabre fait au Japon par des bons artisans? genre cahier des charges simpliste pas une foudre de guerre quoi.
Et son équivalent Européen ou ailleurs? (parce que je me doute bien que ça doit couter une blinde

)